Point de passage pour les voyageurs et marchandises en provenance de Ziguinchor ou des autres capitales régionales, le Bac Balinghor ou Farafégné, en Guinée Bissau, se présente comme le lieu où l’argent dicte sa loi sur tout.
Passage obligé pour tout voyageur qui emprunte la Transgambienne et qui veut retrouver la Casamance, à l'autre bout du territoire sénégalais, le célèbre Bac Balinghor ou Farafégné sur le fleuve Gambie du territoire du même nom, enregistre chaque jour plusieurs milliers d’entrées et sorties de voyageurs dont l’écrasante majorité sont sénégalais. En cette période marquée par une combinaison de différents facteurs en relation directe avec le désenclavement de la Casamance la Trans gambienne a presque vu en quelques jour doubler sa fréquentation de voitures de transports en commun. Il s’agit entre autres, de la suspension des rotations du navire Aline Sitoé Diatta pour des raisons de carnage, le mauvais état de la route de contournement par Tamba, l’avion toujours inaccessible aux bourses moyennes (environ 65000f Cfa, aller simple) et l’accalmie notée ces derniers jours sur l'axe Sénoba-Ziguinchor.
Cette hausse des statistiques, occasionnant de longues files de voitures est plus qu’une aubaine pour les opérateurs économiques opérant sur les deux rives du fleuve Gambie, mais aussi le personnel travaillant au bac. En effet, si les marchands profitent de cette longue attente des voyageurs (4, 5, à 6 heures) pour faire écouler leurs produits, le personnel gambien travaillant au bac, loin de croiser les bras et laisser cette occasion rêvée leur échapper, entre aussi en jeu, à leur manière pour tirer le maximum de profits de cette situation.
Les lois de l'arithmétique qui voudraient que les premiers arrivés sur les lieux, gagnent en premier l’autre bout de la rive sont tout simplement bousculées. Le pouvoir de l’argent chamboule tout en prenant le dessus sur tout. Pour échapper à la longue file d’attente, il faut débourser entre 2000f Cfa à 2500 f Cfa pour les véhicules particuliers et 3000f Cfa et plus pour les Bus. Le paiement se fait, après négociation, souvent en langue mandingue, sous forme d’échange de poignée de mains entre l’agent gambien et le chauffeur. A défaut de se ranger derrière ce racket, il faut suivre la queue. C’est ainsi que bon nombre de Bus de transports, pourtant arrivés sur place dès les premières heures de la matinée (8 heures) ont franchi le pont vers les coups de 16 heures.
De l’autre côté du fleuve, sur l’axe menant vers Sénoba-Ziguinchor, même scène de désolation. Outre des Bus et autres voitures de transport en commun en provenance de Ziguinchor, des camions remplis de mangues, de «made», forment un fil indien sur des dizaines de mètres, se voient bloquer à l’entrée du Bac Balinghor.
En provenance de la région naturelle de la Casamance, la plupart de ces gros porteurs remplis de fruits de la Casamance à destination de l’intérieur du pays, sont restés bloqués en ce lieu où règne une chaleur insupportable avec leurs marchandises. Bon nombre de conducteurs que nous avons approchés, nous ont indiqué être à leur quatrième voire cinquième jour d’attente, pour la traversée en ce jour du vendredi 13 juin. «J’ai une cargaison de mangues qui viennent de Sédhiou et que je dois acheminer vers Dakar.
Depuis mardi, que je suis là à attendre, je ne sais pas encore quand, ils vont nous laisser traverser», se désole un jeune homme qui dit ignorer totalement les raisons de cette longue attente d’autant qu’ils déboursent pour le ticket de passage 30 000f à 40 000f cfa voire plus.
Cette situation marquée par les longues attentes au niveau du Bac de Farafégné, au-delà des retards qu’elle cause aux populations en déplacement sur cet axe de la Trans gambienne, constitue également un facteur de blocage du développement économique et social de la Casamance.