Macky Sall serait-il en train de chercher à endormir ses adversaires aux prochaines élections locales afin de mieux les doubler au décompte des résultats ? En tout cas, la question mérite bien d’être posée au regard de sa dernière sortie sur les joutes du 29 juin prochain. Après avoir en effet installé méticuleusement avec les alliés de l’Apr, au cours du dernier week-end, une task-force forte de « 13 chefs de guerre » en guise de directoire de campagne nationale pour les joutes à venir, Macky Sall a invité hier, lundi 02 juin, les partis politiques à « ne pas faire de ces locales leur affaire » sous prétexte qu’il s’agit là d’«élections citoyennes». Les candidatures indépendantes rejetées par l’Acte III de Macky pour le prochain scrutin apprécieront !
Les élections locales du 29 juin prochain sont bien parties pour être celles de tous les paradoxes. Et non seulement par la pléthore des listes de candidats qui avoisinent les 2707 unités, le budget exorbitant (15 milliards de Fcfa requis, soit un dépassement de 05 milliards par rapport à la loi des finances rectificative de 2014), les 15 millions de bulletins à imprimer pour le scrutin, voire par l’existence de centaines de coalitions en lice ou même par les appels récurrents au report lancés par certains acteurs du champ politique et de la société civile.
Les postures des leaders politiques sur fond de manœuvres, d’alliances contre nature, de logiques partisanes ou de discours soporifiques pour endormir leurs principaux adversaires ont pris elles aussi leurs marques dans l’espace politique, à quelques encablures du scrutin. Dans ce lot, Macky Sall lui-même semble désormais vouloir poser subrepticement ses pions, selon certains esprits. Sinon comment comprendre que, moins de deux jours après avoir installé, en compagnie des alliés de l’Apr, un directoire de campagne fort de 13 « hommes forts » afin de faire triompher son parti à ces Locales qui s’apparentent au premier tour de la présidentielle de 2017, le chef de l’Etat ait invité les partis politiques à faire en quelque sorte…profil bas pour ces Locales.
« Les partis politiques ne doivent pas faire des élections locales leur affaire», a notamment affirmé Macky Sall à l’issue de la cérémonie de levée des couleurs qu’il a présidée le même jour au palais de la République. Arguant en effet qu’il s’agit là d’«élections citoyennes», le président de la République a appelé, lundi, les partis politiques à se garder de faire des élections locales du 29 juin prochain «leur affaire». « On n’a jamais enregistré autant de listes (plus de 2.700). Ça a dépassé le cadre des partis politiques », a fait remarquer Macky Sall qui a tenu d’ailleurs à indiquer : « En tant que président de la République, je me suis abstenu d’interférer, même dans mon propre parti, dans le choix des hommes et des femmes».
Le chef de l’Etat et patron de l’Apr terminera son intervention en faisant savoir que la campagne pour ces consultations du 29 juin doit être « citoyenne et civilisée », avant d’exhorter les acteurs à « éviter d’entacher la réputation démocratique du Sénégal».
Les acteurs du champ politique qui entrevoient dans ces joutes du 29 juin prochain le premier pas vers la présidentielle de 2017 et une occasion d’écorner largement l’emprise de l’Apr sur le pouvoir central apprécieront.
A l’instar du Pds défait par Macky Sall à la présidentielle de 2012 et qui a sonné la grande mobilisation pour prendre sa revanche sur le parti au pouvoir, quitte « à s’allier avec le diable » comme en a décidé le dernier comité directeur du parti libéral présidé par Me Wade lui-même. Voire Idrissa Seck de Rewmi, candidat malheureux aux deux dernières présidentielles, mais fermement décidé à redorer son blason au cours de ces Locales, sinon à jouer à l’arbitre certainement au détriment de Macky Sall dont il ne cesse de fustiger le mode de gestion de l’Etat.