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Le tirailleur Oumar Diémé portera en France la flamme de l’olympisme et du souvenir
Publié le mardi 28 mai 2024  |  AFP
Réception
© aDakar.com par PMD
Réception des neuf (9) anciens combattants au Palais de la République
Dakar, le 29 avril 2023 - De retour au Sénégal, les neuf (9) tirailleurs sénégalais ont été reçus par le président de la République qui les a élevés à la dignité de Grand Officier dans l’Ordre national du Lion.
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Dans son village du sud du Sénégal, l'ancien tirailleur Oumar Diémé voit comme un prodige la
perspective de porter à plus de 90 ans la flamme olympique en France, lui le "rescapé" des
guerres de décolonisation françaises.
Elégant dans son boubou vert olive, médailles et décorations sur la poitrine, Oumar Diémé
songe à ceux qui ont porté l'uniforme français lors des deux Guerres mondiales ou, comme
lui, en Indochine et en Algérie, et qui ne sont pas revenus.
"Beaucoup de collègues (y) sont restés. D'autres sont revenus mutilés (ou) ne sont plus",
médite-t-il, silhouette menue surmontée d'un calot bleu auquel est épinglé son grade de
sergent.
Une vingtaine d'hommes de Badiana, son village de Casamance, ont servi avec des fortunes
diverses dans le corps des tirailleurs sénégalais jusqu'à sa dissolution dans les années 1960,
dit-il en français, assis sur une chaise en plastique, entouré des siens à l'ombre des fromagers
et des manguiers dont les branches s'entrelacent au-dessus des maisons décaties en banco.
Lui a "eu la baraka", de la chance. "Je suis le seul rescapé. Le choix de ma personne est un
miracle", dit-il.
Oumar Diémé fera partie des porteurs de la flamme quand elle traversera la Seine-Saint￾Denis fin juillet, peu avant la cérémonie d'ouverture des Jeux programmée le 26. Ce
département situé au nord-est de Paris, il y a vécu, dans un foyer à Bondy, avant de revenir en
2023 au Sénégal. 
Et les organisateurs du relais de la flamme ont retenu la proposition de l'intégrer émanant du
département. 
Le président du département de Seine-Saint-Denis, Stéphane Troussel, parle auprès de l'AFP
d'un "travail de mémoire indispensable" car, dit-il "les tirailleurs sénégalais ont trop
longtemps été les oubliés de notre mémoire collective".
Oumar Diémé n'avait jamais entendu parler de la flamme. Il a dit oui quand même, mais
"compte tenu de mon âge, je voudrais être accompagné par mon fils".
- Rattrapé par l'indépendance -
M. Diémé est un des milliers d'Africains à s'être battus dans le corps des tirailleurs sénégalais,
créé en 1857. Ils venaient en fait des colonies françaises en Afrique subsaharienne, et pas
seulement du Sénégal.
Il s'est enrôlé le 6 mars 1953 après avoir fui la Gambie voisine où son père l'avait envoyé
étudier le Coran parce qu'il le voulait imam, comme lui. Faute d'état-civil, les recruteurs lui
ont donné 20 ans. Il pense en avoir au moins un de plus.
La même année, il s'est porté volontaire pour l'Indochine, où la France coloniale soutenue
par les Etats-Unis combattait le Viêt Minh indépendantiste soutenu par la Chine. Il avait vu
"les gens revenir avec des médailles et des décorations, ça me plaisait".
Là-bas, il a vu tomber 22 hommes de sa compagnie dans une embuscade, raconte-t-il. Il se
rappelle aussi comment l'encerclement de Diên Biên Phu l'a empêché d'y arriver avec ses
camarades avant la défaite décisive des troupes de l'Union française en 1954.
Rentré au Sénégal, il en est reparti en 1959 pour la guerre d'indépendance de l'Algérie
(1954-1962). C'est là qu'il a appris l'indépendance du Sénégal en 1960.
Rapatrié, il a été reversé dans l'armée du Sénégal et a pris sa retraite à 36 ans. Il a été garde à
l'Université de Dakar puis coursier dans une banque de la capitale jusqu'en 1988. Puis il s'est
établi en France.
- Symbole -
Lui et d'autres anciens tirailleurs vivant à Bondy ont dû à nouveau livrer bataille, à l'Etat
français cette fois. Il a fini par obtenir la nationalité française. En 2023, le gouvernement
français a accordé aux derniers tirailleurs le droit de continuer à toucher le minimum
vieillesse de 950 euros par mois sans devoir passer la moitié de l'année en France.
Les autorités françaises chifraient alors à 37 le nombre de tirailleurs vivant en France.
Oumar Diémé et d'autres sont rentrés. Depuis, il alterne entre son village natal, où il achève
la construction d'une vaste maison en dur, et la capitale où vit une de ses deux épouses et
mères de nombreux enfants.
"Je suis très heureux d'être au milieu de ma famille. (En France) j'étais enfermé dans une
chambrette de 17 mètres carrés. Je ne voyais personne. Dans ce village, tout le monde
m'aime", dit-il, le visage radieux.
Le choix de M. Diémé pour porter la flamme consacre les eforts d'Aïssata Seck, élue de Bondy et présidente d'une association pour la mémoire des tirailleurs.
"C'est un beau symbole, encore plus aujourd’hui avec une actualité extrêmement dificile et
la banalisation du racisme sur les réseaux sociaux, cela permet de montrer la richesse et la
diversité de la France", dit-elle.

mrb-amd/lal/hpa
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