En marge de la 78e Assemblée générale des Nations unies qui se poursuit à New York, le chef de l’Etat sénégalais a accordé un entretien aux médias français RFI et France 24 qui a été diffusé ce jeudi 21 septembre. Dans l’interview, le président sénégalais a évoqué la situation politique qui prévaut au Niger depuis le coup d’état du 26 juillet par le CNSP ainsi que ce qu’il en est au niveau de la Cédéao et sa menace d’intervention militaire en cas d’échec des négociations pour une issue diplomatique. Selon Macky Sall, la Cédéao continue de privilégier la voie diplomatique avec des discussions en « underground », c’est-à-dire en coulisses, sous la direction du Nigeria et le président Bola Tinubu, qui a envoyé des émissaires à Niamey, va faire le compte-rendu à ses homologues de la sous-région pour envisager la suite. Tout en affirmant que la Cédéao continue de privilégier la voie diplomatique et qu’il espère que « la raison va finir par prévaloir », il a aussi précisé que « l’option militaire ne saurait être faite que lorsque toutes les autres pistes auront été épuisées ».
C’est avec la situation politique qui prévaut presque deux mois au Niger que l’entretien a débuté. En réponse aux questions des journalistes de RFI et de France 24 sur l’évolution de la situation, le président sénégalais a déclaré que les négociations avec Niamey et que pour le moment, c’est le président du Nigeria, Bola Tinubu, qui est chargé du dossier en tant que président en exercice de la CEDEAO, qui s’en charge avec l’envoi des émissaires auprès des autorités militaires nigériennes pour la recherche d’une solution. Selon Macky Sall, depuis le sommet de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), au cours duquel un ultimatum avait été donné aux putschistes pour la restitution du pouvoir aux civils, « toutes les options sont sur la table, y compris l’option militaire », tout en précisant que l’option militaire est « la dernière option à entreprendre ».
« Depuis la décision du sommet des chefs d'État, où un ultimatum avait été donné, évidemment, il y a eu des initiatives à la fois diplomatiques et des discussions « underground » sous la direction du Nigeria. Cette dernière option militaire ne saurait être faite que lorsque véritablement toutes les pistes auraient été épuisées et que, surtout, le pays qui est la nation cadre dans ce cas, qu’est le Nigeria frontalier, lorsqu'il jouera son rôle dans cette option, les autres pays sont tout à fait prêts pour jouer leur partition. L'option est sur la table. Maintenant, quand est-ce qu'elle se fera ? Ça, je ne le sais pas encore ». Le Président Macky Sall.
Le président sénégalais a dit attendre, pour sa part, les résultats des efforts fournis par son homologue nigérian en vue de la restitution du pouvoir aux civils, au Niger. « J’attends qu’il nous informe des résultats de ses démarches, pour que nous puissions apprécier et adopter une position commune », a-t-il dit avant d’assurer également que « le Nigeria fait tout pour trouver une solution diplomatique ».
Sur cette question de sortie de crise pacifique, il dit espérer, « autrement, dans un délai qui ne sera pas éloigné, on devra nous retrouver pour évaluer cette situation », a-t-il ajouté.
Le président sénégalais a indiqué qu’il fonde l’espoir que « la raison va finir par prévaloir », chez « les putschistes nigériens » et les pousser à remettre le pouvoir aux civils. « J’ai l’espoir que la raison va finir par prévaloir et que la junte va prêter attention à ce qui se passe, pour ne pas nous pousser à l’ultime décision. Je pense qu’il est possible d’avancer raisonnablement vers une solution », a-t-il affirmé dans l’interview accordée avant de conclure : « on ne peut pas continuer à laisser un président élu être traité en prisonnier chez lui […] Il va falloir évoluer ».
Il faut noter que le Président Sall était l’un des premiers chefs d’état à condamner le coup d’état au Niger et a demandé la libération ainsi que le rétablissement du président déchu Bazoum Mohamed dans ses fonctions. Au lendemain de la décision des chefs d’Etat de la Cédéao d’activer la force en attente pour rétablir l’ordre constitutionnel en cas d’échec des négociations, il a aussi annoncé que le Sénégal va participer à cette opération militaire à laquelle des hommes politiques, des intellectuels et des acteurs de la société civile sénégalaise se sont publiquement opposés.