Le Premier ministre sénégalais Ousmane Sonko a invité les électeurs à lui donner une
majorité "écrasante" aux législatives de novembre pour pouvoir mener à bien ses projets de
transformation de l’Etat et juger les anciens dirigeants.
"Nous avons besoin d’avoir les moyens législatifs, pouvoir faire passer nos lois, contrôler
l’action gouvernementale, mener la reddition des comptes... C’est pourquoi nous avons
besoin que les Sénégalais nous donnent une majorité écrasante", a déclaré M. Sonko, tête de
liste de son parti Pastef, dans un message publié mercredi soir sur Facebook.
Les Sénégalais éliront une nouvelle Assemblée le 17 novembre, huit mois après la
présidentielle qui a vu la victoire de Bassirou Diomaye Faye, le second de M. Sonko, ce dernier
ayant été empêché de se présenter.
M. Faye, élu sur la promesse de rupture, de justice sociale et de lutte contre la corruption, et
M. Sonko, nommé à la tête du gouvernement, se sont heurtés pendant des mois à une
majorité parlementaire hostile issue des élections de 2022.
Pour pouvoir s’assurer une nouvelle majorité, M. Faye a dissous l’Assemblée en septembre,
dès que la Constitution le lui permettait, ouvrant la voie à des élections anticipées.
MM. Faye et Sonko doivent répondre aux attentes fortes d’une population très jeune dont une
grande partie se bat au quotidien pour trouver du travail et joindre les deux bouts.
Depuis leur installation, les autorités ont baissé les prix du riz, de l’huile et du sucre et lancé
des audits tous azimuts. Elles viennent de présenter un plan pour les cinq prochaines années,
en même temps qu’un projet de transformation de l’économie et des politiques publiques
sur 25 ans.
L’opposition les accuse d’inaction, d’amateurisme et de soif de règlements de compte.
"Beaucoup disent que les choses vont lentement", a admis M. Sonko. Mais la majorité
parlementaire sortante "nous a rendu la tâche dificile", a-t-il souligné.
M. Sonko a répété la volonté martelée depuis mars de réclamer et faire rendre des comptes
aux anciens dirigeants qui seraient suspects d’agissements coupables dans la gestion des
afaires, à commencer par l’ancien président Macky Sall.
"Tous ceux qui sont impliqués dans des choses pas nettes en rendront compte", a-t-il déclaré.
Or "seule une Haute Cour de Justice peut juger des personnalités comme les ministres ou le
président de la République, et seule l’Assemblée nationale a le pouvoir de mettre sur pied
cette Haute Cour de Justice".
Aux termes de la Constitution, le président ne peut être tenu responsable qu’en cas de haute
trahison. Il peut alors être mis en accusation par l’Assemblée à la majorité des trois
cinquièmes, et jugé par la Haute Cour. Les ministres peuvent être tenus responsables de
crimes ou délits commis dans leurs fonctions.