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Crise politique au Sénégal: des centaines de manifestants des deux bords à Dakar
Publié le samedi 24 fevrier 2024  |  AFP
Manifestation
© aDakar.com par ND. F
Manifestation du Mouvement de défense de la démocratie (M2D)
Dakar, le 8 mars 2021 - La manifestation appelée par le Mouvement de défense de la démocratie (M2D) a regroupé des milliers de personnes avant d`être dispersée par les forces de l`ordre.
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Plusieurs centaines de Sénégalais ont manifesté pacifiquement samedi à Dakar, les uns pour
presser le chef de l’Etat d’organiser la présidentielle avant la fin de son mandat le 2 avril, les
autres pour défendre son bilan et son image écornée par le report de l’élection.
Les Sénégalais étaient censés élire leur cinquième président dimanche 25 février. Le
président Macky Sall a déclenché une onde de choc le 3 février en décrétant un report de
dernière minute.
Le Conseil constitutionnel l’a déjugé depuis. Mais les Sénégalais ignorent toujours quand ils
se rendront aux urnes. Un vaste mouvement politique et citoyen réclame la tenue du scrutin
avant le 2 avril, date de l’expiration officielle du mandat du président Sall.
Des centaines de personnes se sont rassemblées à l’appel de la coalition d’opposition F24 sur
un vaste terrain de sable dans un quartier populaire de Dakar. Dans le tumulte des sifflets et
des cornes, arborant des drapeaux vert, or et rouge du Sénégal, elles ont exigé la tenue du
scrutin.
Le collectif citoyen Aar Sunu Election ("Préservons notre élection") avait appelé à se joindre
au mouvement, tout en cherchant à garder son indépendance.
Quelques heures après, une foule équivalente, elle aussi parée des couleurs nationales, a
marché dans un tintamarre comparable dans un autre quartier plus résidentiel à l’initiative
d’un collectif "Macky dans les coeurs", jusqu’alors inconnu.
Pour Mamadou Dia, 30 ans, étudiant en aménagement du territoire, la date du scrutin
importe peu. Il est venu défendre l’action menée pendant 12 ans par le président Sall, soumis
à des multiples pressions et critiques à quelques semaines de son départ.
"On est là pour montrer à l’opinion nationale et internationale que ce que les gens disent sur
Macky Sall est archifaux. Macky Sall a fait tout ce qu’il devait faire pour le Sénégal", dit-il.
Le ton était radicalement différent à la manifestation du F24. L’exigence d’élection s’est
élargie à la protestation contre le pouvoir et aux slogans pour la libération des opposants
Ousmane Sonko et Bassirou Diomaye Faye, dont les supporteurs étaient les plus visibles et
bruyants.
"Nous voulons des élections, Macky Sall dictateur, Diomaye mooy Sonko" (Diomaye, Sonko,
même combat en ouolof), ont scandé des manifestantes.
"Je manifeste pour une seule chose: que Sonko soit libéré. Que Macky Sall cesse d’utiliser la
force contre les manifestants", a dit à l’AFP Ibrahima Niang, un éboueur de 34 ans, portant
l’un des nombreux posters de M. Sonko exhibés samedi.
- Front du refus -
La préfecture a autorisé la manifestation alors que les autorités ont interdit de nombreux
rassemblements d’opposition ces dernières années.
Les forces de sécurité, autrement promptes à disperser par la force les manifestations non
autorisées, sont restées à l’écart. Les manifestants ont fait la police eux-mêmes en
empêchant deux jeunes de brandir le drapeau de la Russie.
Le pouvoir a affirmé dernièrement sa volonté d’apaisement. Le rectorat a annoncé samedi la
réouverture de l’université, un bastion historique de contestation fermé depuis juin 2023.
Le Sénégal, volontiers vanté pour sa stabilité et ses pratiques démocratiques bien qu’ayant
connu de graves troubles politiques par le passé, reste plongé dans l’une de ses pires crises
depuis l’indépendance en 1960.
La décision du président Sall de reporter l’élection, dénoncée par l’opposition comme un
"coup d’Etat constitutionnel", a provoqué des manifestations qui ont fait quatre morts et
donné lieu à des dizaines d’interpellations.
En opposant leur veto au report, les "Sages" du Conseil constitutionnel ont reconnu
l’impossibilité pratique de voter le 25 février et demandé aux autorités d’organiser le scrutin
dans "les meilleurs délais". Le président s’est incliné. Mais il suspend la détermination d’une
date à un dialogue prévu lundi et mardi avec les acteurs politiques et sociaux.
Nombre de ces acteurs refusent de répondre à l’invitation. Ils réclament la tenue du scrutin
avant le 2 avril, alors que le président Sall a exprimé ses doutes sur la faisabilité d’un tel
calendrier.
Seize des 19 candidats retenus en janvier par le Conseil constitutionnel ont réitéré samedi
leur fin de non-recevoir quand le gouvernement a annoncé par communiqué que le chef de
l’Etat les recevrait lundi à 11H00 (locales et GMT).
Le collectif Aar Sunu, revendiquant plus de cent organisations de la société civile, a annoncé
saisir le Conseil constitutionnel pour qu’il se substitue au chef de l’Etat et fixe la date.
L’opposition accuse M. Sall soit de servir les intérêts de son camp à la présidentielle, soit de
chercher à s’accrocher au pouvoir au-delà du 2 avril après deux mandats. M. Sall n’est pas
candidat à sa réélection. Il a assuré jeudi qu’il partirait le 2 avril.
Il justifie ses positions par la crainte qu’un scrutin contesté ne provoque de nouveaux accès
de violence après ceux de 2021 et 2023.

lal-mrb/cpy
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