Les longues détentions provisoires sont ‘’le problème le plus profond du système répressif sénégalais’’, dans la mesure où elles ont entraîné une ‘’rupture’’ de la confiance des citoyens envers l’administration judiciaire, a relevé, jeudi, à Dakar, le secrétaire général de l’Ordre des avocats du Sénégal, Me Ibrahima Ndiéguène.
‘’La détention provisoire est le problème le plus profond de notre système répressif’’, a soutenu Me Ndiéguène lors de la conférence annuelle des chefs de parquet.
Les travaux de cette rencontre portent sur ‘’la réduction de la durée de la détention provisoire et la mise en place du pool judicaire financier’’.
Ils ont eu lieu sous la présidence de la garde des Sceaux, ministre de la Justice, Aïssata Talla Sall, en présence des présidents des tribunaux, des magistrats du siège et du parquet.
Des avocats et des représentants d’organisations de défense des droits de l’homme y ont pris part.
Le but des travaux est d’instaurer au Sénégal une ‘’justice de qualité, rendue dans des délais raisonnables’’, selon la garde des Sceaux. L’un des objectifs de la conférence des chefs de parquet est de favoriser ‘’une bonne maîtrise de la population carcérale’’, a ajouté Aïssata Tall Sall.
Six mille personnes placées en détention provisoire, quelque 15.000 détenus au total
S’exprimant au nom du bâtonnier de l’Ordre des avocats du Sénégal, Ibrahima Ndiéguène a déploré ‘’des retours de parquet continus et qui ne se justifient pas’’.
‘’La détention doit être la plus courte possible’’, a-t-il soutenu.
Environ 6.000 des quelque 15.000 personnes vivant en prison au Sénégal sont en détention provisoire, selon Me Ndiéguène.
Le magistrat Demba Kandji, médiateur de la République, a exprimé la même inquiétude en affirmant que ‘’la détention provisoire demeure l’une des plus grandes préoccupations des citoyens’’ faisant recours à l’institution qu’il dirige.
M. Kandji conseille par ailleurs aux autorités judiciaires de ‘’repenser [le] service d’accueil’’ des établissements pénitentiaires.
Il va falloir faire preuve de davantage d’ouverture pour que les citoyens comprennent mieux le fonctionnement de la justice, a expliqué le médiateur de la République. Le système judiciaire gagnerait davantage de confiance et de légitimité, dans ce cas-là, selon Demba Kandji.
‘’Il est bon d’avoir des règles’’, a-t-il dit en faisant allusion aux réformes annoncées en matière de procédure pénale.