L’agroéconomiste sénégalais Ibrahima Sène, membre du Parti de l’indépendance et du travail (PIT) du Sénégal a préconisé samedi à Dakar, la sortie des pays africains de la Zone franc qui comprend 15 Etats ayant en commun le Franc CFA.
« La France nous tient par le FCFA qui est garantie par elle à travers son Trésor public où se trouve un compte d'opération dans lequel sont logés 50% de nos réserves extérieures », avance M. Sène s'exprimant lors d'un panel organisé par le bureau régional de l'Afrique de l'Ouest de la Fondation Rosa Luxemburg sur le thème « quelle politique économique pour la gauche au Sénégal ».
Selon lui, pour l'ensemble des pays de l'Union économique et monétaire ouest africaine (UEMOA), les réserves effectivement constituées au 15 septembre 2012 s'élevaient à 1.303,9 milliard FCFA alors que les réserves requises sont de 539,9 milliards FCFA, soit une différence de 764 milliards FCFA qui sont hors de contrôle des pays de l'UEMOA.
« Ces 764 milliards qui ne participent pas à la garantie du FCFA, sont pourtant restés dans le Trésor français pour participer au financement de son déficit budgétaire, au moment où nos Etats se tournent vers les marchés financiers pour financer le leur », affirme M. Sène.
Il préconise donc la création d'une Banque centrale unique des pays africains où seront logés les réserves du Compte d'opération du Trésor français, une monnaie commune, un fonds monétaire et une banque de développement communs.
Concernant le Sénégal, il soutient que toute politique de gauche devra être axée sur le recouvrement de la souveraineté économique.
« Notre réponse de gauche devrait être, dans le court terme, la création d'une puissante banque nationale de développement à partir des immenses réserves de la Caisse de dépôts et consignation (CDC).
De l'avis toujours de M. Sène, il faut une prise de contrôle du secteur bancaire au Sénégal (contrôlé à 72% par les étrangers) et des assurances par l'Etat et les entrepreneurs nationaux dans le cadre d'un partenariat public-privé (PPP).
« Mais ce partenariat ne saurait être à l'exemple de la Banque nationale de développement économique (BNDE) que les nouvelles autorités viennent de mettre en place avec une participation de 75% pour le privé national et 25% pour l'Etat ».
De l'avis de M. Sène, cette répartition est à la limite
« une politique de simple substitution du privé étranger par le privé national qui ne peut ne pas vouloir maximiser ses gains comme la logique entrepreneuriale l'exige ».