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Sénégal: à la découverte du « Projet » du candidat Bassirou Diomaye Faye
Publié le mardi 12 mars 2024  |  Agence de Presse Africaine
PASTEF
© aDakar.com par MC
PASTEF a choisi Bassirou Diomaye Faye pour la campagne de parrainage populaire pour la Présidentielle de 2024
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En l’absence d’Ousmane Sonko, c’est Bassirou Diomaye Faye qui a été désigné pour porter le « Projet » Pastef à la Présidentielle de mars 2024.

Il fait partie des 19 candidats retenus par le Conseil constitutionnel pour disputer la première manche de la Présidentielle prévue le 24 mars après un report du scrutin du 25 février.

Désigné par Ousmane Sonko, le leader du parti dissous Patriotes africains du Sénégal pour le travail, l’éthique et la fraternité (Pastef), empêché à cause de sa condamnation pour diffamation en correctionnel à deux mois avec sursis, une peine alourdie par la Cour d’appel à six mois avec sursis, Bassirou Diomaye Faye, également en prison depuis mai 2023 pour avoir critiqué la magistrature, a failli ne pas passer l’épreuve fatidique des parrainages.

Il a dû régulariser plus de 4000 doublons internes pour être « validé » par le Conseil constitutionnel le 12 janvier dernier. Confirmée sur la liste définitive publiée par les sept sages huit jours plus tard, le secrétaire général de la formation dissoute de Sonko est officiellement candidat à l’élection présidentielle.

Dans son projet « pour un Sénégal souverain, juste et prospère », le candidat Bassirou Diomaye Faye fait savoir que la vision de son équipe « est de faire du Sénégal une nation juste, prospère, souveraine et ancrée dans des valeurs fortes. » « Cette vision prône la nécessité de trouver de nouvelles voies de développement économique et social du Sénégal se fondant sur les valeurs que sont : le patriotisme, le travail, l’éthique et la fraternité ».

Ce projet s’articule autour de cinq axes englobant quinze orientations. Dans le premier axe qui s’occupe du renouveau institutionnel et d’un engagement africain, la Coalition Diomayeprésident propose des réformes majeures partant de l’instauration d’un « pouvoir exécutif responsable et la réduction des prérogatives proéminentes du président de la République ».

Cela passera par l’instauration de la « responsabilité politique du président de la République en introduisant la procédure de destitution pour manquement grave dont le contenu sera précisé ». Le candidat qui a été désigné par Ousmane Sonko pour porter le « Projet » Pastef promet d’inaugurer le poste de vice-président qui sera élu en tandem avec le président de la République » et de supprimer le poste de Premier ministre.

« Les prérogatives de chacune des deux têtes de l’exécutif seront clairement réparties », précise le texte de 84 pages parvenu à APA. Le troisième président de la République du Sénégal, Me Abdoulaye Wade avait institué le poste de vice-président supprimé par son successeur, Macky Sall, après son arrivée au pouvoir en 2012.

« Pour une véritable intégration sous régionale et africaine », Diomaye Faye envisage de porter une « initiative de réforme de la Cédéao à travers le renforcement du Parlement de la communauté de la cour de justice de la Communauté et une atténuation de la prépondérance de la Conférence des chefs d’Etat et de gouvernement ». « Nous mettrons en place un véritable programme de coopération décentralisé impliquant les Etats ouest-africains », ajoute le projet, précisant que cette coopération sera entretenue par « l’organisation de foires commerciales au niveau des villes, d’évènements socio-culturels, le jumelage entre villes ouest-africaines ».

Séparer l’exécutif du judiciaire

Au sujet des réformes à mener dans la Justice, le candidat de DiomayePresident entend couper le cordon entre les pouvoirs exécutif et judiciaire. « Nous passerons d’un Conseil constitutionnel à une Cour constitutionnelle » qui sera « au sommet de l’organisation judiciaire ». L’opposant annonce aussi, dans le cadre de la reddition des comptes et le renforcement des corps de contrôle, avoir l’ambition de supprimer les « fonds dits politiques et les remplacer par les fonds spéciaux, votés par l’Assemblée pour les opérations ultra sensibles (armement et mission secrète par exemple). Il sera aussi procédé à l’adoption d’une loi de +protection des lanceurs d’alerte pour encourager la dénonciation prévue par la loi portant code de transparence dans la gestion des finances publiques+ ».

Pour « une économie performante et résiliente sous-tendue par une gestion transparente des finances publiques », la coalition DiomayePresident veut s’appuyer sur « un modèle économique endogène d’industrialisation par substitutions aux importations ».

Une monnaie unique dans le collimateur

Le candidat Bassirou Diomaye Faye entend surtout mener une réforme monétaire pour le financement de « notre économie ». « Nous mettrons en œuvre une réforme monétaire qui permettra à notre pays de se doter de sa propre monnaie », annonce le « Projet ».

Cependant, précise-t-il, « la création d’une monnaie requiert le respect des étapes du process », notant qu’il est préalable de « mettre en place une politique macroéconomique solide, séparer les banques d’affaires aux banques de dépôt, avoir les moyens techniques de création monétaire, démonétiser temporairement l’or, reprofiler la dette publique et annuler la dette privée, régler le déficit commercial, régler les avoirs extérieurs et négocier les comptes d’avances, mettre en place un système d’assurance des dépôts, créer un gendarme de la Bourse, orienter le circuit du Trésor vers les grands travaux, créer une banque centrale avec une indépendance limitée, rendre la monnaie flottante et semi-convertible ».

« Pour une sécurisation du Sénégal et des Sénégalais », la coalition Diomayeprésident veut d’abord « restaurer l’image et la dignité des forces de défense et de sécurité en combattant la corruption et l’inefficacité afin de s’assurer que les ressources sont utilisées de manière efficace par des programmes de moralisation, de motivation et de contrôle des agents mais aussi par la valorisation des salaires des personnes subalternes ».

À propos de la « défense et la sécurité extérieure », le « Projet » s’engage à préserver « les fondamentaux identitaires » des Forces de défense et de sécurité (FDS) avec un « retour à l’orthodoxie militaire afin qu’elles ne servent pas de police politique ». Plus loin, le document annonce un renforcement des moyens aériens de l’armée avec l’acquisition « d’avions de transport stratégique (C130) pour les besoins de nos engagements extérieurs ».

Qui est Bassirou Diomaye Faye ?

Candidat de substitution de Pastef, après l’invalidation de la candidature d’Ousmane Sonko, Bassirou Diomaye Faye est né en 1980 à Ndiaganiao dans le département de Mbour (ouest). Il obtient son baccalauréat en 2000. En 2004, il est titulaire d’une maîtrise en droit et file vers l’Ecole nationale d’administration (ENA) et de la magistrature après avoir été reçu à « tous les deux » deux concours.

L’énarque choisit les Impôts et domaines. Son compagnonnage avec Ousmane Sonko, sorti de la même école, commence au sein du syndicat des Impôts et domaines créé par le président de Pastef en 2014. À la création de cette formation politique, Bassirou Diomaye Faye n’était qu’un simple invité, écrit le site du candidat visité à APA. Très vite, il dirige les cadres de Pastef et se montre très opiniâtre quand il n’est pas d’accord sans être déraisonnable.

Nommé secrétaire général de Pastef-le député Ayib Daffé assure son intérim depuis juillet 2023-, il a été arrêté et placé sous mandat de dépôt en mai 2023 pour avoir critiqué le fonctionnement de la justice sénégalaise.

AC/odl/APA
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