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Au Sénégal, les réseaux sociaux, un terrain fertile pour les "agro- influenceurs"
Publié le mardi 20 aout 2024  |  AFP
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© AFP par Seyllou.
Au Sénégal,les réseaux sociaux,un terrain fertile pour les agro- influenceurs
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Accroupi à côté d’une pile de mangues fraichement cueillies, l’agriculteur sénégalais Mame Abdou Diop tourne une vidéo TikTok, en espérant qu’elle fera un carton auprès de ses abonnés sur les réseaux sociaux.

Ce trentenaire fait partie d’une nouvelle vague d’entrepreneurs agricoles en Afrique de l’Ouest qui utilisent les plateformes en ligne pour stimuler leurs ventes, partager leurs
connaissances et tracer leur sillon dans un secteur économique clef.

Depuis 2020, il dirige une petite entreprise qui gère des parcelles de terre et cultive une gamme de produits, de la pastèque aux mangues en passant par les oignons et les haricots.

Mame Abdou assure que ses bénéfices ont grimpé en flèche et sa clientèle a plus que doublé
depuis qu’il a commencé à promouvoir son activité sur ses comptes TikTok et Instagram où il
compte respectivement environ 14.000 et 2.000 abonnés.
"J’avais l’habitude de faire des vidéos pour m’amuser, sans me douter de l’impact qu’elles
auraient une fois difusées sur les réseaux sociaux", explique M. Diop, dans l’un de ses
champs à Gadiaga, à une soixantaine de kilomètres de Dakar.
Mais il s’est vite rendu compte qu’elles étaient "un très bon marketing" pour séduire de
nouveaux clients.

L’agriculture représente environ 16 % du PIB du Sénégal mais soufre d’une sous-
performance chronique.

Le nouveau gouvernement a fait de la souveraineté alimentaire l’une de ses priorités, dans le

but notamment de créer davantage d’emplois pour les jeunes confrontés au chômage.
Le Sénégal importe encore près de 70 % de sa nourriture, bien que 60 % de la population
travaille dans l’agriculture, selon le Fonds international de développement agricole (FIDA).
La productivité relativement faible du secteur est due à plusieurs facteurs : manque
d’infrastructures de qualité et de soutien technique, mauvaise organisation des chaînes de
valeur et de la transformation des récoltes...
Pour la jeune population sénégalaise, de plus en plus urbaine et technophile, les plateformes
numériques ofrent une opportunité d’innovation.
M. Diop se filme régulièrement et ajoute son numéro de téléphone sur ses comptes pour faire
la publicité de ses mangues.
- Opportunité -
La vente via les réseaux sociaux lui permet de rationaliser la chaîne de production en

contournant les intermédiaires coûteux ou ineficaces, et donc de réduire ses prix, explique-t-
il.

Pape N’Diaye, vendeur de jus de fruits à Dakar de 26 ans, a par exemple connu M. Diop en
parcourant son compte Instagram. "J’ai vu la qualité. Alors je l’ai contacté et il a livré dans les
temps", se félicite-t-il.
Les réseaux sociaux peuvent également créer de nouvelles sources de revenus pour les
producteurs en leur permettant de partager et de monnayer leur expertise technique, dit
Hélène Smertnik, responsable dans le cabinet de recherche Caribou Digital qui a étudié
l’utilisation des médias sociaux dans l’agriculture sénégalaise.
A l’aide d’un bâton, Nogaye Sène, 27 ans, plante une rangée de piments dans une ferme. Elle
raconte à l’AFP comment sa jeune entreprise de conseil agricole a décollé depuis qu’elle a
commencé à promouvoir son activité sur les réseaux sociaux en septembre 2023.
Les clients "me contactent directement sur Instagram. Je visite d’abord leurs champs et
ensuite je les aide à produire", dit-elle à l’AFP.
Formée en production agricole, Nogaye Sène, qui se décrit comme une agri-influenceuse,
gère des champs pour une douzaine de clients. Sur Instagram où elle compte désormais plus
de 3.000 abonnés, Nogaye partage des vidéos dans lesquelles on la voit donner des conseils
sur la façon de cultiver, comment installer des systèmes d’irrigation ou gérer l’agencement
des champs.

-Panafricanisme-
C’est "un terrain fertile pour les Sénégalais, car il y a ce mélange de jeunes qui sont de plus en

plus en ligne et qui utilisent les médias sociaux à la fois pour le divertissement et le
commerce", analyse Mme Smertnik.

Elle souligne toutefois que cette tendance n’en est qu’à ses débuts et qu’elle reste
principalement limitée aux individus urbains travaillant dans des chaînes de valeur à plus
petite échelle.
Adjaratou Kosse Faye, influenceuse agricole et entrepreneuse en horticulture, est la
fondatrice d’une plateforme d’échanges entre producteurs, y compris dans les zones rurales.
Ce qui a commencé comme un petit forum sur la plateforme de médias sociaux Clubhouse
pendant la pandémie de Covid est maintenant devenu un groupe WhatsApp avec plus de 50
participants.
"Nous avons des agriculteurs de Côte d’Ivoire, du Burkina Faso, de Gambie et du Mali", assure
Mme Faye, se réjouissant que le groupe, malgré les distances, permette un partage des
connaissances à l’échelle panafricaine.
"Je trouve merveilleux que nous puissions nous faire confiance et que les médias sociaux
nous aient permis de créer ce réseau", dit-elle.

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