La justice a commencé mardi à réexaminer la réintégration ou non sur les listes électorales de
l'opposant sénégalais emprisonné Ousmane Sonko, dont dépend sa candidature à la
présidentielle de février 2024.
La Cour suprême au Sénégal a cassé le 17 novembre un jugement rendu en octobre, qui avait
remis M. Sonko dans la course en annulant sa radiation des listes électorales prononcée à la
suite d'une condamnation à deux ans de prison en juin dans une afaire de mœurs.
La Cour a décidé que l'afaire devait être rejugée en première instance.
L'audience s'est ouverte mardi au palais de justice de Dakar, a constaté un journaliste de l'AFP.
La matinée a été marquée par les interventions des avocats de M. Sonko, qui ont défendu le
droit de l'opposant à participer à l'élection.
"Il y a un individu qui s'appelle Macky Sall (le président sénégalais, ndlr) qui veut coûte que
coûte l'empêcher (Ousmane Sonko) de participer aux élections présidentielles", a déclaré à
l'ouverture de la séance l'un des avocats de M. Sonko, Me Ousseynou Fall.
"On veut l'empêcher d'être candidat parce que si Ousmane Sonko se présente, il gagnerait au
premier tour", a renchéri Me Bamba Cissé, un autre de ses conseils.
Plus tard dans la journée, les avocats de l'Etat ont contesté cette version et démandé de
rejeter la demande de M. Sonko de réintégrer les listes électorales.
La demande de l'opposant est irrecevable parce qu'elle est hors délai, a ainsi estimé Me
Adama Fall. "Ousmane Sonko a déposé sa requête hors du délai de cinq jours prévu par la
loi" alors qu'il était informé de la décision de radiation, a-t-il afirmé.
La radiation de M. Sonko le rend inéligible pour la présidentielle de 2024 si elle est confirmée.
Elle donne lieu à une bagarre judiciaire entre ses avocats et l'Etat, engagé depuis plus de
deux ans dans un bras de fer avec l'opposant, marqué par plusieurs épisodes de troubles
meurtriers.
M. Sonko dénonce cette afaire et d'autres dont il fait l'objet comme des machinations visant
à l'écarter de la présidentielle. Le pouvoir se défend de son côté de toute instrumentalisation
de la justice.
M. Sonko a été écroué fin juillet sous d'autres chefs d'inculpation, dont appel à l'insurrection,
association de malfaiteurs en lien avec une entreprise terroriste et atteinte à la sûreté de
l'Etat. Il conteste également ces mises en cause.