Le ministre sénégalais de la Justice a indiqué que des « poursuites » seraient bientôt initiées contre les personnes prises la main dans le sac par les organes de contrôle des fonds publics.
Au Sénégal, les responsables publics dont la gestion a été décriée dans les rapports des organes de vérification ont du souci à se faire. Le ministre de la Justice, Ousmane Diagne, a confié vendredi 24 mai que la machine judiciaire ne tarderait pas à être lancée pour les inviter à répondre de leurs actes.
« La finalité d’un rapport, dès lors que ses auteurs préconisent des poursuites, ne saurait être que des poursuites qui seront initiées et confiées à des magistrats indépendants expérimentés appelés à décider de la suite à donner et éventuellement des peines à distribuer », a soutenu le garde des Sceaux, ministre de la Justice, dans un entretien accordé vendredi à l’Agence de presse sénégalaise (APS).
« La plupart des corps de contrôle, à commencer par la Cour des comptes, dans leurs conclusions, ont demandé des poursuites. Il appartiendra aux organes de poursuite, en particulier les services du procureur de la République et du Parquet d’examiner les rapports au cas par cas, et d’apprécier la suite à donner », a souligné M. Diagne, magistrat qui a eu à diriger le parquet de Dakar.
Ces derniers jours, la Cour des comptes et l’Office national de lutte contre la fraude et la corruption (Ofnac) ont publié plusieurs rapports d’enquête sur la gestion financière de nombreux services de l’administration publique. Ils ont épinglé un certain nombre de faits, qui pourraient relever entre autres de la faute de gestion au détournement de fonds publics, en passant par l’escroquerie et la corruption, des infractions punies par la loi.
Les publications desdits rapports ont été demandées par le nouveau président de la République, Bassirou Diomaye Faye, élu il y a deux mois. Son prédécesseur Macky Sall, qui a passé douze ans au pouvoir, avait confié lors d’une rencontre avec la presse, en décembre 2020 qu’il avait délibérément placé des rapports d’enquête des corps de contrôle « sous le coude ».
L’ancien chef de l’Etat expliquait qu’il voulait éviter que l’arrestation de certains dignitaires épinglés ne déclenche des manifestations violentes. Cette formule est restée depuis lors dans au travers des gorges et était reprise par ses adversaires pour critiquer sa gestion et l’immixtion du pouvoir exécutif dans la justice.