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Communiqué de Séverine Awenengo Dalberto sur l’annulation de la cérémonie de dédicace de son livre: “L’idée de la Casamance autonome. Possibles et dettes morales de la situation coloniale au Sénégal“
Publié le samedi 26 octobre 2024  |  aDakar.com
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© Autre presse par DR
La bibliothèque Cheikh Anta Diop à Douala
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Depuis l’annonce de la sortie et de la présentation de mon dernier ouvrage, L’idée de la Casamance autonome. Possibles et dettes morales de la situation coloniale au Sénégal, publié par les éditions Karthala, des commentaires malveillants et infondés circulent autour de son soi-disant contenu et de mes intentions, relayés dans divers médias et sur les réseaux sociaux.

Historienne depuis plus de vingt ans, je me consacre à l’étude de l’histoire du Sénégal, et ce livre examine la genèse de l’idée d’une Casamance autonome principalement durant la période coloniale française - une recherche entamée au début des années 2000. Mon travail est strictement historique. Nommer l’objet de son étude ne signifie en aucun cas défendre une quelconque position politique, et il est déconcertant que certains interprètent autrement ce travail académique. Un historien de la guerre qui publierait un ouvrage intitulé L’idée de la guerre serait-il nécessairement accusé de promouvoir la violence ?

Les attaques dirigées contre mon livre et ma personne, que l’on peut lire et entendre dans la presse, à la télévision, ou via des communiqués et les réseaux sociaux, relèvent de la diffamation, passible de sanctions selon le code pénal sénégalais en son article 258. Les accusations qui me visent — prétendant que je serais financée par l’État sénégalais, que je prônerais l’indépendance de la Casamance ou encore que je serais une ‘rebelle’ — non seulement ternissent ma réputation, mais alimentent un climat potentiellement dangereux pour ma sécurité et mon intégrité physique.

Je n’exclus pas aujourd’hui à la possibilité de saisir la justice sénégalaise pour garantir ma protection et rappeler à la responsabilité les auteurs de ces propos. Comme l’ont rappelé les Professeurs Ibrahima Thioub et Kalidou Diallo dans leur tribune Défendre le métier d’historien qui réfute les accusations à mon encontre, il est essentiel de préserver la rigueur et l’indépendance des travaux académiques face aux interprétations partisanes. Il me tient à cœur, en tant que chercheuse étrangère, d’offrir une lecture historique la plus documentée et objective possible, dans le respect de la complexité des histoires partagées. Ce travail de l’histoire ne vise aucunement à rouvrir les fractures comme certains pourraient le craindre. Tout au contraire, il pourrait peut-être permettre de « sortir la Casamance de nombreux fantasmes, de pensées faciles et de totems paresseux » comme l’écrit le sociologue et journaliste Elgas, à propos de mon ouvrage – qu’il a lu attentivement. Sortir des fantasmes du passé constitue, me semble-t-il, une étape essentielle dans le processus de consolidation de la paix, pour espérer une paix qui soit véritablement durable.

Je profite de cette prise de parole pour remercier l’ensemble des soutiens publics et privés que j’ai reçus ces derniers jours et pour espérer, dans un avenir proche, pouvoir discuter sereinement de mon ouvrage avec tous ceux et toutes celles qui voudront bien le lire.

Séverine Awenengo Dalberto
Le 25 octobre 2024
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