Accueil    MonKiosk.com    Sports    Business    News    Annonces    Femmes    Nécrologie    Publicité
NEWS
Comment

Accueil
News
Société
Article
Société

Retour au pays de neuf anciens combattants: Fini la navette Dakar - Paris
Publié le lundi 1 mai 2023  |  Enquête Plus
Réception
© aDakar.com par PMD
Réception des neuf (9) anciens combattants au Palais de la République
Dakar, le 29 avril 2023 - De retour au Sénégal, les neuf (9) tirailleurs sénégalais ont été reçus par le président de la République qui les a élevés à la dignité de Grand Officier dans l’Ordre national du Lion.
Comment


Neuf Tirailleurs sénégalais, vivant jusqu'ici en France, ont été chaleureusement accueillis, hier, à l'aéroport international Blaise Diagne par les ministres des Forces armées et des Affaires étrangères, les autorités militaires et les membres de leurs familles. Ils ont été élevés à la dignité de Grand officier dans l’Ordre national du Lion.

Ouf de soulagement pour neuf Tirailleurs sénégalais aya3nt servi dans l'armée française, notamment durant les guerres d'Indochine et d'Algérie. Octogénaires ou nonagénaires, ils étaient, jusqu'ici, contraints de vivre en France au moins six mois par an, pour bénéficier d'une pension de retraite. L'opportunité leur a été donnée de rentrer dignement dans leur pays d'origine sans plus aucune contrainte.

Ainsi, Yoro Diao, né en 1932 à Dagana, Oumar Diémé, né en 1932 à Badian au Sénégal, Ousmane Sagna, né en 1931 à Kolda, Maciré Sy, né en 1938 à Ndioum, Mor Diop, né en 1930 à Mbacké, Gorgui Mbodji, né en 1933 à Keur Mary au Sénégal, Ndongo Dieng, né en 1935 à Guinguinéo, Younoussa Sonko, né en 1936 à Kagnobon, et Daouda Faye Badji, né en 1938 à Balingore ont foulé, hier, le tarmac de l’aéroport international Blaise Diagne, le cœur léger.

Un sentiment de joie partagé par les membres de leurs familles et les autorités qui étaient à l’accueil. Parmi les neuf, six sont encore aptes à marcher. Les trois autres se déplacent à l’aide de fauteuils roulants. Samba Ousmane Diao, le fils aîné de Yoro Diao (95 ans), confie : "Mon père est parti en France en 2005. Parce qu'il savait qu'il y a des avantages en France et qu’il faut s'y rendre pour en bénéficier, c'est-à-dire se soigner, avoir une allocation de la vieillesse…’’

En effet, ces anciens combattants restaient six mois en France et six mois au Sénégal, pour ne pas perdre leurs avantages. D’ailleurs, s'ils tardaient à regagner la Métropole après l'écoulement de ces six mois, il s'ensuivait des sanctions, des amendes, entre autres. "Mon père avait l'habitude de venir et de retourner en France, sinon, il perdait ses avantages. Il devait restait six mois en France", renseigne Samba Ousmane Diao. Il souligne que son père a intégré l'armée française en 1951.

Les premiers actes de ce retour définitif au bercail ont été posés en 2017, après leur naturalisation française par le président de la République François Hollande. Dans la foulée, les Tirailleurs sénégalais vivant en France avaient émis le souhait de pouvoir rentrer définitivement dans leur pays d'origine, tout en continuant à percevoir leur allocation minimum vieillesse d’un montant de 950 € par mois qui permettait notamment à leurs familles restées au pays d’avoir un minimum pour subvenir à leurs besoins. Puisque leur grand âge (âgés entre 85 à 96 ans) ne leur permettait plus de faire cette navette éreintante entre le Sénégal et la France. Pire, en Métropole, ils vivent dans des conditions extrêmement difficiles, seuls, dans des chambres ne dépassant pas 15 m2.

Ainsi, grâce à l’Association pour la mémoire, l’histoire et les droits des Tirailleurs sénégalais, et dans la dynamique du film ‘’Tirailleurs’’ de Mathieu Vadepied, l’État français a annoncé, début janvier, une mesure dérogatoire permettant le droit au retour permanent des Tirailleurs sénégalais sans perte l'allocation vieillesse.

Quid du suivi médical qu’ils auront au Sénégal ?

Tout sourire, Sidy Diémé, petit frère d’Oumar Diémé (91 ans) qui a fait la guerre d’Indochine et d’Algérie, confie que son grand frère et ses frères d'armes sont heureux de tourner le dos au grand froid, à la neige et surtout à la solitude. Mais malgré son bonheur, il porte quelques appréhensions quant au suivi médical que son frère et ses frères d'armes recevront au pays. "Ce qui fait peur avec leur retour, c'est le plateau médical qu'ils ont laissé en France. Je ne suis pas sûr qu'ils puissent l'avoir ici au Sénégal".

C’est pourquoi il lance un appel à l'État du Sénégal de tout faire pour que ces anciens combattants puissent avoir un bon plateau médical au Sénégal. Parce que, dit-il, "nous voulons qu'ils passent encore beaucoup d'années avec nous, avec une santé solide".

En ce qui concerne l’alimentation, Sidy Diémé dit ne pas se faire du souci. "Concernant l'alimentation, je n'ai pas peur, parce qu’en Casamance, Oumar va manger une nourriture très saine, car il y a beaucoup de fruits de mer, des poissons frais et de fruits", se réjouit-il.

"Je suis très heureux de retrouver ma famille, mes frères, mes enfants et petits-fils. C'est une joie immense que je puisse rester au Sénégal et avoir ma pension au Sénégal", souffle justement Oumar Diémé, avec un imminent sourire.

"Élevés à la dignité de Grand officier dans l’Ordre national du Lion"

Après le chaleureux accueil à l’aéroport, cap au palais présidentiel où nos héros ont reçu les honneurs de la République. Le chef de l’État, après leur avoir souhaité la bienvenue, les a tous élevés, au nom de la Nation, à la dignité de Grand officier dans l’Ordre national du Lion. Par la même occasion, le président Macky Sall a rendu un vibrant hommage à tous leurs frères d’armes, vivants et défunts. ‘’Aujourd'hui, nous célébrons une injustice réparée, parce que vous pouvez, enfin, vivre chez vous en famille et continuer de percevoir l’intégralité de vos pensions. Ce n’est que justice".

Dans le même ordre d'idées, le président de la République a rendu hommage à la conseillère régionale de l’Île-de-France et présidente de l’Association pour la mémoire et l’histoire des Tirailleurs sénégalais, Aïssata Seck, pour le combat inlassable qu'elle continue de mener pour la défense des droits de nos anciens combattants. "C’est grâce à votre contribution décisive que les tirailleurs ont pu obtenir la nationalité française. Pour toutes ces raisons, vous méritez notre reconnaissance et la distinction de Commandeur dans l’Ordre national du Lion qui vous a été décernée", a indiqué le chef de l'État.

Le président Sall d’ajouter : "Nous ne pouvons oublier les pensions inégales, les avancements lents et bloqués, le placement sous les ordres de Métropolitains moins gradés, l’impossibilité de commander des troupes non indigènes, les messes séparées, les voyages sur des bateaux différents, entre autres discriminations."
Commentaires