Pour avoir une année scolaire et universitaire apaisée, il faudra trouver rapidement une solution au problème des étudiants de l’Ucad. Ces derniers, qui réclament la réouverture de leurs campus, ont lancé le mot d’ordre «Pas d’enseignement sur l’étendue du territoire sénégalais». Et ils ont délogé lundi des élèves dans certaines écoles à Dakar, Ziguinchor, Diourbel, Kaolack.
Par Dieynaba KANE – La crise dans l’enseignement supérieur est en train de s’intensifier. Les étudiants de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar (Ucad), qui exigent la réouverture de l’université, se sont radicalisés. Le Collectif des amicales et l’Union des amicales des sites externes de l’Ucad ont lancé le mot d’ordre «Pas d’enseignement sur l’étendue du territoire sénégalais». Dans un communiqué, les organisations estudiantines informent avoir adopté cette posture pour pousser les autorités à «rouvrir l’Ucad incessamment, afin que les examens se tiennent et que l’année puisse être validée». L’Ucad a été fermée depuis le mois de juin après le saccage de plusieurs infrastructures. Sa réouverture était prévue au mois de novembre, mais les autorités, qui soutiennent que le campus social n’est pas encore prêt à accueillir les étudiants, a encore reporté l’échéance. Une situation qui a mis en colère les étudiants. D’ailleurs, dans son communiqué, le Collectif des amicales s’est indigné «de la décision des autorités de prolonger la fermeture de l’Ucad pour 60 jours supplémentaires». Dans la même veine, les auteurs du communiqué fustigent «le traitement inhumain réservé aux étudiants». D’après eux, «sur ordre du Recteur et du Dg du Coud, les Forces de l’ordre ont, par de gros moyens, empêché la tenue du point de presse organisé par les étudiants». Poursuivant leur complainte, ils déplorent les «arrestations arbitraires de leurs camarades étudiants et les violences exercées sur eux». Dans son document, le Collectif des amicales fait état de «23 étudiants interpellés et matés par la police, avec des cas de blessures». Le collectif, qui condamne cette attitude, exige leur libération sans délai.
Toutefois, malgré ces arrestations, il compte maintenir la pression. Il invite par la même occasion les amicales locales à suivre le mot d’ordre «Pas d’enseignement sur l’étendue du territoire sénégalais». Lundi, des élèves dans certaines écoles à Dakar, Ziguinchor, Diourbel, Kaolack et Mbour, ont été délogés par les étudiants.
Pour rappel, l’Ucad, qui a subi la furie des manifestants suite à la condamnation de Ousmane Sonko dans l’affaire Sweet Beauté, est fermée depuis le mois de juin. Pour les étudiants, il est impensable de rouvrir le campus pédagogique sans le campus social. Ils veulent ainsi la réouverture des deux campus. Le Syndicat autonome de l’enseignement supérieur (Saes), qui réclame aussi la réouverture immédiate de l’Ucad, avait lors de sa conférence de presse tenue le 12 octobre dernier, déploré le fait que «tous les efforts consentis par les enseignants-chercheurs pour un retour à un calendrier académique normal» soient anéantis «par les fermetures intempestives et continues des universités publiques au gré du calendrier électoral». Dans la même veine, le Secrétaire général dudit syndicat avait fait savoir qu’à l’Ucad, «les enseignants sont prêts pour la reprise et l’essentiel des facultés sont à même de reprendre». Une position qui n’est pas partagée par les autorités universitaires. Le Conseil d’administration du Centre des œuvres universitaires de Dakar (Coud), qui s’est réuni vendredi dernier, a dans sa majorité «demandé à la Direction du Coud, préalablement à toute réouverture, de prendre dans les meilleurs délais, les mesures nécessaires pour mettre en place un dispositif capable d’assurer la sécurité des personnes, des biens et des infrastructures, assainir sérieusement les conditions d’accès et d’hébergement des étudiants, mettre en œuvre toute action nécessaire pour assurer la paix sociale au sein des campus de l’Ucad». Une situation qui plonge les étudiants et leurs parents dans l’incertitude.