Les nouvelles formes de gouvernance invoquées par certains pouvoirs publics africains imposent doivent amener les autorités concernées à "refuser toute forme d’ingérence" de l’industrie du tabac dans la définition de leur politique de développement, a soutenu, jeudi à Dakar, le président de la Ligue sénégalaise de lutte contre le tabac (LISTAB), le docteur Abdoul Aziz Kassé.
"La première recommandation pour cette gouvernance c’est qu’elle s’éloigne de l’ingérence de l’industrie du tabac qui fera tout, par des stratégies et des tactiques éprouvées pour arrêter le processus de lutte contre le tabac", a-t-il dit.
Il mettait en évidence les différents points d'un rapport de l’Académie nationale des sciences et techniques du Sénégal (ANSTS) sur "le contrôle du tabac en Afrique", un document présenté lors d'une cérémonie officielle tenue au Conseil économique, social et environnemental (CESE).
Selon le président de la LISTAB, ''le tabac n'est pas qu’un problème de santé public, c’est d'abord un problème économique et social (..), donc il nuit au développement (...) et pour cela il faut une gouvernance'' devant amener les autorités africaines à s'engager "résolument dans un cadre structuré pour la lutte contre le tabac''.
Depuis le vote d'une loi pour la lutte contre le tabagisme au Sénégal, "l’industrie du tabac est dans la désinformation", a expliqué Abdoul Aziz Kassé. Il a insisté sur le fait que "la gouvernance de nos pays doit refuser toute forme d’ingérence de l’industrie du tabac dans la définition de nos agenda politiques et nos politique de développement".
"La loi a été voté en mars 2014, dans les quinze jours qui ont suivi, elle a été promulguée et la semaine qui a suivi, cette loi elle a été publié au journal officiel (…) Je ne crois pas qu’un pays aurait pu aller aussi vite que le Sénégal, mais il y a comme dans toute œuvre humaine des insuffisances que nous saurons trouver et corriger", a indiqué M. Kassé.
Le rapport sur ce sujet a élaboré sur demande du Réseau des académies nationales des sciences et techniques d’Afrique (NASAC, en anglais) qui a pour ce faire réuni un groupe de 16 experts, originaires de 8 pays africains en Ouganda, a-t-il rappelé.
Parmi les autres recommandations contenues dans ce rapport, M. Kassé a cité l’interdiction de la publicité, de la promotion et du parrainage, ce qui devrait amener à donner aux jeunes "une information contradictoire" sur le tabagisme.
"L’industrie du tabac aux Etat-Unis dépense plus de 6 milliards de dollars chaque année pour faire croire que le tabagisme, ce n’est pas grave et donc ces publicités, promotions et parrainages ciblaient de façon très précise les jeunes et les femmes", a-t-il signalé.
Il a également évoqué la nécessité d’une hausse taxes appliquées au tabac, pour aboutir à une diminution du nombre de fumeurs et donc de malades. Il est aussi préconisé des mesures relatives à la délimitation d'espaces non-fumeurs.