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[Prolongement de la Vdn, 10 ans après] Déclassement de la bande de filaos : À qui profite le crime? (4/4)
Publié le jeudi 24 octobre 2024  |  seneweb
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© Primature par A. SECK
Le Pm visite les chantiers de la VDN
Dakar, le 11 mars 2016 - Le Premier ministre du Sénégal a effectué une visite des chantiers au niveau des sections 3 et 2 de la Voie de dégagement nord (VDN), à Dakar. Le Chef du gouvernement était accompagné d`une forte délégation.
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Guédiawaye ne se relève toujours pas après la déforestation complète de 150 hectares de filaos. Au moment où le pire est à craindre avec la menace des conséquences écologiques, une spoliation foncière sur fond de « tong-tong » (carnage) s’opère au nez et à la barbe des populations. Les péripéties qui ont mené à la signature du décret de déclassement sont aussi sombres que le projet « Cap Atlantique » de l’ex-maire Aliou Sall qui lui sert de socle. Au final, à travers le controversé PUD (Plan d’urbanisme de détails), on a mis en avant « l’utilité publique » pour servir des intérêts privés. Entre accaparement, litiges et escroqueries, le foncier du littoral de Guédiawaye est une véritable bombe à retardement.

A qui profite le déclassement de la bande de filaos ? C’est la question à mille milliards que tout le monde se pose dans cette partie de la banlieue ! La réponse est pourtant évidente. Comme dans tous les coins du pays, les mêmes ‘’prédateurs’’ ont fait main basse sur le foncier de la bande de filaos au total insu des populations à qui ces terres devaient normalement être destinées. D’ailleurs, c’est la « forte pression foncière » à Guédiawaye qui a servi de prétexte au déclassement. Mais, au final, aucun riverain n’a pu se procurer le plus petit mètre carré, exceptés les élus municipaux qui auraient monnayé leur vote contre 150m2.

Sur ce site qui abritait -dans un passé très récent- la bande verte, les constructions commencent à littéralement remplacer les filaos. Immeubles et maisons poussent comme des champignons alors que de nombreuses questions restées sans réponses jusqu’ici, turlupinent les populations. « On se lève un bon jour, on voit des bulldozers abattre les filaos. Puis le terrain est morcelé en parcelles. Ensuite les constructions commencent. Qui sont les propriétaires de ces terrains ? Comment ont-ils fait pour les acquérir ? Pourquoi les populations n’ont pas été associées à ce partage de ‘’Bouki’’ (en référence à la célèbre métaphore du vieux conte de l’hyène, Ndlr) ? », s’interroge Thierry Nelson Andadé qui habite la cité Hamo 5 depuis près de trente ans.

Ici, c’est l’omerta total sur l’identité des acquéreurs du foncier. Leurs noms sont mieux gardés que les codes de la valise nucléaire. Mais c’est sans compter avec la perspicacité des populations et de la presse qui ont pu percer le mystère. En réalité, hauts fonctionnaires de l’État, famille maraboutique, hommes d’affaires, conseillers municipaux, proches de l’ancien régime… sont les nouveaux propriétaires terriens. Ils ont été servis dans des conditions tout aussi sombre que celles qui ont sous-tendu le décret de déclassement dont la base s’est révélée être une véritable « supercherie » -selon les associations de défense du littoral-, orchestrée par l’ancienne équipe municipale dirigée par Aliou Sall (frère de l’ex président de la République Macky Sall).

Rewind ! Les velléités d’accaparement des terres du littoral de Guédiawaye ont commencé en 2017 au lendemain de l’inauguration de la Vdn3, soit 4 ans avant la signature du décret de déclassement. Rencontré dans le cadre de cette enquête, Pape Diawando Kébé, assistant social et responsable des jeunes de Hamo 5, confie que depuis l’érection de la Vdn3 les populations avaient eu écho de la volonté inavouée des autorités municipales de faire déclasser la bande de filaos. D’ailleurs, nous révèle-t-il, dans une démarche d’anticipation, les populations riveraines avaient organisé à l’époque un panel au Foyer des jeunes de Hamo 4 avec l’avocat Me Doudou Ndoye (ancien président de la Commission Nationale de Réforme Foncière) comme conférencier. « Me Ndoye avait fait un exposé très instructif sur le droit des tiers, disant que rien ne peut être fait sur la bande de filaos sans l’approbation des populations », se rappelle M. Kébé.

Une bande, deux PUD(s) !

Au finish, c’est tout le contraire qui a été fait le 4 juin 2021 avec le décret n°2021-701 portant déclassement de 150,58 hectares. Celui-ci valide et rend exécutoire, un PUD (ou document de planification urbaine qui organise l’occupation spatiale pour les 15 prochaines années) qui n’a jamais été présenté aux populations. Aucune audience d’information ne s’est tenue coram populo comme l’exige la loi. Une véritable duperie à en croire l’ancien chef de la Division des stratégies du développement urbain durable au ministère de l’Urbanisme et de l’Habitat, actuellement Consultant expert urbain à l’Agence de développement municipal (Adm), l’aménagiste-urbaniste Diouldé Diallo. Revenant sur les faits, il nous apprend que le PUD qui a été validé par le décret de Macky Sall en 2021 est différent de celui qui a été financé par la Banque mondiale dans le cadre du Projet de Gestion des Eaux pluviales et d’adaptation au changement climatique (Progep).

« Le rapport provisoire du PUD (financé par la Banque mondiale) réalisé par le cabinet Prestige a été finalisé en juin 2017. Des sessions de validation par les conseils municipaux des communes et villes concernées par la Vdn3 avaient été sollicitées par la direction de l’urbanisme de l’époque conformément aux exigences du code de l’urbanisme. En fait l’étude doit être validée par les conseils municipaux pour que le Président puisse prendre un décret et ensuite elle pourra être opposable aux tiers. Ainsi, les villes de Pikine (Malika) et de Rufisque (Tivaouane Peulh) avaient validé le document. La ville de Guédiawaye n’a pas approuvé ladite étude qui recommandait la sauvegarde et le renforcement de la bande de filaos, sous prétexte qu’elle ne prenait pas en compte ses besoins d’assiettes foncières », confie l’urbaniste.

En d’autres termes, Aliou Sall et son équipe municipale demandaient le déclassement de la bande filaos en 2017 déjà. Ce qui est contraire à la politique de la Banque mondiale qui, d’après M.Diallo, « ne peut pas cautionner une dégradation de l’environnement ». Ce Plan a donc été jeté à la poubelle.

« Cap Atlantique », un projet en pacotilles aux sombres objectifs

Tenant mordicus à lancer son projet d’aménagement de la bande de filaos dénommé « Cap Atlantique », l’ex maire de Guédiawaye son équipe se sont arrangés pour faire passer un nouveau PUD. Celui-ci prévoit le déclassement et le morcellement des terres de la bande de filaos qui, selon leurs projections, doit être plantée de l’autre côté de la Vdn3 à moins de 100 mètres de la mer. Les eaux et forêts qui se sont engagés depuis plusieurs années à la réalisation de ce projet de reboisement, éprouvent d’énormes difficultés.
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