Le passage du chef de l'État sur la RFM a fait monter au créneau Babacar Fall. En effet, le journaliste du groupe de presse de Youssou Ndour ne partage pas l'avis du chef de l'État qui décrit un Sénégal "économiquement et socialement stable".
Selon le journaliste, le président de la République "minimise l'atmosphère politique très tendue ces derniers jours, ainsi que la vie chère qui est un véritable casse-tête des ménages sénégalais".
D'après le journaliste, le président Sall n'a pas pris la bonne température du pays. "Il est grand temps de parler à Macky Sall. La légèreté avec laquelle le président de la République aborde les questions sociales est sidérante. Dans cette interview magistralement menée par El Hadj Assane Guèye, le chef de l'État semble ne pas douter de l'imaginaire bonne santé financière des ménages sénégalais, en donnant l'exemple des augmentations sur les salaires dans la Fonction publique : 140 000 fonctionnaires sur 17 millions de Sénégalais. C'est la preuve de la déconnexion apparente entre le palais présidentiel et le reste du pays. Que dire aussi de ce fossé qui se creuse davantage entre la justice et l'injusticiable, et Macky Sall se permet de déclarer qu'il n'y a pas de détenus politiques au Sénégal. Pourquoi donc ces emprisonnements à outrance des responsables et militants de l'opposition, notamment de Pastef. Emprisonnements dont certains semblent être le résultat d'une partisanerie juridique qui permet donc facilement de clouer le citoyen.
Pourquoi l'arrestation, puis l'incarcération de Bassirou Diomaye Faye qui n'a fait qu'émettre son opinion sur le fonctionnement de la justice ? Pourquoi les citoyens sénégalais n'auraient-ils pas le droit de critiquer les magistrats ? Sont-ils au-dessus de tout le monde ? Non. Nous ne sommes pas dans une République de juges. L'emprisonnement de Bassirou Diomaye Faye et de plusieurs de ses camarades opposants est injuste. On ne joue pas avec la liberté des gens. La justice a l'obligation alors de travailler à rétablir la confiance entre elle et les citoyens. Un sentiment d'injustice généralisée ajoutée à la difficile situation sociale et économique dans une atmosphère politique tendue, c'est un cocktail explosif. Les événements de Ngor en fin de semaine dernière ne sont pas provoqués par un simple litige foncier. Les nerfs sont tendus dans le pays et la volonté réelle ou supposée de Macky Sall de briguer un troisième mandat est l'autre goulot qui étrangle le Sénégal. Macky Sall n'a pas le droit de se représenter aux élections prochaines. C'est lui qui l'avait promis. Le Sénégal ne mériterait pas d'avoir encore un président qui se dédit à la face du monde. Il est donc temps pour Macky Sall de déclarer sa non-candidature pour libérer le peuple", lâche le journaliste sur les ondes de la RFM.