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SITUATION DES DROITS DE L’HOMME AU SÉNÉGAL: Le gouvernement savoure une main tendue du haut-commissaire de l’ONU
Publié le mercredi 21 juin 2023  |  Enquête Plus
Aissata
© Autre presse
Aissata Tall Sall, Député, maire de Podor
Aissata Tall Sall, Député, maire de Podor
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Bien qu’ayant rappelé ses inquiétudes sur des dérapages notés, le haut-commissaire des Nations Unies aux Droits de l'homme reconnaît la longue tradition de ‘’coopération positive’’ du Sénégal. Une déclaration qui a ravi la ministre des Affaires étrangères et des Sénégalais de l’extérieur.

C’est une véritable bouffée d’oxygène que vient de humer le gouvernement du Sénégal. Acculé par Amnesty International, l’avocat Juan Branco avec des promesses de plaintes à la Cour pénale internationale (CPI), le Sénégal vient recevoir un message quelque peu positif sur la situation des Droits de l’homme dans le pays.

À l'ouverture solennelle de la 53e session du Conseil des Droits de l'homme qui se tient du 19 juin au 14 juillet 2023 à Genève (Suisse), le haut-commissaire des Nations Unies aux Droits de l'homme, Volker Türk, a soutenu : ‘’Contrairement à de nombreux États plus riches, le Sénégal a ratifié tous les principaux traités relatifs aux Droits de l'homme et est également parfaitement à jour de toutes les obligations de déclaration. Même si j'ai récemment noté des inquiétudes, il est important de reconnaître qu'il s'agit d'un pays qui a une longue tradition de coopération positive.’’

Dans un communiqué du ministère des Affaires étrangères, les services d’Aïssata Tall Sall ont rapporté ces propos pour ‘’se féliciter de la reconnaissance, encore renouvelée, ce lundi 19 juin 2023, à Genève, du rôle et de la place de leader du Sénégal, en matière de Droits de l'homme’’.

Selon le ministère, cette position de l'organe suprême des Nations Unies chargé des Droits de l'homme (HCDH) confirme l'attachement du gouvernement du Sénégal à cette question, dans un esprit de transparence et de collaboration, ainsi que sa volonté de consolider sa tradition de pays respectueux des droits humains, dans le cadre de la légalité internationale et des lois et règlements nationaux.

Cette main tendue du Haut-Commissariat des Nations Unies aux Droits de l’homme vient à point nommé pour la diplomatie sénégalaise.

En effet, ce même organe, la semaine dernière, a réclamé l’ouverture d’une enquête indépendante sur la mort d’au moins 16 personnes dans des violences survenues au Sénégal, entre le 1er et le 3 juin 2023. Dans son communiqué, le HCDH demande à Dakar de garantir les droits à la liberté de réunion pacifique et d’expression, ainsi que le droit à l’information. Il s’agit aussi de veiller à ce que les journalistes puissent exercer leur profession librement et en toute sécurité, en particulier à l’approche de l’élection présidentielle de 2024.

Le HCDH s’est dit ‘’profondément préoccupé par l’évolution de la situation des Droits de l’homme au Sénégal’’, après avoir noté 350 blessées et plus de 500 personnes arrêtées lors de trois jours de manifestations et le refus des autorités d’autoriser au moins deux autres manifestations. Pour l’ONU, il est de la responsabilité première des autorités sénégalaises de préserver le respect de longue date du pays pour les traditions démocratiques et l’État de droit.

Malgré cela, les services du haut-commissaire Volker Türk ont pris note de la décision des autorités sénégalaises d’ouvrir des enquêtes, tout en demandant ‘’de veiller à ce que celles-ci soient rapides, indépendantes et approfondies’’. Les enquêtes promises par le gouvernement du Sénégal, après les émeutes de mars 2021, dans des circonstances similaires à celles de juin 2023, n’ont toujours pas été rendues publiques.

Avec cette main tendue du haut-commissaire, le gouvernement espère atténuer la charge de critiques sur l’utilisation excessive de la violence, lors de la répression des manifestations survenues ces dernières années au Sénégal.

Car, en plus de l’ONU, Amnesty International a effectué un décompte pour arriver à au moins 23 personnes tuées durant les violentes manifestations qui ont éclaté notamment à Dakar et à Ziguinchor, au début du mois de juin. Le tout en notant que ‘’ces manifestations ont été émaillées de plusieurs atteintes aux droits humains et notamment un usage excessif de la force et des atteintes à la liberté d’expression et d’information, à travers la suspension de l’accès aux réseaux sociaux et à l’Internet mobile’’.

Samira Daoud, directrice régionale du bureau d’Amnesty International pour l’Afrique de l’Ouest et du Centre, a appelé ‘’les autorités à mener une enquête crédible, indépendante et impartiale sur les circonstances de ces morts et à garantir que les responsables d’homicides illégaux soient poursuivis selon les normes de procès équitables’’.

Lamine Diouf
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