Des alliances électorales voient le jour et d’autres se défont en perspective des élections législatives anticipées du 17 novembre prochain, en fonction aussi des intérêts du moment.
La commission chargée de la réception des dossiers de déclaration de candidature s’apprête, au même moment, à entamer ses travaux mardi 24 septembre, ce qui va déclencher le processus censé déboucher sur le choix des députés de la 15e législature.
Le compte à rebours de la dissolution de l’Assemblée nationale semble avoir démarré dès la victoire de Bassirou Diomaye Faye à l’élection présidentielle du 24 mars dernier. En vertu de ses prérogatives constitutionnelles, le 12 septembre, le chef de l’État a dissous l’institution parlementaire et a convoqué les électeurs, le 17 novembre prochain, à des élections législatives anticipées.
L’alliance PDS-APR-Rewmi augure la disparition de BBY
Les alliances qui se nouent, celles qui se dispersent aussi, font croire que les partis politiques et les coalitions de partis politiques s’étaient préparés à des élections législatives anticipées. Des alliances électorales auxquelles on pouvait s’attendre ont vu le jour. D’autres, des plus improbables, se sont également nouées. Des ruptures ont eu lieu en même temps.
Le Parti démocratique sénégalais (PDS) et l’Alliance pour la République (APR), les formations politiques des anciens présidents Abdoulaye Wade et Macky Sall, ont déclaré avoir noué une alliance avec Rewmi, le parti de l’ancien Premier ministre Idrissa Seck, pour briguer les suffrages des Sénégalais et faire élire des députés.
Dans un communiqué publié dimanche 22 septembre, ils font part de leur ‘’volonté de mettre en place une grande coalition politique, ouverte aux alliés respectifs et à toute formation politique qui souhaiterait la rejoindre, afin de remporter largement les élections législatives prochaines’’. Cette alliance ouvre la voie aux retrouvailles des principaux partis politiques sénégalais se réclamant du libéralisme. Ils s’étaient éloignés les uns des autres lorsqu’il s’est agi de voter un projet de loi en faveur de la dissolution du Haut Conseil des collectivités territoriales (HCCT) et du Conseil économique, social et environnemental.
Au plus fort de la crise préélectorale engendrée par le report de l’élection présidentielle du 25 février, le PDS et l’APR, la principale formation politique de Benno Bokk Yaakaar (BBY), s’étaient mis d’accord, contre de nombreux autres partis politiques.
Un ‘’manque de considération’’ de PASTEF envers ses alliés
L’annonce de l’alliance PDS-APR-Rewmi augure la disparition de BBY, qui disposait d’une courte majorité au sein de la législature dissoute.
Le leader de cette coalition, Macky Sall, ébauchait déjà les contours d’une nouvelle alliance en théorisant un cadre politique ‘’plus approprié’’ que Benno Bokk Yaakaar. ‘’Il nous faudra, en tirant les leçons du verdict des urnes, inventer un cadre plus approprié, adapté et ajusté à nos impératifs de l’heure. Nous devons penser et accepter que nous devons aller au-delà de BBY et nous projeter dans le temps nouveau de l’action politique’’, a écrit l’ex-président de la République dans une lettre destinée à ses alliés politiques.
D’autres partis politiques membres de BBY ont commencé à se mouvoir dans d’autres cadres et alliances. C’est le cas du Parti socialiste (PS), dont la secrétaire générale, Aminata Mbengue Ndiaye, a rejoint la Nouvelle Responsabilité, que dirige l’ancien Premier ministre Amadou Ba, le candidat de Benno Bokk Yaakaar à la dernière élection présidentielle. ‘’Nous avons acté, avec le Premier ministre Amadou Ba, le principe d’aller ensemble aux élections législatives du 17 novembre’’, a déclaré la présidente du HCCT.
Après ‘’vous [avoir] accordé notre confiance en décembre 2023 en vous investissant comme candidat du PS, nous sommes convaincus qu’ensemble nous contribuerons à la préservation de notre unité nationale et de notre cohésion sociale mises à rude épreuve depuis mars 2024’’, a dit la secrétaire générale du PS en parlant d’Amadou Ba.
Khalifa Sall, un dissident du PS et leader de la coalition Taxawu Senegaal, s’est rendu au siège du Parti socialiste. À la rencontre d’Aminata Mbengue Ndiaye. Mais il n’a pas encore rejoint la coalition réunissant Mme Ndiaye et Amadou Ba. Taxawu Senegaal a démenti une information faisant état de son ralliement à cette coalition.
Le déplacement de son leader au siège du PS ‘’entre dans le cadre […] d’une série de rencontres avec différents partis politiques et coalitions’’, ont tenu à préciser Khalifa Sall et ses partisans.
Les Patriotes africains du Sénégal pour le travail, l’éthique et la fraternité (PASTEF) veulent aller aux élections législatives sous leur propre bannière. Le leader de cette formation politique, Ousmane Sonko, l’a fait savoir à ses alliés, samedi 21 septembre, à Dakar. Des leaders de partis et mouvements alliés de la coalition ‘’Diomaye Président’’ – dirigée par PASTEF -désapprouvent cette démarche du parti au pouvoir et de son leader.
‘’And Goryi’’-Union des hommes dignes, de l’avocat Moussa Diop, membre de ‘’Diomaye Président’’, a annoncé sa participation aux élections législatives, avec sa propre liste. Me Diop, qui a soutenu la candidature de Bassirou Diomaye Faye à l’élection présidentielle, a dénoncé le ‘’manque de considération’’ de PASTEF envers ses alliés.
D’autres leaders politiques alliés de ‘’Diomaye Président’’, dont Aïda Mbodj, ont fait part de leur volonté de se ranger derrière le parti au pouvoir. Si ces alliés parviennent à investir des militants de leurs partis politiques respectifs, ce sera sous la bannière de PASTEF, comme l’exige Ousmane Sonko.
Cette démarche ‘’s’inscrit dans la continuité’’ de l’engagement ‘’indéfectible’’ de la coalition ‘’Diomaye Président’’, pour ‘’la réussite du Projet [de transformation systémique du Sénégal] visant à bâtir un [pays] souverain, juste et prospère’’, a expliqué Mme Mbodj dans un communiqué.
Les manœuvres, les alliances et les scissions risquent de se poursuivre au fur et à mesure qu’on s’approche de la date de clôture du dépôt des listes de candidature aux élections législatives.