Désormais « sous l’autorité du Premier ministre », les ministres voient-ils leur marge de manœuvre se réduire ? Cette réforme interroge certains commentateurs avisés de la vie politique sénégalaise.
Depuis la publication début avril des premiers décrets du gouvernement, la question d’un renforcement des pouvoirs du Premier ministre Ousmane Sonko est au cœur des débats. Selon ces textes officiels, les ministres sont désormais « placés sous l’autorité directe du premier ministre ».
Cette nouvelle formulation interpelle des figures politiques comme Abdoul Mbaye, ancien Premier ministre. Selon lui, cette disposition pourrait avoir des conséquences en termes de responsabilités pénales. Avec ce changement, le chef du gouvernement pourrait directement être responsable, par exemple, dans le cadre d’un faux rapport d’un ministre », a déclaré M. Mbaye sur sa page Facebook.
Mamadou Thiam, ancien coordinateur de la communication de la présidence sénégalaise entre 2012 et 2019, partage ces interrogations. « Est-ce que cette nouvelle formulation ne renforce pas les pouvoirs du Premier ministre, qui devient désormais la seule autorité à qui les autres ministres doivent rendre compte? », s’est-il demandé lors d’un entretien avec RFI.
Pour le ministre de la Formation professionnelle Amadou Moustapha Ndieck Sarré, porte-parole du gouvernement, il n’y a pas lieu de polémiquer. « Le Premier ministre est le chef d’orchestre du gouvernement, et les ministres en sont les musiciens. Il est aussi le seul à rendre des comptes directement au président de la République », a-t-il déclaré.