Le Comité permanent inter-Etats de lutte contre la sécheresse au Sahel (Cilss) a publié un rapport régional 2024 sur la sécurité alimentaire et nutritionnelle au Sahel et en Afrique de l’Ouest. Il a été constaté, concernant l’insécurité alimentaire aiguë sur la période mars-mai de cette année, que ce sont 2% de la population du pays qui étaient en «Phases Ch 3 à 5, une amélioration par rapport à la même période en 2023».
Par Dieynaba KANE – Les données sur la sécurité alimentaire en 2024 montrent une amélioration par rapport à l’année dernière. Le rapport régional 2024 sur la sécurité alimentaire et nutritionnelle au Sahel et en Afrique de l’Ouest, publié par le Comité permanent inter-Etats de lutte contre la sécheresse au Sahel (Cilss), révèle, concernant l’insécurité alimentaire aiguë sur la période mars-mai de cette année, que ce sont 2% de la population du pays qui était en «Phases Ch 3 à 5, une amélioration par rapport à la même période en 2023». Il faut préciser que la phase 3 correspond à celle où «les ménages ont des déficits alimentaires qui se reflètent par des taux de malnutrition aiguë élevés ou supérieurs à la normale ou sont marginalement capables de couvrir le minimum de leurs besoins alimentaires en épuisant les avoirs relatifs aux moyens d’existence ou en employant des stratégies d’adaptation de crise». Et la phase 4 correspond à celle où «les ménages ont de larges déficits alimentaires, ce qui résulte en une malnutrition aiguë très élevée ou une mortalité excessive, ou sont capables de mitiger les larges déficits alimentaires employant des stratégies d’adaptation d’urgence et en liquidant leurs avoirs». Dans le rapport du Cilss, il est indiqué que cette année, «à peine 300 personnes étaient en urgence (Phase Ch 4)». Et «aucun département au Sénégal n’est classé en Phase Ch 3». Les auteurs du document, qui ont fait des projections concernant la période juin-août de cette année, prévoient que «0, 5 M de personnes (3% de la population du pays)» est en «Phases Ch 3 à 5». Ce qui, d’après eux, est «une amélioration par rapport à la même période en 2023». Dans le même document, il est souligné que «près de 11 900 personnes seraient en urgence (Phase Ch 4)». Et les auteurs du rapport d’ajouter : «Deux départements dans l’Est du pays étaient projetés en Phase Ch 3.» Faisant une comparaison avec les données de l’année précédente, ils révèlent que «le Sénégal a été défini pour la première fois comme une crise alimentaire majeure en 2023 puisque le nombre de personnes en Phases Ch 3 à 5 a dépassé 1 million, marquant le niveau d’insécurité alimentaire aiguë le plus élevé dans le pays dans l’histoire du Cadre harmonisé». Poursuivant leur analyse, ils renseignent que dans le cadre de l’évolution de la crise alimentaire, «le Sénégal a été identifié comme une crise alimentaire dans toutes les dernières cinq années, car il nécessitait une aide extérieure pour répondre aux chocs économiques et aux conditions météorologiques extrêmes». «Le pourcentage de la population analysée en situation d’insécurité alimentaire aiguë élevée variait entre 3 et 7 pour cent», fait-on savoir dans le rapport.
Dans son document, le Cilss est revenu sur les facteurs déterminants. Ainsi, il est relevé les chocs économiques avec «l’inflation et la hausse des prix des céréales de base» qui «continuent d’impacter négativement la sécurité alimentaire en 2024 (CH, mars 2024)». Ce, expliquent les experts : «Bien que l’inflation générale de 3 pour cent en mars 2024 soit encore loin du pic de 14 pour cent observé en novembre 2022, la tendance à la baisse de l’inflation observée en 2023 s’est inversée en 2024, les taux étant à nouveau en hausse (Wfp, avril 2024).» Par rapport à la moyenne quinquennale, déclarent-ils, «les prix des céréales ont augmenté de plus de 20 pour cent, entravant ainsi la capacité des ménages à se procurer des régimes alimentaires adéquats et nutritifs». S’agissant toujours de l’analyse de cette situation, les auteurs du rapport, qui se sont aussi penchés sur «les phénomènes météorologiques extrêmes», renseignent que des «conditions climatiques favorables ont contribué à une amélioration des rendements agricoles légère par rapport à la campagne précédente et significative par rapport à la moyenne quinquennale, en particulier pour le maïs et le mil». Cependant, regrettent-ils, «la faible disponibilité de fourrage en 2023 persiste en 2024, notamment dans le Nord du pays, ce qui entraîne une soudure pastorale précoce et pourrait engendrer le risque de conflits entre éleveurs et agriculteurs liés à l’augmentation de la transhumance».
La malnutrition aiguë demeure une inquiétude
Pour ce qui est de la malnutrition aiguë, le Cilss note dans son document que «les inquiétudes persistent en raison de l’absence de récentes enquêtes nutritionnelles, dans un contexte d’augmentation des niveaux d’insécurité alimentaire aiguë depuis 2022».
Selon cet organe sous-régional qui s’est référé à un document de 2023, «les niveaux de malnutrition aiguë chez les enfants de moins de 5 ans ont dépassé le seuil d’urgence de 15 pour cent dans plusieurs régions (Ch, mars 2023)».
dkane@lequotidien.sn