La découverte de corps conservés est un évènement notable dans l’archéologie péruvienne. Très menacées par le trafic, les momies intactes s’avèrent être de précieuses découvertes pour comprendre les peuples du passé et leurs conditions de vie. Sur le site de Huaca Pucllana dans la zone résidentielle de Miraflores à Lima, un corps à la tête chevelue a été découvert par les archéologues qui travaillent sur le site depuis plusieurs années.
L’annonce de la découverte d’une momie en excellent état au Pérou a été faite par l’équipe de Micaela Álvarez Camet et José Ccencho Huamani qui travaille sur le site archéologique de Huaca Pucllana. Les scientifiques ont pu constater que plusieurs cultures ont occupé le site comme celle de Lima, mais aussi la culture wari.
Le caractère sacré du site, et ses dimensions, en font un site exceptionnel pour l’archéologie péruvienne. D’autres cultures intéressent les archéologues, en particulier celle de Ychsma à laquelle pourrait être rattachée la momie découverte récemment. Ce n’est pas la première fois que des sépultures sont découvertes sur ce site majeur, néanmoins, la momie risque d’intéresser très fortement les chercheurs. En effet, beaucoup de corps retrouvés ont été approchés de la culture Wari, puisque des éléments caractéristiques de cette culture ont été observés dans le traitement funéraire.
Néanmoins, la momie chevelue a été traitée différemment, puisqu’elle a été retrouvée au sommet de ce site étendu, aussi bien en hectare qu’en hauteur à l’époque de son utilisation. Le corps a été retrouvé assis les jambes recroquevillées et les pieds croisés. Les cheveux, coiffés en tresse, s’avèrent extrêmement bien conservés. Un élément en faveur d’une étude plus approfondie de ces derniers pour mieux comprendre la vie de cette personne défunte. Son sexe biologique n’a pour l’heure pas été identifié.
À ses côtés ont été découvertes des céramiques ainsi qu’un pochon en textile abritant des éléments métalliques. Le corps est pour l’heure daté de 1 000 après J-C.
Pourquoi étudier des momies dans ce type de contexte ?
La découverte fortuite de corps à l’occasion de travaux n’est pas rare au Pérou, et les chances de découvrir des corps non pillés dans le pays restent minces. En effet, le pillage archéologique est un fléau important dans ce pays où les corps, tout comme les objets d’accompagnement des morts, sont recherchés par les trafiquants et les collectionneurs à l’étranger. The International Concil of Museums est formel, les momies sont sur la liste rouge des biens culturels en péril, qu’elles soient entourées d’un tissu funéraire, appelé fardo pour certaines périodes, ou sans. Par conséquent, cette découverte encadrée faite dans un cadre archéologique et scientifique permet de protéger ce corps ainsi que l’intégrité du défunt.
Dans le cas de la momie découverte sur ce site, il sera possible de mieux comprendre à quelle période cet individu a vécu, mais aussi la façon dont a été traitée sa mort. Des études non invasives pourront permettre de déterminer si des éléments paléopathologiques de maladies anciennes peuvent être visibles sur les os.