Le Collectif des organisations de la société civile pour les élections (COSCE) a tenu, ce lundi 18 novembre, une conférence de presse dans un hôtel de la place pour partager avec l'opinion nationale et internationale le bilan tiré des législatives anticipées d'hier dimanche et formuler des recommandations allant dans le sens de renforcer le processus démocratique.
Dans son allocution, le directeur exécutif de l'ONG 3D, Moundiaye Cissé, a d'abord magnifié la maturité dont les citoyens sénégalais ont fait preuve avant d'exprimer sa satisfaction sur le déroulement du scrutin à l'échelle nationale. "Je salue d'abord la maturité du peuple sénégalais qui a montré que le différend entre les acteurs politiques ça se règle par les urnes et non par la violence et les acteurs politiques doivent être conscients de cela", a déclaré Moundiaye Cissé.
L'acteur de la société civile de poursuivre : "Nous sommes très satisfaits du bilan que nous avons tiré de ces élections-là, parce que depuis 2012, c'est la première fois qu'on organise une élection inclusive avec l'implication de tout le monde, de tous les candidats. C'est la première fois qu'on fasse une élection sans contestation majeure et j'en profite pour féliciter l'administration électorale, notamment le nouveau ministre de l'Intérieur, le nouveau directeur général des Élections. Ils ont réussi le pari avec brillance. Le délai était serré, mais ils ont pu faire le travail nécessaire."
Face aux Sénégalais qui ont choisi de donner une concordance de majorité présidentielle et parlementaire au parti Pastef, le patron de l'ONG 3D affirme que le tandem Diomaye-Sonko n'a plus d'excuses. Selon Moundiaye Cissé, c'est l'heure, pour le président de la République et son Premier ministre Ousmane Sonko, de s'attaquer aux différentes préoccupations des citoyens sénégalais pour répondre convenablement à leurs attentes. S'adressant aux leaders de l'opposition, M. Cissé les exhorte à s'opposer de façon républicaine.
Toutefois le membre de la société civile juge regrettable le taux de participation. "C'est regrettable, parce que pour une population de plus de 15 millions d'habitants, déjà il y a que 7 millions qui sont dans le fichier. C'est normal, parce qu'il faut avoir 18 ans. Sur 7 300 000 électeurs, il y a moins de 50 % qui votent, c'est-à-dire 3 500 000 électeurs. Il y a moins de 20 % de Sénégalais qui élisent les députés et ça, c'est un problème",explique-t-il.
Pour Moundiaye Cissé, cette faible participation est due au fait que beaucoup de cartes d'électeur dorment encore dans les commissions. "À notre niveau,nous comptons revoir le fichier électoral pour voir comment arriver à inciter davantage les Sénégalais à retirer leurs cartes et à aller voter, parce que les cartes dorment toujours dans les commissions et les acteurs politiques doivent faire beaucoup d'efforts en ce sens. Ils doivent sensibiliser leurs militants à aller retirer les cartes et voter pour améliorer le taux de participation durant les élections", ajoute-t-il.
Malgré le bon déroulement du scrutin, le chef de mission de l'observation de COSCE, Babacar Guèye, a néanmoins soulevé des points à améliorer dans le Code électoral tout en formulant des recommandations. "À l'issue de notre mission d'observation, nous proposons, d'abord, l'instauration du bulletin unique, parce que nous avons remarqué qu'il y avait quelques petits soucis avec les bulletins avec des photos floues à cause des nombreux bulletins à tirer. À l'avenir, il faut aller vers l'instauration d'un bulletin unique, ça va permettre de faire des économies d'échelle, de lutter contre les achats de consciences et d'avoir une élection crédible. La deuxième recommandation, c'est l'inscription automatique des jeunes qui ont l'âge de voter, mais qui ne sont pas inscrits sur le fichier électoral. Pour ces jeunes-là, il faut un système d'inscription automatique qui leur permet de bénéficier de leurs droits civiques dès 18 ans", détaille-t-il. Le troisième point tourne autour de la suppression de la disposition des articles 29 et 30 qui, selon Babacar Guèye, instaurent une sorte de déchéance automatique des droits civiques des personnes qui sont condamnées à une peine de prison de plus de cinq ans. "Nous préconisons l'abrogation de ces dispositions pour que la perte des droits civiques de ces personnes-là provienne de la décision d'un juge et non de l'administration".
Dans l'ensemble, les législatives anticipées du 17 novembre se sont déroulés dans le calme sur toute l'étendue du territoire national, sans aucun incident majeur signalé, renseignent les observateurs du COSCE qui apprécient vivement la maturité politique et démocratique des citoyens sénégalais durant le scrutin.