L'accusé Adama Diallo a été condamné mardi à 20 travaux de travaux forcés et au paiement d'une amende de 20 millions de francs CFA, pour le meurtre de Moussa Oumar Bâ.
Cette décision judiciaire a été prise lors des assises que tient la Cour d’appel de Kaolack (centre) à Tambacounda depuis le 10 juin.
Les dommages-intérêts à payer par M. Diallo seront versés au père de la victime, qu’il a tué lors d’une bagarre, selon la Cour d'assises.
Le 26 février 2012, le chef du village de Sinthiou Asré informait la brigade de gendarmerie de Koumpentoum de la mort de Moussa Omar Bâ et des blessures subies par Adama Diallo et Abdoulaye Bâ, à la suite d’une bagarre survenue dans cette localité de la région de Tambacounda.
Arrivés sur les lieux, les gendarmes trouvèrent le corps sans vie de Moussa Omar Bâ.
Interpellé pour les besoins de l’enquête, Abdoulaye Bâ dira que son neveu Moussa Oumar Bâ et lui-même avaient été attaqués physiquement, dans la journée du 26 février 2012 par Adama Diallo, Hadarane Diallo et Amadou Diallo, à la suite d’un différend.
Selon lui, Adama Diallo a asséné plusieurs coups de machette à son neveu, au moment où il s’est faisait attaquer par Djiby Diallo et Hadarane Diallo.
Entendu par les gendarmes, Adama Diallo a déclaré avoir porté plusieurs coups de machette à Moussa Oumar Bâ, lors d’une bagarre. Hadarane Diallo, Djiby Diallo et Amadou Diallo ont en revanche soutenu qu’ils n’avaient pas participé à la bagarre.
Durant la phase d’instruction, Abdoulaye Bâ, qui réitérait les déclarations qu’il a faites lors de l’enquête préliminaire, s’est procuré un certificat médical faisant état d’une incapacité totale de travail de 23 jours, avec des plaies traumatiques multiples causées par une arme blanche.
Hadarane Diallo, Amadou Diallo et Djiby Diallo n’étaient pas sur les lieux de la bagarre, selon les principaux mis en cause, Adama Diallo et Thierno Diallo.
Ce dernier, pour avoir donné des coups de machette à Abdoulaye Bâ, soi-disant pour défendre son frère, a été renvoyé au tribunal pour enfants de Tambacounda, pour son jugement, puisqu’il était encore mineur au moment des faits, selon l’ordonnance de renvoi.
A la barre de la Cour d’assises, Adama Diallo, qui reconnaît avoir donné des coups à Moussa Oumar Bâ, niera toutefois l’avoir tué. Il a dit que la bagarre est partie d’une discussion sur la politique, autour d’un thé, dans sa chambre.
La discussion a tourné au vinaigre quand Abdoulaye Bâ et Moussa Omar Bâ ont insulté son oncle, a-t-il raconté.
"Je leur ai demandé de sortir de la chambre, et Moussa a dégainé une machette. Je suis sorti de la chambre pour chercher un gourdin", a témoigné Adama Diallo.
Il s’est blessé sur un doigt, en tentant de se défendre de la main, lorsque son vis-à-vis a levé le bras pour lui donner un coup de machette, selon ses dires.
"D’un coup de bâton sur le poignet, j’ai fait tomber son arme, sur laquelle nous nous sommes précipités. J’ai ramassé la machette, avec laquelle je lui ai administré plusieurs coups", dira encore Adama Diallo.
Le chef du village de Sinthiou Asré, attrait devant la Cour d’assises comme témoin, a dit avoir trouvé Moussa Oumar Bâ déjà mort, lorsqu’il est venu s’enquérir de la bagarre, dont il venait d’être informé.
Le corps de la victime présentait deux blessures, selon le chef du village, qui est allé ensuite voir Adama Diallo. Ce dernier avait effectivement un doigt blessé, a-t-il indiqué.
L’avocat général a demandé à la Cour d’assises d’acquitter Adama Diallo pour le délit de coups et blessures sur la personne d’Abdoulaye Bâ, sur la base du témoignage de ce dernier. Il estime que l’accusé ne l’avait pas effectivement touché.
L’avocat général a en revanche demandé à la Cour d’assises de déclarer Adama Diallo coupable du meurtre de Moussa Oumar Bâ et de le condamner aux travaux forcés à perpétuité.
"L’intention de tuer était manifeste", a-t-il fait valoir, en invoquant "la violence" et le "nombre de coups" administrés à la victime. "Les injures proférées sur son oncle ne sauraient constituer une raison de donner la mort", a soutenu l’avocat général.
Plaidant la légitime défense, Me Lady Bâ, conseil de l’accusé, a expliqué que son client avait "peur pour sa vie et pour ses enfants". Adama Diallo ne pouvait faire autrement que de donner des coups de machette à Moussa Oumar Bâ, qui a tenté d’en administrer à l’accusé, a fait valoir Me Bâ.
Au cas où la Cour d’assises ne peut s’empêcher de reconnaître son client coupable de coups et blessures ayant entraîné la mort sans intention de la donner, qu’elle fasse bénéficier Adama Diallo de "circonstances largement atténuantes", a plaidé Lady Bâ.
Après avoir délibéré, la Cour d’assises a acquitté Adama Diallo pour le délit de coups et blessures volontaires sur Abdoulaye Bâ, tout en le reconnaissant coupable du meurtre de Moussa Omar Bâ.
Elle l’a condamné à 20 ans de travaux forcés et au paiement d’une amende de 20 millions de francs CFA pour dommages-intérêts, une somme à verser au père du défunt, qui réclamait 200 millions.
