Alioune Badara Cissé, l'ancien ministre des Affaires étrangères et ex-présumé numéro 2 de l'Apr (parti au pouvoir) avant ses démêlés avec le chef de l'Etat, son entrée en disgrâce et son limogeage du gouvernement d'Abdoul Mbaye est formel. En l'état actuel des choses, la tenue des élections locales à date échue relève d'une gageure pour diverses raisons liées à leur impréparation matérielle, voire au nombre pléthorique des listes de candidats. Pour y remédier, le candidat de la coalition « Deuk Bi Rek » aux prochaines locales à Saint-Louis a invité le président de la République et patron de l'Apr à reporter ces joutes afin de mieux les préparer. Toute chose qui reste encore, selon lui, dans l'ordre du possible si Macky Sall s'investit pour trouver un consensus avec l'opposition politique et la société civile.
«L’heure n’est pas à l’organisation des élections locales parce que matériellement, on ne peut pas ». Telle est la conviction d’Alioune Badara Cissé, l’ancien ministre des Affaires étrangères et ex-présumé numéro 2 de l’Apr (parti au pouvoir), qui se prononçait sur les joutes du 29 juin prochain. Le tout premier patron de la Chancellerie sous le régime de Macky Sall et non moins candidat de la coalition « Deuk Bi Rek » pour les locales à Saint-Louis s’est voulu en effet explicite sur la question.
Pour Alioune Badara Cissé, communément surnommé ABC, le degré d’impréparation pour ces joutes devant renouveler le leadership des mairies, communes et conseils départementaux est tel qu’il est pratiquement impossible d’organiser le scrutin dans les conditions requises. Le nombre pléthorique de listes de candidats, de coalitions et de partis politiques en lice, pour cette compétition électorale, est particulièrement indexé par ABC comme étant parmi l’une des principales difficultés qui plombent l’organisation desdites élections.
Dans ce cadre d’ailleurs, l’ex-ministre des Affaires étrangères et fondateur avec Macky Sall de l’Apr (parti au pouvoir) dira : « C’est une catastrophe non seulement pour la commune de Saint-Louis mais pour tout le Sénégal. C’est une multiplicité de candidatures dans le Sénégal tout entier. Ce sont 2707 listes, avec une centaine de coalitions, nécessitant dans certains bureaux de vote pas moins de 60 mandataires de candidats ou de listes. Je pense que c’est une catastrophe pour notre pays». Et d’ajouter dans la foulée : «Des partis politiques qui ne tiennent pas leurs assemblées générales présentent plusieurs listes dans plusieurs villes, il faut qu’on comprenne qu’on ne peut pas jouer avec l’argent du contribuable pour des partis n’ayant aucune existence légale. Alors que ces partis-là, à eux seuls combinés, ne peuvent pas réunir cent suffrages».
Cette prolifération des listes de candidats risquerait ainsi, selon ABC, de fausser complètement le processus de vote : «A minuit, il y aurait beaucoup plus de personnes…pour voter que de personnes ayant déjà voté. C’est un gros problème».
«Il faut qu’on arrête ce cirque»
Pour mettre un terme à ces dérapages qui n’honorent pas notre pays, l’ancien présumé numéro 2 de Macky Sall a invité celui-ci à taper sur la table afin de corriger ces incohérences le plus rapidement possible. « Ça, c’est la volonté du chef de l’Etat, instruisant son ministre de l’intérieur, en consultation avec la Cena, la société civile, l’opposition et les partis de sa coalition, pour dire que trop, c’est trop. Il faut qu’on renvoie les choses et qu’on se prépare mieux ». Et de conclure sans fioritures : «L’heure n’est pas à l’organisation des élections locales, parce que matériellement, on ne peut pas. On a trop laissé faire… Il faut qu’on arrête ce cirque et qu’on comprenne qu’on ne peut plus continuer».
Le report, toujours d’actualité
Fort de cette conviction, l’ancien présumé numéro 2 de Macky Sall a invité le chef de l’Etat à reporter les élections locales afin de s’employer à mieux les préparer. Mettant en exergue les initiatives de certains mouvements de la société civile qui ont plaidé ouvertement pour un report du scrutin du 29 juin prochain, ABC a alors précisé que le président de la République se devait «d’écouter cette société civile, de cordonner ses efforts avec les autres partis de l’opposition et de sa coalition afin de trouver un consensus dans ce sens et de convenir d’un report pour amorcer les nécessaires réformes et ajustements requis par l’organisation des locales».
Interpellé enfin sur le moment choisi pour adresser cette requête au chef de l’Etat alors que le processus électoral est déjà engagé, Alioune Badara Cissé a dit qu’il n’était pas encore trop tard, «Il n’est jamais trop tard dés lors que les consultations sont bien menées. Il faut que le président de la République reçoive son opposition. Il est le président de tous les Sénégalais. Il doit tendre la main à tout le monde et les recevoir autour des enjeux nationaux ». Dans la même veine, l’ancien ministre des Affaires étrangères a invité Macky Sall à bien réguler ses rapports avec sa coalition (Bennoo Book Yaakaar) qui aurait déjà volé en éclats, selon lui. « On a besoin de cette paix, de ce calme et de cette sérénité, seuls gages de développement. Tout le monde nous observe », a indiqué ABC qui était l’invité d’une émission politique diffusée sur les ondes de Téranga FM ( radio privée de Saint-Louis).