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Législatives – Confection de la liste de Pastef : Pas d’ombre de Diomaye sur la carte
Publié le jeudi 3 octobre 2024  |  Le Quotidien
Bassirou
© Autre presse par DR
Bassirou Diomaye Diakhar Faye, le président de la République
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Elu à la tête de l’Etat sans appareil politique personnel, Bassirou Diomaye Faye ne va pas peser sur ces Législatives. Sonko, qui a parié sur son aura en créant une liste de Pastef expurgée de la Coalition «Diomaye Président», montre qu’il reste la constante au sein de son parti fondé pour son ascension politique. Depuis le 24 mars, le Sénégal est entré dans une nouvelle ère.Par Bocar SAKHO –

Depuis le 24 mars dernier, l’Etat du Sénégal expérimente une gestion exécutive à deux têtes. Il y a le chef de l’Etat doublé d’un Premier ministre avec des pleins pouvoirs pour diriger l’équipe gouvernementale. Ces faits viennent d’être confortés par les Législatives avec la liste du parti Pastef dirigé par son fondateur Ousmane Sonko. Evidemment, aucun président de la République n’a dirigé une liste pour les Législatives, mais l’histoire en cours montre que l’actuel dirigeant semblerait être détaché des actes politiques dans la tenue de ce scrutin. Au-delà de ces décisions présidentielles qui ont précipité l’organisation du scrutin.
Aussi longtemps que l’on se souvienne, les présidents de la République ont toujours eu une influence sur la confection des listes de leurs coalitions. En 2001, le Conseil constitutionnel a dû même enlever l’ombre de Wade sur les listes de la Coalition Sopi dirigée par Idrissa Seck. Mais, le patron du Parti démocratique sénégalais (Pds) fut le «Directeur exécutif», qui a coché toutes les cases pour mettre ses hommes. En 2007, il a mis Macky Sall comme tête de liste après le bannissement de Idy, qui a pu être accompagné durant sa traversée du désert avec des députés frondeurs, en adoptant la même démarche pour garder une influence politique. L’ancien Premier ministre l’a appris à ses dépens, car Me Wade a montré qu’il était un simple pion politique. En 2008, il a été éjecté de la présidence de l’Assemblée à cause de la loi Sada Ndiaye.
Après son élection à la tête de l’Etat en 2012, Macky Sall a reconduit les mêmes procédés, dupliqué les mêmes procédures pour avoir une mainmise sur l’Assemblée nationale. Moustapha Niasse, qui a dirigé la liste de Benno en 2012 et 2017, a présidé un Hémicycle sous inspiration Sall.
Mais, le Président Sall a montré sa toute-puissance au sein de son appareil politique incarné par Benno bokk yaakaar en 2022 : Aminata Touré, qui a réussi à avoir une courte majorité à l’Assemblée nationale, est écartée au dernier moment pour faire place à Amadou Mame Diop.
Cette volte-face présidentielle a passablement agacé Mimi Touré qui a claqué la porte de Benno et de l’Alliance pour la République.

Pleins pouvoirs ou dégringolade
Ces actions politiques dessinent les différents schémas auxquels le pays est habitué en matière électorale. Mais, le 24 mars 2024 a fait voler en éclats les certitudes, remis en cause l’ordre établi.
Choisi comme candidat de substitution par Ousmane Sonko, empêché à cause de ses déboires politico-judiciaires, Bassirou Diomaye Faye atterrit au pouvoir sans être détenteur d’appareil politique personnel. Cette réalité apparaît en pleine lumière avec ces Législatives convoquées après la dissolution de l’Assemblée, après l’annonce d’une motion de censure du Groupe parlementaire Benno bokk yaakaar étouffée dans l’œuf. Sûr de sa force politique et sans doute de sa victoire, Ousmane Sonko acte la péremption de la Coalition «Diomaye Président» dont le parti Pastef est le moteur. Pris de court, certains partis satellites optent pour la rupture provisoire, alors que les autres acceptent de se soumettre à cette décision du Premier ministre.

A travers cet acte, le chasseur Sonko est chassé par trois grandes coalitions de l’opposition qui visent à lui imposer une cohabitation parlementaire. En gagnant, le Premier ministre va encore davantage sanctifier son nom, comme le soutiennent ses partisans. Ce qui lui permettra de renforcer son aura et aussi sa forte présence dans l’appareil étatique, en devenant un Premier ministre dont les pouvoirs sont renforcés par des gains politiques colossaux.

A défaut, ce sera une dégringolade politique qui va noircir son récit devenu grandiloquent après la victoire de son candidat en mars dernier. BDF, qui a démissionné de ses mandats à Pastef, reste à l’écart des mélodrames politiques internes au parti politique.
Mais ces élections, selon n’importe quelle issue, le mettront davantage à l’écart. Ou sous surveillance ?
bsakho@lequotidien.sn
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