Communiqué du Secrétariat exécutif permanent élargi de Benno Bokk Yaakar
Sous le prétexte du respect de l’état de droit, de l’impartialité de l’administration et de l’intégrité du processus électoral, un groupe d’une centaine de sénégalais de l’intérieur comme de la diaspora a cru devoir appeler les citoyens à s’engager autour de ce qu’ils ont appelé « la charte citoyenne de la démocratie issue des assises nationales de 2009 ».
Il est utile de rappeler que les travaux et les conclusions de ce qu’il est convenu d’appeler les assises nationales de 2009 n’ont concerné qu’une partie, certes non négligeable, de la classe politique et de la société civile, étant entendu que la majorité politique soutenant le gouvernement de l’époque n’y a pas participé, ni ne s’est engagée à en respecter la charte. Les conclusions de ces assises n’ont engagé qu’une partie des acteurs de la vie publique de notre pays et ne constituent nullement un acte s’imposant aux sénégalais.
Depuis au moins la réforme de 1993 qui a consacré un code électoral consensuel obtenu avec l’adhésion de presque toute la classe politique, la société civile, le gouvernement et les partenaires étrangers, nul ne peut contester le pas de géant fait par notre démocratie. Trois présidents ont été régulièrement élus et deux présidents ont été démocratiquement battus.
Le système démocratique de notre pays n’est pas en vain cité en exemple tant il permet l’expression apaisée du suffrage des citoyens sénégalais.
Les dernières élections locales et législatives, marquées par une remarquable poussée de partis et mouvements issus de l’opposition constituent l’expression ultime de la maturité et de la pérennité de notre système démocratique et des règles relatives à des élections aux meilleurs standards.
Dans ces conditions, l’appel de la « centaine d’intellectuels » pour le respect des conclusions des assises nationales et la mobilisation des citoyens pour le respect des principes démocratiques et la garantie du processus électoral procède d’une grave cécité politique, tant elle méconnait la réalité et la force de notre démocratie.
Le respect de l’état de droit est aussi du ressort de notre appareil judiciaire dont nul ne peut contester l’indépendance.
Autant la garantie des droits est assurée par les tribunaux dont les décisions doivent être respectées quand ils condamnent des hommes publics, comme lorsqu’ils condamnent l’état, autant les « citoyens ordinaires », les hommes publics, les collectivités locales, les personnes morales de droit privé, l’état comme les administrations disposent de tous les recours et instruments que la loi met à leur disposition pour contester les décisions rendues et exercer tous les droits et recours prévus par la loi.
Les organismes publics, comme la Commission Electorale Nationale Autonome (CENA) qui n’est pas un organe d’exécution des décisions de justice, exercent leurs prérogatives dans le strict respect de la loi.
La cour suprême, comme le conseil constitutionnel, veille au respect de la loi, l’interprète et crée le droit. C’est cela l’essence même de l’état de droit.
Ceux qui prétendent s’accorder avec 83 % des sénégalais, bien feutrés dans leurs salons, n’expriment aucun respect de notre système démocratique, ni de nos institutions judiciaires lorsqu’ils sont sur les mêmes longueurs que les fossoyeurs de notre démocratie qui appellent à des mobilisations sur toute l’étendue du territoire le jour où la cour suprême a fixé son audience pour examiner un recours de l’état contre une décision de justice habilitant un citoyen à s’inscrire sur le fichier électoral.
Tout donne à penser que le groupe de la centaine de sénégalais participe du même combat pour manipuler, influencer la justice et porter atteinte au principe sacro-saint de son indépendance.
Le Secrétariat Exécutif Permanent Elargi de Bennoo Bokk Yaakaar prend acte de cette intolérable immixtion dans le cours normal de la justice et dans la tentative d’atteinte à son indépendance. Elle traitera comme il se doit toutes les tentatives pour perturber notre démocratie et l’ordre républicain.
Tous ceux qui ont le désir de s’engager sur le terrain de l’action politique ont la liberté de le faire, comme les deux cent citoyens qui ont déclaré s’engager pour obtenir le suffrage des sénégalais à l’élection présidentielle de février 2024.
L’engagement politique est un acte de courage. Ce ne sera jamais par des voies détournées que l’on convaincra les sénégalais de renoncer à leur liberté pour se laisser manipuler par des politiciens qui se cachent.
Ces mêmes cagoulards se discréditent lorsqu’ils évoquent la nécessité de rouvrir l’université de Dakar alors qu’ils savent que les dégâts qui y ont été causés sont particulièrement importants et nécessitent une discussion franche et loyale sur de nouvelles règles pour éviter le drame qui s’y est produit et qui a heurté tous ceux qui se préoccupent du savoir et de la formation de notre élite de demain. C’est triste que des intellectuels, dont des universitaires connus, se soient tus devant la mise à sac de l’outils d’excellence, de savoir, de tolérance et d’intelligence que constitue l’université de Dakar et qu’ils se lèvent pour en demander l’ouverture dans des conditions qui ne lui assurent pas de jouer son rôle. Ils l’auraient fait qu’ils en auraient eu la légitimité et le respect de leur démarche. A défaut qu’ils se taisent.