Depuis le lundi 31 juillet 2023, Ousmane Sonko, président du Patriotes africains du Sénégal pour le travail, l'éthique et la fraternité (PASTEF), a été placé sous mandat de dépôt après avoir été inculpé de huit (8) chefs d'accusations par le Doyen des juges d'instruction du 1er Cabinet.
Le placement sous mandat de dépôt d'Ousmane Sonko est la suite logique de son arrestation, vendredi 28 juillet à sa résidence à la Cité Keur Gorgui et l'annonce par le procureur de la République, Abdou Karim Diop, des lourdes charges retenues contre lui et portant sur des faits et prises de parole liés à la violence politique au Sénégal de mars 2021 à juin 2023.
Si les rendez-vous d'Ousmane Sonko avec la justice faisaient peser sur le Sénégal le spectre de journées mouvementées, marquées par des manifestations violentes, l'annonce l'envoi d'Ousmane Sonko en prison par le juge d'instruction n'a pas donné lieu cette fois-ci à des manifestations d'ampleur.
Quelques quartiers de Dakar ont été cependant secoués par des mobilisations sporadiques de jeunes qui ont, par endroit, érigé des barricades, dressé des obstacles ou brûlé des pneus sur la chaussée. Les rares manifestants seront rapidement dispersés par les forces de l'ordre déployées en masse dans divers endroits de la capitale.
Il faut dire que la situation était globalement sous contrôle à Dakar. Néanmoins, lundi, des manifestants ont par moment érigé des barricades sur l'autoroute à péage bloquant la circulation pendant quelques heures avant que les forces de l'ordre n'interviennent. De même, la circulation du Train express régional (TER) a été interrompue en raison d'actes de malveillance avant que sa reprise ne soit actée, ce mardi.
À Pikine, dans la banlieue de Dakar, un mort a été dénombré. Barra Bâ, plus connu sous le nom de Barra Keita, âgé de 25 ans, a été tué par balle à Pikine ce lundi 31 juillet lors des manifestations.
La dissolution annoncée du parti “PASTEF“, en plus de la suspension de l'Internet mobile, décidée par le gouvernement, a ajouté à la sidération, sans que cela n'ait provoqué une mobilisation populaire comme certains responsables de PASTEF s'y attendaient.
Ainsi, à Dakar, un calme précaire, marqué par des ruelles quasi-vides, désertées par les automobilistes, une bonne partie de l'administration fermée plus tôt, a prévalu toute la journée du lundi avant une reprise progressive et soutenue des activités, notamment de commerces, le mardi.
À Ziguinchor, ville dont Ousmane Sonko est le maire, la situation était un peu plus volatile. Les manifestations après l'emprisonnement d'Ousmane Sonko y ont fait 2 morts. Même si le calme semble être de retour, les manifestations de jeunes favorables à Ousmane Sonko pourraient reprendre.
Plusieurs localités du pays ont également enregistré des manifestations qui n'ont pas réussi à réunir des foules. En fait, l'on est bien loin des mobilisations et manifestations violentes et meurtrières qui avaient suivi la convocation d'Ousmane Sonko dans l'affaire Adji Sarr au mois de mars 2021 ou encore des scènes de violences qui avaient accueilli la condamnation d'Ousmane Sonko à 2 ans de prison pour corruption de la jeunesse.