Accueil    MonKiosk.com    Sports    Business    News    Annonces    Femmes    Nécrologie    Publicité
NEWS
Comment

Accueil
News
Politique
Article
Politique

Amadou Bâ: “Nous sommes dirigés par un gouvernement qui n’arrive pas à prendre la pleine mesure des enjeux“ (Déclaration)
Publié le mardi 22 octobre 2024  |  aDakar.com
Amadou
© aDakar.com par BL
Amadou Bâ officiellement investi candidat par le Parti socialiste
Dakar, le 18 décembre 2023 - Le Parti socialiste sénégalais officiellement investi Amadou Bâ comme candidat à l`élection présidentielle du 25 février 2024.
Comment


Dans la déclaration ci-dessous qu’il a faite à quelques semaines des élections législatives anticipées, l’ex-Premier ministre, Amadou Bâ, fait un état des lieux de la situation du pays, comparé à sa gestion passée, et charge les dirigeants en place.

Chers compatriotes,

Avant toute chose, permettez-moi d’exprimer ma plus profonde solidarité envers nos compatriotes victimes des intempéries, notamment le long du fleuve Sénégal. Mes pensées vont aux familles qui ont perdu des proches, aux communautés touchées, ainsi qu’à tous ceux qui font face à cette situation difficile.

Dès le 17 septembre dernier, j’avais alerté sur l’urgence d’une action responsable et coordonnée de la part du gouvernement face à ces conditions météorologiques extrêmes. J’avais insisté sur la nécessité de mobiliser toutes les ressources du pays pour répondre efficacement à cette crise.

Aujourd’hui, il est impératif que ces actions soient menées avec rigueur pour protéger nos populations et prévenir de nouvelles tragédies.

Mesdames et Messieurs de la presse,

Je me tiens devant vous aujourd’hui pour m’adresser directement aux Sénégalais, car il est de mon devoir et de ma responsabilité de mettre en lumière les réalités qui traversent notre pays.

Depuis que les nouvelles autorités sont en place, il y a maintenant six mois, j’ai choisi librement de garder le silence. Mais un silence qui n’est pas de l’indifférence. J’ai volontairement refusé de multiplier les interventions publiques pour leur laisser le temps de s’installer, de prendre connaissance des dossiers et surtout de présenter leur vision pour sortir le Sénégal des difficultés croissantes auxquelles il est confronté.

Mais avant d’aller plus loin, je voudrais revenir sur l’élection présidentielle passée. Et, je tiens tout d’abord à renouveler mes sincères remerciements aux Sénégalaises et aux Sénégalais qui m’ont accordé leur confiance.

En tant que candidat de la majorité sortante, j’avais fait preuve de la plus grande loyauté. J’avais mené ce combat avec détermination, toujours guidé par l’intérêt supérieur de notre pays. Nous avions fondé notre démarche sur la paix, la stabilité et la concorde, des valeurs essentielles pour notre nation.

Malgré les accusations grotesques de corruption des juges du Conseil constitutionnel et toutes les tentatives de déstabilisation, j’avais continué à agir avec droiture et fidélité à mes principes.

Pour ma part, je n’ai jamais posé un seul acte de déloyauté. J’ai toujours respecté mes engagements et assumé mes responsabilités. Aujourd’hui, les Sénégalais savent qui a trahi qui.

C’est dans ce contexte que je me tourne maintenant vers les élections législatives à venir. Et malgré tout ce qui s’est passé, j’ai fait le choix, pour l’intérêt supérieur du Sénégal, de m’engager dans cette nouvelle bataille, aux côtés d’autres partis politiques et d’autres coalitions. Cela inclut même notre ancienne coalition, où certains membres, lors de la présidentielle, avaient refusé de s’investir pleinement, voire travaillé contre le candidat de notre camp.

Ce choix, je l’assume pleinement. C’est un sacrifice que j’accepte, car au-delà des désaccords et des divergences personnelles, c’est l’avenir de notre pays qui doit toujours primer.

Pour bâtir cette inter-coalition, j’ai fait tout ce qui était en mon pouvoir pour parvenir à un accord global couvrant tous les départements. Malheureusement, les exigences divergentes des uns et des autres n’ont pas permis d’aboutir à un consensus total.

Toutefois, nous avons réussi à conclure des accords partiels. Les discussions se poursuivent. Je compte bien respecter scrupuleusement mes engagements. Car pour moi, la parole donnée est sacrée et l’intérêt de la nation reste au-dessus de toute autre considération.

Mesdames, Messieurs de la presse,
Chers compatriotes,

Aujourd’hui, il est clair que nous sommes dirigés par un gouvernement qui n’arrive pas à prendre la pleine mesure des enjeux. Depuis son installation, qu’avons-nous vu ? Du surplace, du pilotage à vue, des promesses sans lendemain et surtout l’absence de solutions concrètes pour répondre aux préoccupations urgentes de notre peuple. Et pendant ce temps, les problèmes persistent et s’aggravent.

Au lieu de s’attaquer aux vrais défis, l’équipe actuelle préfère la menace, l’intimidation et la division. Elle cherche à faire taire les voix discordantes plutôt que de rassembler et de construire un avenir commun. Le peuple sénégalais mérite mieux que cela. Le pouvoir ne s’exerce pas dans la peur ou la contrainte. Le pouvoir s’exerce dans le dialogue, la concertation et l’action au service du bien commun. En république et en démocratie, le pouvoir s’exerce par la persuasion et non par la terreur.

Mesdames, Messieurs de la presse,
Chers compatriotes,

Ces derniers jours, des accusations graves ont été portées contre ma personne. Je ne suis pas ici pour m’engager dans des polémiques ni pour répondre par l’invective. Parce que les attentes du pays sont ailleurs. Je dois, néanmoins, rétablir la vérité, avec sincérité et sérénité et rappeler les faits, rien que les faits.

Tout au long de ma carrière, j’ai toujours servi le Sénégal avec rigueur, transparence et intégrité. Aucun acte, aucune écriture ne peut m’être imputé dans quelque gestion frauduleuse ou malversation que ce soit. Et je le dis avec foi, fermeté et solennité : je n’ai jamais été « épinglé » dans aucun rapport d’audit. J’ai servi mon pays dans le respect strict des règles de bonne gouvernance et je rends grâce à Dieu pour cela.

Aujourd’hui, certains m’accusent sans apporter la moindre preuve concrète. Il est facile d’accuser sans fondement, mais la vérité demeure : je n’ai jamais falsifié les statistiques budgétaires. Et je nourris un doute profond sur la véracité de ces allégations.

Il m’a été reproché des faits prétendument couverts par un rapport d’audit sur la période 2019-2023. Je tiens à rappeler une évidence : de 2019 à 2023, je n’étais plus ministre des Finances.

Mon passage au ministère des Finances s’est terminé le 6 avril 2019. Alors, que l’on m’explique : comment pourrais-je être tenu pour responsable de faits qui se sont produits à une époque où je n’étais pas aux commandes du ministère des finances ?

Ces accusations sont non seulement infondées, mais aussi révélatrices d’une volonté délibérée de désinformer. L’honnêteté intellectuelle et la rigueur devraient être les bases du débat, pas des tentatives désespérées de détourner l’attention.

Ce qui est attendu du Premier Ministre et de son gouvernement, c’est de répondre aux besoins du peuple sénégalais et non de se livrer à des jeux de diversion. Je les invite à sortir des querelles et à se concentrer sur l’essentiel, c’est-à-dire gouverner pour le bien de notre pays.

Mesdames, Messieurs de la presse,
Chers compatriotes,

De plus, je tiens à le préciser clairement : depuis mon entrée dans le gouvernement, en septembre 2013, aucun terrain ne m’a été attribué, aucun immeuble, aucun appartement, aucune villa de l’État ne m’a été cédée ou octroyée sous quelque forme que ce soit.

Ces accusations d’accaparement de biens publics me concernant sont injustifiées. Elles relèvent de la pure calomnie et du dénigrement. Je n’ai jamais détourné les biens de l’État, ni failli à ma mission de service public.

En tant que serviteur de l’État, je n’ai jamais menti au peuple sénégalais, ni cherché à me dérober à mes responsabilités. Ce parcours, je l’ai mené avec honnêteté et j’ai la conscience tranquille. Ces accusations apparaissent dans un contexte particulier, celui de la préparation d’une campagne électorale.

Certains cherchent peut-être à semer la confusion et à discréditer ceux qui, comme moi, ont consacré leur vie au service de la nation. Mais je tiens à être clair : ces menaces ne m’empêcheront pas d’aller à la rencontre des Sénégalais pour défendre ma vision et mon engagement pour le pays. Je continuerai à travailler avec la même détermination pour notre peuple, avec la foi inébranlable en la transparence et l’intégrité.

Enfin, je tiens à rappeler que je ne laisserai aucune diffamation ternir mon nom ni entacher mon parcours. J’ai toujours respecté la loi et les principes de justice et j’exige que ces principes me soient également appliqués.

Mesdames, Messieurs de la presse,
Chers compatriotes,

Il est essentiel de rappeler les faits et de dresser un bilan objectif de mon passage à la tête du ministère des Finances. J’ai eu l’honneur d’être un des artisans du Plan Sénégal Émergent, en particulier, de son premier plan d’action prioritaire.

Ce plan a marqué un tournant décisif pour notre économie, en renforçant le cadre macroéconomique et en créant une dynamique de croissance forte et soutenue sur 5 années consécutives. Grâce à cette trajectoire, le produit intérieur brut réel du Sénégal avait enregistré une hausse moyenne de 6% sur la période 2014-2019, contrastant avec les 3,07% enregistrés entre 1980 et 2013.

Le PIB réel était de 9 775 en 2014 et de 13 197 en 2019 quand je quittais le ministère des Finances. Ces données sont incontestables et sont disponibles sur le site de l’ANSD.

Je tiens aussi à préciser qu’au jour de ma passation de service, à savoir le 15 avril 2019, j’ai laissé en trésorerie auprès de la Banque centrale, la somme de 270 milliards de francs, tel que consigné dans le procès-verbal de passation.

En matière de finances publiques, les résultats parlent d’eux-mêmes. Les recettes budgétaires, preuve de la performance de nos administrations financières et de la vitalité de notre économie, ont connu une croissance continue. Elles sont passées de 2 345 milliards de francs en 2012 à environ 4 000 milliards en fin 2018. Nous avons su mobiliser l’accompagnement de nos partenaires techniques et financiers et maintenir une situation financière maîtrisée avec un endettement efficient.

En 2012, la dette de l’Administration centrale était de 4 598 milliards, soit 3 318 milliards de dette extérieure à long terme et 1 280 milliards de dette intérieure. En 2019, quand je quittais le ministère des Finances, elle était de 7 825 milliards, soit 7 173 milliards de dette extérieure et 652 milliards de dette intérieure.

Enfin, c’est durant cette période que nous avions pu obtenir la notation que nous venons de perdre.

Mesdames, Messieurs de la presse,
Chers compatriotes,

Malgré tout ce qui peut nous opposer, je tiens à saluer toute initiative visant à projeter notre pays vers l’avenir. En tant qu’un des artisans du Plan Sénégal Émergent, j’ai contribué à mettre en place une stratégie de développement qui a permis au Sénégal de connaître des progrès significatifs en termes de croissance économique, de renforcement des infrastructures et d’amélioration des conditions de vie. Et il est essentiel de continuer à construire sur ces bases solides.

Je ne suis pas surpris de voir des similitudes entre la « Vision Sénégal 2050 » et le PSE d’une part, ni avec ma Déclaration de politique générale ou encore avec certaines de mes propositions de campagne, d’autre part.

Cette « Vision Sénégal 2050 » reprend largement les bases établies par le PSE, à travers ses trois axes. Cette vision de développement, que j’ai pilotée de 2014 à 2019 en tant que ministre des Finances, a permis au Sénégal d’entrer dans une dynamique de croissance soutenue et de transformation économique.

Cela dit, les grandes visions comme le PSE ou la « Vision Sénégal 2050 » ne doivent pas se limiter à de beaux discours ou à des vitrines politiques. Elles ne seront crédibles que si elles s’appuient sur des actions concrètes et des résultats tangibles.

Or, si la situation budgétaire décrite par l’actuel Premier Ministre est avérée, il est évident que la mise en œuvre de cette nouvelle vision se réalisera difficilement.

Mesdames, Messieurs de la presse,
Chers compatriotes,

On m’accuse aussi d’être un fonctionnaire milliardaire. Soyons clairs : je ne possède pas la richesse qu’on me prête et je n’en ai nullement besoin.
Mon parcours, mon travail acharné et ma compétence m’ont permis de bien gagner ma vie, comme cela aurait été le cas pour tout honnête serviteur de l’État qui aurait eu la même trajectoire.

J’ai gravi les échelons au mérite, depuis mes débuts comme Inspecteur des Impôts, jusqu’à mes fonctions de Chef du Centre des grandes entreprises, de Directeur des Impôts, avant de devenir le Directeur général des Impôts et des Domaines, pendant sept ans. Ensuite, j’ai eu l’honneur de servir notre pays comme Ministre de l’Économie, des Finances et du Plan, pendant six années, puis comme Ministre des Affaires étrangères et enfin comme Premier ministre.

Dans chacune de ces fonctions, j’ai toujours mis l’intérêt du Sénégal au-dessus de tout. J’ai formé des générations d’Inspecteurs des impôts, dont l’actuel Premier ministre. Et quand l’actuel Président de la République sortait de l’École nationale d’administration, j’étais déjà le Directeur général des Impôts et des Domaines.
Naturellement, mon parcours m’a permis de percevoir des revenus proportionnels aux responsabilités exercées.

Ceux qui me critiquent sont aujourd’hui au pouvoir. Je les invite à publier les revenus qu’ils ont perçus tout au long de leur carrière. Ils ont accès aux informations concernant mes propres revenus, disponibles à la Solde et à la Direction générale des Impôts et des Domaines. Qu’ils les publient tous ! Le peuple sénégalais mérite de connaître la vérité, sans ambiguïté ni manipulation.

Mesdames, Messieurs de la presse,
Chers compatriotes,

Fort de mes principes et des valeurs religieuses et culturelles que nous partageons, je resterai ferme dans mes convictions, comme, du reste, je l’ai toujours été.

Eh bien, sachez que si le manque de courage, c’est refuser de s’abaisser aux attaques personnelles et aux insultes ; si le manque de courage, c’est s’abstenir de polémiquer avec ceux qui, faute d’arguments solides, s’en remettent aux calomnies, alors je manque de courage. Si le manque de courage, c’est refuser de se laisser entraîner dans les disputes inutiles ; si le manque de courage, c’est choisir le silence face aux diffamations et rester concentré sur les enjeux réels de notre pays, oui je manque de courage.

Mais si avoir du courage, c’est défendre ses principes, même dans l’adversité et se tenir droit face aux épreuves ; si avoir du courage, c’est servir son pays avec abnégation et protéger les intérêts publics avec intégrité, alors je suis, sans aucun doute, le plus courageux d’entre nous.

Le Prophète (SAW) nous enseigne que « le plus fort d’entre nous n’est pas celui qui terrasse l’autre ; ce n’est pas celui qui se bat avec les autres ; mais c’est bien celui qui maîtrise sa colère ». Ce principe suivi par nos vénérés guides religieux nous montre la voie.

Si être courageux, c’est avancer résolument vers les objectifs qu’on s’est librement fixés ; si être courageux, c’est œuvrer pour la paix, la stabilité, la cohésion et l’unité du peuple, alors je suis sans conteste et de loin, le plus courageux d’entre nous. Parce qu’en définitive, c’est bien ce dont notre pays a besoin aujourd’hui : la paix, la stabilité et l’unité pour construire un avenir prospère.

Croyez-moi, ce n’est pas dans les querelles ni les divisions que notre nation trouvera son salut. Je l’avais dit, je le répète : notre véritable bataille, aujourd’hui, c’est celle contre la pauvreté, contre les inondations qui frappent nos villes et villages, contre les accidents de la route qui endeuillent nos familles, contre l’émigration irrégulière avec son lot de tragédies. Notre combat, c’est aussi contre la vie chère, contre le chômage et contre les pertes d’emplois qui affectent notre jeunesse et nos travailleurs, contre la fragilisation du secteur privé.
Mesdames, Messieurs de la presse,
Chers compatriotes,

J’invite le gouvernement à assumer ses responsabilités et à faire preuve d’humilité. Le progrès ne viendra pas de simples promesses en l’air, mais de politiques réfléchies, basées sur des données probantes et mises en œuvre de manière transparente et responsable.

Gouverner, ce n’est pas accuser. Gouverner, c’est décider et agir. Gouverner, ce n’est pas affabuler. Gouverner, c’est donner l’exemple.

J’invite le peuple sénégalais à ne pas se laisser tromper par des discours de division ou des manœuvres de dénigrement. Notre pays a besoin de dirigeants qui respectent la vérité, des dirigeants capables de répondre aux aspirations de notre peuple avec compétence, vertu et empathie.

Mesdames, Messieurs de la presse,
Chers compatriotes,

Nous sommes à un moment crucial de notre histoire. Les populations doivent reprendre le pouvoir, car il leur appartient. Il est essentiel de ne pas permettre au pouvoir actuel de monopoliser tous les leviers de décision.

Je vous le dis sans détour : il ne faut pas leur donner une majorité à l’Assemblée nationale. Le Sénégal a besoin d’une représentation forte, indépendante et capable de proposer des alternatives solides pour sortir de l’impasse actuelle.
Nous avons l’occasion historique d’apporter des correctifs pour une trajectoire apaisée et réussie de notre nation. Les prochaines élections législatives nous en donnent l’opportunité.

En tant que républicain, je reste profondément attaché à la paix et à la stabilité de notre pays. Mais la paix ne peut exister sans justice, sans respect des libertés et sans une véritable vision de développement.

À chaque fois que notre démocratie a été menacée, le peuple a su se lever pour défendre ses droits et son avenir. Le moment est venu pour le peuple sénégalais de se faire entendre à nouveau, pour garantir un avenir de paix, de prospérité et de stabilité pour tous.

Je vous remercie !
Commentaires