Le représentant de l'opposant sénégalais emprisonné Ousmane Sonko a été empêché mardi
de récupérer les documents nécessaires à sa candidature à la présidentielle de 2024, malgré
sa réintégration par la justice sur les listes électorales.
Un juge sénégalais a ordonné jeudi la réintégration sur les listes électorales de M. Sonko,
personnage central d'un bras de fer de plus de deux ans avec l'Etat qui a donné lieu à
plusieurs épisodes de troubles meurtriers.
Le temps est compté pour l'opposant qui doit recueillir ses parrainages et déposer sa
candidature à la présidentielle de février, dont il serait l'un des favoris, d'ici le 26 décembre.
Le mandataire Ayib Dafé, accompagné de son avocat Me Clédor Ly, s'est présenté mardi à la
Direction générale des élections (DGE) et à la Direction de l'automatisation du fichier, des
organismes sous l'autorité du ministère de l'Intérieur, pour obtenir notamment les
formulaires de recueil de parrainages.
Mais ils ont été empêchés de voir les responsables de ces services et donc de recevoir les
documents, ont-ils raconté à la presse.
"Nous avons vu un exercice de cache-cache de hauts fonctionnaires qui ne veulent pas avoir
en face d'eux le mandataire et les avocats d'Ousmane Sonko. Ils se sont cachés derrière leur
bureau pour refuser de nous recevoir et le ministre de l'Intérieur a déployé un
impressionnant dispositif de sécurité (...) pour nous bloquer l'entrée", a déclaré Ayib Dafé
après plusieurs heures infructueuses d'attente.
"On va revenir autant de fois qu'il le faudra parce que nous avons le droit avec nous. Nous
avons la justice avec nous. Nous avons le peuple avec nous", a-t-il martelé.
"Pourquoi la violence est érigé en maître dans ce pays? Le peuple ne peut pas être pris en
otage", s'est indigné l'avocat Me Clédor Ly lors d'une déclaration à la presse quelques
minutes plus tard. "Ça ne peut être une élection qui reflète la volonté populaire si Ousmane
Sonko n’en fait pas partie", a-t-il dit.
"Il faut que la communauté internationale sache que (le peuple sénégalais) n’est pas un
peuple violent, c’est un peuple qui est debout, qui demande simplement que ce pays
respecte la loi, l’Etat de droit, la démocratie, pour que nous puissions vivre en paix", a-t-il
déclaré.
"S’il y a une caste de personnes qui saborde tout cela, la communauté internationale n’a pas
le droit de se taire", a-t-il ajouté.
M. Sonko, 49 ans, a été déclaré coupable le 1er juin de débauche de mineure et condamné à
deux ans de prison ferme. Ayant refusé de se présenter au procès, il a été condamné par
contumace.
Il a été écroué fin juillet sous d'autres chefs d'inculpation, dont appel à l'insurrection,
association de malfaiteurs en lien avec une entreprise terroriste et atteinte à la sûreté de
l'Etat.
Il dénonce dans toutes ces afaires un complot pour l'empêcher de participer à la
présidentielle, ce que le pouvoir dément.
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