Dakar (Sénégal) - Les communautés vivant au Sénégal oriental perdent leurs terres agricoles au profit des sociétés minières, ce qui réduit drastiquement leurs moyens de subsistance, indique le rapport 2014 d'Amnesty international sur "l'exploitation minière et les droits humains au Sénégal" lancé vendredi à Dakar.
"Au Sénégal, les communautés rurales des zones minières voient leurs droits à la terre foulés aux pieds alors que le gouvernement, faisant fi de ses obligations au titre du droit international, octroie des concessions à des compagnies minières sans garantir le respect des droits humains", a dit Seydi Gassama, directeur d'Amnesty international-Sénégal.
Il présentait le rapport dont les travaux ont été menés dans les zones minières du Sénégal oriental, en collaboration avec Amnesty Pays-Bas et les populations locales.
Le document indique que pour laisser la voie libre aux sociétés minières internationales "avides d'exploiter les riches réserves d'or et autres métaux au Sénégal", des communautés sont déplacées "sans qu'il soit tenu dûment compte" des répercussions de ces mesures sur leurs moyens de subsistance et leur accès à l'eau et à la nourriture.
"Le gouvernement sénégalais a fait grand cas de sa volonté de devenir la figure de proue d'une industrie minière durable en Afrique, mais il apparaît dans ce rapport très loin de ces objectifs", a poursuivi Seydi Gassama.
Selon lui, à mesure que de nouvelles concessions minières seront accordées et que l'activité minière s'intensifiera, les conséquences néfastes sur les populations locales ne feront qu'augmenter.
"Il est vital que les droits des communautés locales ne soient pas foulés aux pieds dans cette ruée vers l'or et que de nouvelles lois soient adoptées d'urgence pour que les droits humains soient dûment protégés par l'Etat et respectées par les entreprises", préconise l'ONG humanitaire.
Elle souligne que les sociétés minières font de mauvaises pratiques et qu'il y a de la défaillance de la part des autorités administratives, faisant craindre aux communautés locales la perte de leurs droits totaux.
Selon Amnesty international, aux termes du code minier du Sénégal entré en vigueur en 2003, des sociétés minières internationales se sont vu offrir diverses incitations à l'investissement les encourageant à prospecter et à exploiter les gisements d'or et d'autres minerais.
Cette législation, associée à la hausse du prix de l'or, a entraîné une expansion rapide de l'industrie minière à Kédougou.