Les nouveaux prix du pain et du ciment ne pourraient pas entrer en vigueur, car les mesures annoncées par l’État en vue de leur réduction n’ont pas été notifiées aux meuniers et aux fabricants de ciment, ont soutenu des professionnels des circuits de distribution de ces deux produits, lundi, à Dakar.
Le gouvernement et le Conseil national de la consommation (CNC) ont annoncé une baisse des prix de plusieurs denrées de consommation courante, dont le ciment et le pain.
Le prix de la baguette de pain de 190 grammes, la plus commercialisée, passe de 175 à 160 francs CFA.
L’État annonce avoir suspendu le paiement d’une taxe sur le ciment pour permettre aux cimentiers de réduire de 2.000 francs CFA le prix de la tonne.
Le gouvernement déclare avoir réduit de 4.000 francs CFA le prix du sac de 50 kilos de farine pour permettre aux boulangers de vendre la baguette de pain de 190 grammes à 160 francs CFA.
Ces mesures sont censées entrées en vigueur ce lundi, selon le CNC, une instance que préside le ministre de l’Industrie et du Commerce.
‘’Les meuniers se sont concertés ce matin [pour] stopper la vente de la farine, car nous avons eu effectivement un différend. Nous saluons la volonté des autorités de réduire le prix du sac de farine à 15.200 francs CFA. Cependant, les industriels que nous sommes n’avons reçu aucune garantie, aucun échange écrit nous disant de quelle manière la baisse de 4.000 francs sera financée’’, a soutenu Franck Bavard, le directeur général adjoint des Grands Moulins de Dakar, un important fournisseur de farine et de blé.
‘’Nous avons reçu verbalement une information relative à l’abandon de droits de douane […] Nous avons besoin aussi de savoir [ce qu’on fera des] stocks de blé et de farine que nous avons dans nos usines. Les droits de douane ont déjà été payés sur ces stocks’’, a ajouté M. Bavard lors d’une conférence de presse du Conseil national du patronat du Sénégal (CNP).
Il estime que ‘’c’est comme si [les meuniers seront] emmenés à subventionner [eux-mêmes] le prix du pain’’. ‘’Nous sommes désolés […] La marge bénéficiaire des meuniers est très basse’’, a argué Franck Bavard.
Il assure les autorités de l’‘’engagement’’ et de la ‘’volonté’’ des meuniers de ‘’soutenir’’ la baisse des tarifs, tout en estimant que l’État doit prendre en compte les droits de douane payés pour le blé déjà importé. ‘’Nous espérons que l’État fera rapidement une proposition écrite, qui permettrait d’enrayer ce flou.’’
Ousmane Mbaye, le directeur général de Dangote Cement Senegal, l’un des principaux fabricants de ciment du pays, a aussi des soucis quant à la baisse du prix de cette denrée.
‘’Nous attendons le décret et l’arrêté ministériel fixant le nouveau prix. Nous ne vendons plus parce que tout le monde (la clientèle) s’attend à cette baisse annoncée. Mais personne ne peut vendre à ce tarif, si le décret et l’arrêté ministériel qui le fixent ne sont pas rendus publics’’, a argué M. Mbaye en intervenant à la conférence de presse au nom du Syndicat des professionnels des industries du Sénégal.
Baïdy Agne, le président du CNP, commentant la baisse des prix, soutient que ‘’les politiques […] de subvention ne marchent pas’’.
‘’Nous invitons l’État à […] soutenir les plus vulnérables et à éviter de subventionner des prix pour des gens qui n’en ont pas besoin’’, a-t-il dit.
Le Conseil national du patronat du Sénégal va organiser ses prochaines ‘’assises de l’entreprise’’ jeudi et vendredi prochains à l’hôtel King Fahd de Dakar.
ESF/AKS/SBS/ASB