Le nouveau pouvoir sénégalais a contraint les fabricants de farine locaux à appliquer les tarifs qu'il a fixés pour baisser le prix du pain, dans le premier conflit avec des industriels engagé par les nouvelles autorités depuis leur prise de fonctions début avril.
Les fabricants de farine, réunis dans l'Association des meuniers industriels du Sénégal (Amis), ont réagi mardi aux injonctions du gouvernement en "invitant" leurs sept entreprises "à reprendre leurs activités de production" le même jour, dans un communiqué.
L'Amis avait annoncé dimanche "un arrêt provisoire" de la production de farine boulangère à compter du lundi 24 juin "pour éviter une vente à perte", dans un communiqué.
Elle avait estimé que la décision des autorités de baisser de 4.000 FCFA (6,10 euros) le prix du sac de farine de 50 kg rendait "difficile la viabilité économique pour les meuniers".
Le gouvernement avait annoncé vendredi cette baisse, devant accompagner celle du prix de la populaire baguette de pain de 190 grammes, passée de 175 FCFA à 150 FCFA, soit une diminution de 25 FCFA (0,038 euro).
Les prix du riz brisé, de l'huile rafinée, du ciment et du sucre cristallisé sont aussi concernés par ces mesures de baisse.
Le gouvernement les avait dimanche soir "mis en demeure" les fabricants de farine locaux "de poursuivre (leurs) activités de production, dans le respect des prix nouvellement arrêtés", et menacé de prendre "toutes ses responsabilités, sans exclure aucune option", dans un communiqué.
L'Amis a indiqué mardi sa "décision d'arrêter la production "était une invite au gouvernement à clarifier les mécanismes de subvention afin de ne pas mettre en péril l'activité des industriels", dans son communiqué.
Le nouveau président Bassirou Diomaye Faye, investi début avril après sa victoire au premier tour fin mars face au candidat du pouvoir et Premier ministre Amadou Bâ, avait promis durant la campagne de lutter contre le coût élevé de la vie dans le pays ouest-africain, qui
importe l'essentiel de sa consommation.
La pauvreté touche au moins un Sénégalais sur trois, avec un chômage officiellement aux environs de 20%, des inégalités persistantes et une inflation élevée.
Vulnérable aux chocs extérieurs du fait de faiblesses structurelles, le Sénégal a été durement affecté par la pandémie de Covid-19 et les retombées de la guerre en Ukraine.
Pour baisser les prix, le gouvernement entend renoncer à la perception d'"impôts et de droits de douanes" dus par les importateurs, a expliqué le ministre chargé du Budget Cheikh Diba.