Pour avoir détourné la somme de 62 millions des caisses des deux sociétés de son employeur, le comptable Sidy Alpha Pouye risque de passer un an derrière les barreaux.
Après avoir recruté Alpha Sidy Pouye comme comptable, Mme Ouattara a placé une confiance aveugle en celui qui gère les finances de ses deux entreprises. Aujourd’hui, la patronne des sociétés ‘’La Luciole’’ et ‘’Graphicolor’’ regrette cet excès de confiance qui l’avait poussé à remettre des chèques barrés vierges à son comptable. ‘’Cela a été mon erreur’’, s’est plainte hier la dame, devant le tribunal des flagrants délits de Dakar. Son amertume s’explique par les difficultés de trésorerie auxquelles elle fait face, depuis que son comptable a détourné la somme de 62 462 400 francs CFA.
Il résulte des débats d’audience que Sidy A. Pouye, chargé de payer le fisc, après avoir libellé les chèques à son nom, majorait les montants dus. Une fois l’argent encaissé, il payait le montant des redevances et empochait le surplus. La partie civile explique que l'arnaque a duré de 2009 à 2012. Le pot aux roses a été découvert, lorsque l’un des chèques signés par Mme Ouattara a été rejeté par la banque.
Intriguée, d’autant que la banque avait consenti à ne pas rejeter les chèques destinés aux Impôts, la dame s’est approchée de son gestionnaire de compte, qui lui a appris que le chèque rejeté était libellé au nom d’un particulier et non de l’administration des Douanes. Pour en avoir le cœur net, elle a réclamé tous les chèques adressés auparavant aux Impôts. C’est avec stupéfaction qu’elle a découvert que ceux-ci ont été retirés par son comptable. Interrogé, Sidy. A Pouye a soutenu avoir payé en espèces, pour ‘’maîtriser les impôts’’.
Échapper aux impôts
Devant la barre, le comptable, poursuivi pour abus de confiance et abus de blanc seing, a servi une autre version. Il a reconnu avoir dépensé l’argent pour les frais médicaux de sa mère. ‘’Tout le monde a un parent malade. Ce n’est pas une raison. Savez-vous qu’elle a un problème de trésorerie ?’’, a rétorqué le président Samba Sèye. ‘’Pourquoi vous n’avez pas pensé à hypothéquer votre maison ?’’ a renchéri le conseil de la plaignante.
Le comptable de dire qu’il n’y avait pas pensé. Comme pour se disculper, il a laissé entendre que la partie civile s'est perdue dans son propre jeu de dupes, en voulant échapper au fisc. ‘’Un jour, elle m’a dit que les impôts étaient trop lourds et qu’elle ne pouvait plus payer, c’est ainsi que nous avons changé de mode de règlement’’, a confié le comptable. ‘’On s’arrangeait pour ne pas payer les impôts sur les revenus, en commençant par jouer sur les chiffres’’, a-t-il révélé. Selon ses explications, la dame lui remettait les chèques, en lui demandant de s’arranger pour éviter un déficit de trésorerie.
La plaignante a balayé d’un revers de main ces allégations, en accusant le prévenu de s’être enrichi sur son dos, en achetant un terrain, une maison et un véhicule 4x4. Compte tenu des 7 millions F Cfa versés en guise d’acompte, Me Amadou Sow a réclamé la somme reliquataire de 55 262 997, en plus des dommages et intérêts d’un montant de 50 millions. La défense, jugeant démesuré ce montant ainsi que la peine d’un an requise par le substitut Mamadou Bassirou Ndiaye, a plaidé la relaxe. Le comptable sera édifié sur son sort vendredi prochain.