Sur scène vous saluez ‘’un certain Sankharé’’. S'agit-il du Pr Oumar Sankharé ?
C’est celui qui ne dort plus. Parce qu’il a eu le malheur d’être quelqu’un de bruyant, quelqu’un qui réfléchit, qui jette un pavé dans la mare. Mais c’est çà la vie. Ici au Sénégal, chaque fois que quelqu’un traversait la frontière, il était à l’abri. Nous sommes le pays de l’amitié. Nous sommes le pays de la Teranga. Les idéologies ne doivent pas nous séparer. Je veux dire que c’est une régression. L’agressivité ou la menace, c’est vraiment quelque chose de terrible. Tous les intellectuels doivent dans des situations pareilles prendre position.
Non pas pour faire la guerre, mais juste parce qu’ils sont généreux. Notre première religion, c’est l’amitié, avant toute autre religion. C’est la première et c’est ce que le Sénégalais appelle la Teranga. Le débat est éternel. Depuis la nuit des temps, les gens débattent. Donc, lorsque quelqu’un a un avis, il y a des contre-avis. Il a raison ou il a tort, peu importe, c’est juste des avis.
Cela ne vaut pas le coup de... (il ne termine pas sa phrase). Mais une grande part de responsabilité incombe aux médias dans cette histoire. Je trouve qu’ils ne jouent pas des fois le bon rôle. Ils font l’écho de choses dangereuses pour tout le monde. Dans ces genres de situation, il appartient aux médias d’apaiser la tension et de dépassionner les débats.
Cet homme est un Sénégalais. Il fait ses travaux et on peut être d’accord avec lui ou ne pas l’être. Mais aller jusqu’à proférer des menaces, je trouve que cette attitude n’est pas sénégalaise.
Vous êtes donc solidaire au Pr Sankharé ?
Ce n’est pas une question de solidarité. Je ne défends personne. Je n’ai pas lu son livre. Je ne peux pas le commenter. Quand je l’aurais lu, je pourrais peut-être donner un avis. Il faut être un expert pour donner un avis dans un sens ou un autre. Donc, pour le moment-ci je n’ai pas d’avis à donner. Les gens parlent d’un truc qu’ils ne connaissent pas. Ça s’emballe. Ça crée des antagonismes, etc. Ce n’est pas bien.
Quels sentiments vous animent après votre prestation sur la scène du Saint-Louis jazz ?
Je me sens chez moi ici. Je ne me sens pas ailleurs. J’aime Saint-Louis et j’ai toujours aimé le festival. L’année dernière, je n’ai pas joué, mais j’étais là. Entre Saint-Louis et moi, c’est une grande histoire et je dois venir à chaque fois qu’on fait appel à moi. C’est important de faire en sorte que cette terre de culture vibre. C’est l’histoire de l’Afrique qui s’est jouée ici. Saint-Louis est la vraie capitale du Sénégal.