Le camp du candidat emprisonné Bassirou Diomaye Faye à la présidentielle au Sénégal a
rejeté l'idée de discuter avec le chef de l'Etat pour s'entendre sur la date de l'élection, et
exprimé ses réserves devant celle d'une amnistie pour tenter de sortir d'une crise profonde.
Le Sénégal, volontiers vanté pour sa stabilité et ses pratiques démocratiques, traverse l'une
des pires crises politiques de son histoire post-indépendance depuis la décision de dernière
minute annoncée le 3 février par le président Macky Sall de reporter la présidentielle.
Les Sénégalais étaient censés voter dimanche.
La Cour constitutionnelle a déjugé le président Sall et a demandé l'organisation du scrutin
"dans les meilleurs délais".
Malgré les pressions nationales et internationales, le président Sall a suspendu jeudi la
détermination d'une date à un dialogue qu'il a dit vouloir mener lundi et mardi avec les
acteurs politiques et sociaux. Il a invoqué les querelles auxquelles a donné lieu le processus
préélectoral et qui lui font craindre un vote contesté. Il a affirmé la nécessité d'un
"apaisement" et d'un "consensus", et évoqué la possibilité de grâces ou d'une loi d'amnistie
qui reviendrait sur les troubles connus par le Sénégal depuis 2021.
Il a ouvertement envisagé la possibilité de libérations pour les opposants antisystème
Ousmane Sonko et Bassirou Diomaye Faye. Le Conseil constitutionnel a disqualifié M. Sonko
de la présidentielle, mais il a validé la candidature de M. Faye.
La Coalition Diomaye Président refuse de discuter de la date de la présidentielle, a-t-elle dit
dans un communiqué transmis samedi à l'AFP. Elle invoque la demande faite aux autorités
par le Conseil constitutionnel, qui est, selon elle, une "injonction" à organiser l'élection avant
le 2 avril, expiration officielle du mandat du président Sall. Cette exigence est "nonnégociable",
dit la Coalition.
Quant à des mesures de clémence, elle mentionne le grand nombre de personnes tuées et
arrêtées depuis 2021 et "les blessures profondes dans la société sénégalaise (qui) ne peuvent
être reléguées dans l'abîme de l'oubli". "Une société ne se reconstruit pas sur la légalisation
de l'impunité", dit-elle. Le parti dissous de MM. Sonko et Faye s'oppose par principe à
l'amnistie des crimes de sang et des délits économiques.
La Coalition réclame la libération de MM. Sonko et Faye et de toutes les personnes
interpellées en lien avec l'agitation politique.