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En Afrique, les start-up s’attaquent aux besoins négligés du continent
Publié le vendredi 31 mai 2024  |  AFP
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© Autre presse par DR
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"Healthtech", "Foodtech", "Fintech": les start-up africaines, en plein essor malgré des difficultés de financement, explorent chaque piste pour répondre à des besoins locaux qu’elles estiment peu pris en compte par les compagnies étrangères au continent.

Jean-Charles Mendy a créé il y a trois ans une application permettant à la diaspora sénégalaise de contrôler l’argent qu’elle envoie aux proches restés au Sénégal, en réglant directement leurs factures d’électricité, de télécoms ou en fournissant des bons d’achat dans des supermarchés.

"Le marché de l’envoi d’argent par les Africains de la diaspora est énorme" dit à l’AFP cet entrepreneur sénégalais de 40 ans.
En 2023, les transferts vers l’Afrique subsaharienne ont dépassé les 50 milliards de dollars, selon la Banque mondiale. "Ils trouvent qu’ils se sacrifient beaucoup et parfois l’argent est détourné, comme s’ils étaient des vaches à lait", ajoute l’entrepreneur.
"Si vous n’êtes pas Sénégalais, vous n’imaginez pas que c’est une problématique. Toutes les solutions mises en place sont une combinaison de solutions européennes utilisées pour répondre à un besoin africain, grâce à la tech", explique-t-il lors du salon Gitex de la technologie et des start-up africaines, qui rassemble 1.500 exposants jusqu’à vendredi à Marrakech, au Maroc.

Selon la Société financière internationale, organe de la Banque mondiale, l’écosystème des start-up numériques africaines connaît l’une des croissances les plus rapides au monde, particulièrement forte dans les paiements mobiles.
Mais les disparités sont grandes sur le continent, le passage au numérique y est encore trop faible et les financements difficiles, entraînant une fragilité.
Le fonds Partech indiquait en janvier que l’écosystème technologique africain avait levé 3,5 milliards de dollars (3,2 milliards d’euros) en 2023, 46% de moins qu’en 2022, et connu une diminution de 50% du nombre d’investisseurs actifs.

- Prise de conscience -
Lorsque la start-up tanzanienne Maua Mazuri a été fondée en 2020, les investisseurs occidentaux "ne comprenaient pas le besoin" exposé par l’entreprise, qui utilise la biotechnologie pour accroître les rendements des bananeraies, raconte Bennie Mmbaga, 28 ans, chargé des investissements.

"En Afrique de l’Est, les bananes sont utilisés pour tout", et si la Tanzanie dispose d’une des plus grandes superficies de bananeraies au monde, les rendements tombent loin derrière d’autres pays et sont affectés par un virus qui sévit depuis 2020, explique-t-il.
Sa start-up aide 1.000 agriculteurs avec des semences résistantes.
"Maintenant que nous engrangeons 655.000 dollars de recettes par an, les investisseurs se rendent compte qu’il y a un besoin", dit-il.

Les technologies de la santé sont un autre secteur porteur en Afrique, où plus de la moitié des 1,4 milliard d’habitants vivent dans la pauvreté et sont dépourvus de couverture médicale, d’après la Commission économique de l’ONU pour l’Afrique (CEA).
"Les gouvernements ne dépensent que 6% de leur PIB dans les soins de santé, contre 9-10% dans les pays européens. Il faut faire quelque chose", a plaidé au Gitex, Mactar Seck, chef de la section technologies et innovation de la CEA.

- Infirmiers et médicaments à domicile -
Renee Ngamau a co-fondé Checkups, entreprise qui déploie des équipes médicales jusque dans les zones reculées du Kenya et de Juba (Soudan du Sud).
A travers son application mobile, un patient peut à la fois obtenir une couverture médicale abordable, sans conditions d’âge ni d’antécédents, et un micro-prêt auprès d’une banque partenaire, contacter l’infirmier le plus proche et surtout en faire bénéficier son entourage.
"Nous comprenons notre écosystème, la famille africaine est structurée diféremment, donc nous permettons aux bénéficiaires de partager leurs droits avec n’importe qui d’important, un parent ou un voisin", explique l’entrepreneuse de 53 ans.

A Kinshasa, Ulrich Kouesso, médecin et entrepreneur, a lancé l’application Lukapharma pour cartographier les pharmacies et permettre à un patient de trouver le médicament dont il a besoin.
La start-up congolaise veut contrer un problème triple: l’épuisement de médicaments onéreux, notamment anticancéreux, le phénomène des "fausses pharmacies" qui opèrent
sans licence, et la perte de temps pour parcourir les oficines dans la mégapole de plus de 15 millions d’habitants.

"Les gens ne sont pas conscients du potentiel que peut apporter la technologie dans la résolution de leurs problèmes", estime M. Kouesso.
"Sachant que la population congolaise est d’environ 100 millions, imaginez le potentiel de vies qu’on peut sauver avec une application pareille", ajoute-t-il: "Mais aussi le potentiel en termes d’afaires!".

cgo/fka/cn/bfi
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