Le Sénégal se prépare à envoyer des soldats au Niger dans le cadre d’une intervention militaire de la Cedeao. Le regroupement de militaires a commencé à Thiès.
Est-ce une question de temps ? Le Sénégal prend très au sérieux l’éventuelle intervention militaire de la Cedeao au Niger pour rétablir l’ordre constitutionnel. Après l’annonce de la ministre des Affaires étrangères de la participation de soldats sénégalais, l’on apprend que les choses se précisent au niveau de l’Armée. Il est annoncé un regroupement de militaires au niveau de Thiès dans le cadre de la contribution du Sénégal à la force d’intervention de la Cedeao au Niger. L’organisation régionale, qui avait lancé un ultimatum aux putschistes du Niger de rétablir le Président Mohamed Bazoum dans ses fonctions, a maintenu l’option militaire annoncée lors du premier sommet extraordinaire tenu au lendemain de ce coup d’Etat. Jeudi, lors du deuxième Sommet extraordinaire des chefs d’Etat à Abuja, la Cedeao a ordonné «l’activation immédiate de sa force d’intervention». Une semaine avant, les chefs d’Etat-major des Armées de la Cedeao avaient achevé leur conclave de trois jours à Abuja pour échafauder les contours de l’opération militaire agitée par les chefs d’Etat de l’Afrique de l’Ouest. Ils devaient se réunir à nouveau ce week-end, mais la réunion a été reportée pour des raisons techniques. En plus du Sénégal, le Bénin et la Côte d’Ivoire se sont engagés à envoyer des troupes. Le Président ivoirien, Alassane Ouattara, a déclaré jeudi dernier que la Côte d’Ivoire fournirait un bataillon d’environ 1100 soldats aux côtés d’autres voisins régionaux pour rétablir un régime démocratique au Niger.
Seulement, cette intervention militaire est loin de faire l’unanimité au sein des pays de l’organisation. La junte au Niger a le soutien du Burkina Faso et du Mali, deux pays dirigés par des putschistes et suspendus de l’organisation. Les militaires au pouvoir dans ces deux pays ont prévenu qu’ils seraient solidaires du Niger et que toute intervention armée serait considérée comme une «déclaration de guerre» à leur encontre. A cette position du Mali et du Burkina Faso, il faut ajouter une possible opposition du Sénat nigérian. Les sénateurs de ce pays, poids lourd de la Cedeao avec 215 millions d’habitants et qui partage une frontière avec le Niger, ont appelé le Président Bola Tinubu à «renforcer l’option politique et diplomatique». Il faut noter que selon la Constitution du Nigeria, les Forces de sécurité ne peuvent combattre à l’étranger sans l’aval préalable du Sénat, sauf exception en cas de «risque imminent ou danger» pour la sécurité nationale. Le Cap-, pays membre de l’organisation, s’y oppose également. Son président, José Maria Neves, a déclaré vendredi 11 août que «toute intervention par des moyens militaires en ce moment aggraverait la situation et transformerait la région en un espace explosif». Par ailleurs, des pays qui ne sont pas membres de la Cedeao comme le Tchad et l’Algérie, mais qui partagent une frontière avec le Niger, sont contre une intervention militaire. La Cedeao trouvera-t-elle la bonne stratégie pour rétablir l’ordre constitutionnel ? Wait and see.