En Allemagne, la légalisation partielle du cannabis à des fins récréatives est entré en vigueur ce lundi 1er avril.
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Désormais, les plus de 18 ans peuvent désormais cultiver jusqu’à trois plans pour leur usage personnel et acheter du cannabis, jusqu’à 25 grammes par jour maximum, par le biais d’associations à but non lucratif. Une réforme promue par l’actuel gouvernement malgré de nombreuses critiques de l’opposition, des médecins et des juristes.
Des certaines de partisans de la légalisation ont manifesté et fumé leurs premiers joints légaux, le dimanche 1er avril après minuit, pour saluer une réforme qu’ils attendaient depuis longtemps.
Mais les règles sont nombreuses et tout n’est pas encore clair. Les contrôles risquent donc d’être impossibles ou très compliqués. D’abord, commente notre correspondant à Berlin, Pascal Thibaut, le cannabis récréatif est légalisé, mais pour l’instant, il n’y a que les dealers qui peuvent en fournir. Car les clubs où l’on pourra s’achalander après y avoir adhéré ne fonctionneront qu’à compter du 1er juillet. Depuis quelques heures, on peut en revanche légalement commander en ligne des graines pour faire pousser jusqu’à trois plants par personne sur son balcon mais cela demande un peu de patience.
Désormais, on peut légalement se promener dans la rue avec 25 grammes de cannabis dans sa poche. Et on peut en avoir 50 grammes à la maison. Mais attention, pas de consommation à moins de 100 mètres des écoles et jardins d’enfants et dans les zones piétonnes. La police a déjà bricolé des cartes spéciales. Elle aura donc besoin de petites balances de précision pour savoir si la quantité autorisée est respectée. Et pour les 18-21 ans qui n’ont droit qu’à un cannabis light, la maréchaussée devra vérifier en théorie sa consommation chimique. Et les tests pour les conducteurs ne sont pas disponibles.
Lutter contre le trafic
Les juges, eux, vont devoir rouvrir 200 000 dossiers en raison de l’amnistie prévue par la nouvelle loi.
L’un des objectifs du gouvernement allemand est de mieux encadrer la consommation de drogues, mais l’intention est aussi de lutter contre le trafic et les crimes organisés. Et sur ce dernier point, les expériences ailleurs dans le monde sont peu concluantes, comme l’explique le spécialiste de la criminalité internationale Michel Gandilhon, membre du conseil d’orientation scientifique de l’Observatoire des criminalités internationales et auteur du livre, Drugstore, Drogues illicites et trafics en France. « L’objectif, c’est de soustraire ce marché aux organisations criminelles, c’est-à-dire les affaiblir. Sauf que, ce que l’on voit, c’est qu’on ne le soustraira pas dans son intégralité, il persistera probablement un marché illégal, pointe-t-il. Au Colorado, par exemple, un État très libéral sur le plan de la légalisation, 30% du marché est encore aux mains des organisations criminelles. Ça reste quand même une proportion significative. En revanche, les cartels mexicains ont vu le marché criminel du cannabis baisser, puisqu’il a été confié à des entreprises privées. Mais les organisations criminelles ont profité de la crise des opioïdes, on assiste notamment à un retour de l’héroïne, donc beaucoup d’organisations se sont rebattues sur le trafic d’héroïne. »