Quarante-huit heures après le chavirement d'une embarcation de migrants clandestins à la brèche de Saint-Louis, le ministre de l'Intérieur, Antoine Félix Abdoulaye Diome, s'est rendu hier dans la capitale du Nord pour s'enquérir de la situation. D’ailleurs, la délégation ministérielle a rendu visite aux quatre jeunes rescapés, à l'hôpital régional et à l'infirmerie de la base navale Nord, avant de terminer son périple au port polonais de l'Hydrobase.
Le ministre de l’Intérieur, Antoine Félix Abdoulaye Diome, a profité de sa visite à Saint-Louis, hier, pour souligner que la question de l'émigration clandestine est très complexe. "Un travail de fond est entamé depuis des années, avec la mise en place, par le chef de l'État, depuis le 30 décembre 2020, du Secrétariat permanent du Comité interministériel de lutte contre l'émigration clandestine dirigé par le commissaire divisionnaire Mamadou Bocar Ly. Des échanges ont eu lieu avec les communautés de base pour la formulation de la stratégie nationale de lutte contre la migration irrégulière qui est déjà validée techniquement", a-t-il informé. Avant de poursuivre qu'il reste la validation de la phase politique qui démarre le 27 juillet prochain, sous la présidence du Premier ministre et qui sera suivi d'un plan opérationnel pour apporter des solutions.
Toutefois, le ministre de l'Intérieur a vigoureusement réagi contre les nombreuses critiques adressées au gouvernement, liant la migration irrégulière à des causes purement économiques. '’Au-delà des questions économiques, il y a des spécificités suivant les zones concernées par les départs. Il y a le besoin naturel chez l'être humain de découvrir d'autres horizons, d'autres cultures. C'est une question aussi vieille que le monde et qui traverse les âges. Donc, il faut de la prudence dans certaines déclarations et éviter d'instrumentaliser des questions de douleurs des Sénégalais", a soutenu M. Diome.
Face à la presse, le ministre a rappelé que l'État ne peut pas aborder la question de l'émigration clandestine sous le seul angle de la surveillance et de la répression. "Il faut aller au-delà de la surveillance et de la répression. Il y a l'aspect économique, l'aspect social et l'aspect sociologique. Après le programme Xeyu Ndaw Yi, les financements des jeunes et des femmes avec la Der/FJ, la question est beaucoup plus globale. Donc, le traitement requiert un processus participatif et inclusif. Il ne s'agit pas seulement de surveiller et de réprimer, mais impliquer tous les acteurs pour plus d'engagement et essayer de voir comment traiter les questions de façon très efficace", a déclaré le ministre de l'Intérieur.
Abordant la question des 300 migrants clandestins partis de Kafountine et portés disparus au large du Maroc, Antoine Diome a confié que 276 personnes sont actuellement retenues à Dakhla au Maroc, et que le ministère des Affaires étrangères du Sénégal, en collaboration avec les autorités marocaines et mauritaniennes, a pris toutes les dispositions pour leur rapatriement au Sénégal. "Évitons de politiser des sujets aussi sérieux. L'État du Sénégal et les ONG ont la même mission", a-t-il lancé.
Le ministre a ensuite déploré les huit corps repêchés et les quatre blessés dénombrés. Antoine Félix Abdoulaye Diome a lancé un appel aux jeunes pour plus de conscience et éviter d'être influencé.