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Adama Sèye Ndiaye, Directrice territoriale Dakar banlieue de Sen’Eau : «Avec l’injection de 100 mille m3 d’eau par jour, le nombre de quartiers déficitaires à Dakar est passé de 92 à 17»
Publié le mercredi 22 mars 2023  |  Le Quotidien
Eau
© Autre presse par DR
Eau potable en milieu rural
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Avec la célébration ce mercredi de la Journée mondiale de l’eau, Le Quotidien fait le point sur la distribution du liquide précieux dans les grandes villes, plus particulièrement à Dakar. Directrice territoriale Dakar banlieue de Sen’Eau, Adama Sèye Ndiaye fait l’état des lieux.

Le monde célèbre la Journée mondiale de l’eau ce 22 mars, quelle est la situation au niveau du périmètre de la Sen’Eau ?
La distribution de l’eau potable est stable et continue sur l’ensemble des zones urbaines et péri-urbaines du Sénégal. Mal­gré un contexte difficile de début de contrat, marqué par la crise du Covid-19 qui n’a épargné aucun secteur d’activités, un déficit structurel de production assez important dans la plupart des grandes villes et plus particulièrement à Dakar, la Sen’Eau, en relation avec la société de patrimoine la Sones, a su trouver des solutions structurelles permettant d’assurer la continuité du service. L’incor­poration récente de nouveaux centres tels que Nguékhokh en 2021 et Niomré dont le processus est en cours, ainsi que les nombreuses demandes d’intégration dans le périmètre urbain montrent après seulement 3 ans d’existence, la confiance dont jouit la Sen’Eau auprès des différentes parties prenantes du secteur.

Le thème de cette année porte sur «accélérer le changement pour résoudre la crise de l’eau et de l’assainissement», où en est la Sen’Eau ?
Plusieurs innovations, axées pour l’essentiel autour de la transformation digitale, ont été initiées par la Sen’Eau et ont permis de mieux prendre en charge les attentes de nos clients et d’anticiper sur les situations de crise précédemment vécues. Pour matérialiser sa volonté de placer le client au cœur de son projet de transformation, la Sen’Eau a introduit un nouveau logiciel, Aar Sen’Eau, colonne vertébrale de la Relation client, lancé la digitalisation de la relève via des smartphones connectés 4G et ouvert Noflaye, la première agence de service d’eau en ligne du Sénégal.

Ces outils offrent ainsi une nouvelle expérience client, en favorisant une plus grande accessibilité au service, une fiabilité et une simplification des factures, un compte client mis à jour en temps réel, une diversification des services, une convivialité dans les interactions.

Afin d’anticiper sur les situations pouvant aboutir à des situations de rupture de la continuité du service, la Sen’Eau s’est dotée d’un centre de pilotage et d’ordonnancement dénommé Visio qui se propose, dans une vision à 360°, de gérer l’ensemble des activités de l’exploitation, depuis la production jusqu’au traitement des demandes et réclamations clients, en passant par la distribution et les magasins d’approvisionnement.

Grâce à un ensemble de solutions informatiques, des modules et capteurs électroniques installés au niveau des unités de production sur tout le Sénégal et à différents points du réseau de distribution, le centre assure une surveillance en temps réel du fonctionnement des installations sur l’ensemble du périmètre de la Sen’Eau.

Il y a de moins en moins de pénurie dans la capitale, qu’est-ce qui l’explique ?
Dès le démarrage de son contrat en janvier 2020, l’entreprise avait mis en place un vaste chantier de sécurisation et de renforcement des capacités de production dénommé «Pointe 2020», qui a permis d’améliorer le fonctionnement des installations à travers d’importants programmes de réhabilitation dont le plus marquant a été les travaux de rénovation de l’usine du Point B, d’augmenter substantiellement les capacités de production de l’ordre de 15 000 m3/j grâce à un programme de régénération des forages et d’aménager des stations de suppression dans les quartiers habituellement déficitaires tels que Montagne Rouge, Cité Baraka, Unité 7 des Parcelles Assainies, Médine de Rufisque… Ces actions ont permis de traverser la Pointe 2020 sans perturbations majeures.

Par la suite, la mise en service de l’usine de Keur Momar Sarr 3 en avril 2021, a permis d’améliorer de manière significative la distribution en eau de toute la région de Dakar, notamment à Rufisque et dans la banlieue dakaroise.

Depuis la mise en service de Kms3, que pouvez-vous nous dire sur son impact dans la distribution d’eau potable ?
En effet, avec l’injection de 100 000 m3 d’eau par jour, le nombre de quartiers déficitaires dans la région de Dakar est passé au total de 92 à 17 dont 20 à 8 sur Dakar-ville, tous localisés dans la zone d’influence des réservoirs des Mamelles. Pour la banlieue dakaroise, ce nombre est passé de 45 à 0 et pour Rufisque, de 27 à 9 quartiers, situés dans les zones périphériques de la ville.
Au total, 98% des quartiers suivis dans notre panel enquête de satisfaction dans la région de Dakar, soit 393 sur 403 quartiers, sont actuellement alimentés en continu. Parmi les quartiers qui sont passés d’une alimentation partielle à une présence quasi permanente d’eau, on peut citer Hlm, Béne Tally, Niary Tally et Sicap à Dakar-ville, Parcelles Assainies et Thiaroye Azur dans la banlieue dakaroise, Jaxaay, Médine et Lébou-Gui à Rufisque. Sur la Petite-Côte, et particulièrement au niveau des communes de Mbour et Saly, où les infrastructures de transfert d’eau à partir de la conduite de Kms3 ont été mises en service au mois de mars 2022, la situation de la desserte a connu une amélioration significative avec un volume additionnel de 14 000 m3/j. Cela se traduit aujourd’hui par une présence d’eau 24h/24 sur l’ensemble des quartiers de ces deux communes tels que Grand-Mbour, Thiocé, Château d’eau, Falokh, Liberté, Médine, Saly Carrefour, mais aussi à Joal où le temps de présence est passé de 4 à 18h par jour. Des travaux complémentaires en cours de finalisation et comprenant une station de pompage de 1000 m3/h, une conduite de transfert entre Mbour et Joal et deux châteaux d’eau à Pointe Sarène et Mbodiène, d’une capacité totale de 3500 m3, devraient permettre d’assurer une desserte en continu pour l’ensemble des localités situées sur cet axe.
La situation s’est également nettement améliorée à Thiès, avec l’apport de Kms3 avec les 10 000 m3/j supplémentaires qui ont permis de résorber le déficit dans les quartiers situés au sud et au centre de la ville (Mbour 1 à 4, Grand Standing, Hlm Rte de Mbour, Keur Massamba Guèye, Silmang, Cité Senghor, Cité Dabakh, Parcelles Assainies, Darou Salam, Cité Lamy, Grand-Thiès) après plus de deux décennies de pénurie d’eau.

Avec Kms3, il a fallu certainement des réajustements pour une bonne distribution dans le pilotage des flux dans le réseau ?
Dans l’approvisionnement en eau, il y a deux volets importants : d’abord la capacité de production pour répondre correctement à la demande, ensuite le réseau de canalisations et les équipements hydrauliques qui permettent d’acheminer l’eau des sites de production jusqu’aux robinets des clients. Effective­ment, après avoir mobilisé la capacité de production pour alimenter les clients, la question de l’acheminer au niveau de son robinet s’est posée. Pour résoudre cette importante question, la Sen’Eau a initié la modélisation hydraulique des réseaux pour définir et mettre en œuvre les travaux nécessaires permettant de faire transiter de manière optimale jusqu’à Dakar, le volume additionnel mis en distribution par l’usine de Kms3. Ainsi, sous financement de la Sones, les équipes de la Sen’Eau ont réalisé ces travaux pour atteindre toutes les zones déficitaires ciblées.

Avec une clientèle de plus en plus nombreuse et exigeante, qu’est-ce que la Sen’Eau fait à ce niveau ?
La Sen’Eau place le client au cœur de ses préoccupations. C’est dans ce cadre que plusieurs innovations sont opérées pour une meilleure satisfaction de nos clients. On peut citer la modernisation des agences clientèles avec une optimisation de la gestion des files d’attente, sans oublier l’ouverture récente d’une deuxième agence à Rufisque, qui vient répondre à la forte demande exprimée par les populations de la ville. La mise en service dans la zone sud du pays, d’un laboratoire mobile, qui fait également partie de ces innovations. Ce laboratoire de dernière génération a permis de réaliser plus de 15 000 analyses pour un taux de conformité à 97.7% en bactériologie et 99,6 sur les paramètres physico-chimiques. On peut noter aussi l’amélioration de la proximité avec nos clients grâce au renforcement de la communication locale, notamment les rencontres avec les autorités locales, les Badiénou gox, les délégués de quartier, les plateformes WhatsApp… En plus de cela, une enquête de satisfaction clientèle a été réalisée au mois de septembre 2022. Celle-ci a révélé que 63% de nos clients sont satisfaits des services de la Sen’Eau, 83% des clients interrogés boivent l’eau du robinet, 62% des clients interrogés paient leurs factures d’eau via un opérateur de paiement. Et enfin, nos agences clientèles sont désormais équipées de bornes afin que nos clients puissent évaluer sur place la qualité de l’accueil qui leur a été réservé.

Il y a notamment la facturation qui soulève toujours des incompréhensions ou contestations. Qu’est-ce qui explique cela ? Et comment arrivez-vous à gérer cette situation ?
La facturation à la Sen’Eau est un processus tout à fait transparent, du reste encadré par le décret n°98-1025 portant règlement du service d’eau et contrôlé par la société de patrimoine la Sones.

L’appareil de facturation (le compteur) est positionné généralement dans la propriété privée du client qui a la possibilité de suivre ses consommations et, au besoin, les comparer avec celles indiquées sur sa facture. Au-delà de la vérification du client, deux (2) étapes sont proposées par le règlement du service d’eau : une vérification d’index faite par les agents en charge de la facturation pour s’assurer qu’il n’y a pas eu d’erreur de relève, une vérification de la conformité du compteur faite, après la première, par les services compétents du ministère du Commerce à la suite d’une demande d’étalonnage cautionnée par le client. Toutefois, nous avons pris conscience que la mise en service de l’usine de Keur Momar Sarr 3 a entraîné un changement d’habitude des consommations, notamment chez nos clients précédemment situés dans les zones déficitaires, en plus de provoquer des fuites dans leur réseau intérieur peu habitué à recevoir des pressions d’eau relativement élevées. C’est pour cette raison que nous avons mis en œuvre la campagne de sensibilisation «Yakhanal ndox mi» qui, d’après le retour de certains clients, a porté ses fruits.

Avec l’explosion démographique et aussi l’érection continue de nouvelles zones d’habitation, les défis à l’avenir dans la distribution de l’eau sont énormes, qu’est-ce qui est prévu pour cela ?
Cette problématique est bien prise en charge par la Sones. En effet, d’après les études qui sont menées, la grande zone Dakar-Thiès-Mbour, dénommée triangle de l’eau, va regrouper 80% de la demande en eau à l’horizon 2030, justifiant qu’elle abrite plusieurs projets structurants tels que l’Usine de dessalement des Mamelles, le transfert d’eau à partir du champ captant de Diogo, l’Usine de dessalement de la Grand- Côte, qui permettront de satisfaire les besoins en eau jusqu’à l’horizon 2040. En plus du triangle Dakar-Thiès-Mbour, des projets structurants sont également prévus pour le renforcement de l’alimentation en eau des localités de l’intérieur du pays. Parmi ces projets, certains sont en cours de réalisation, notamment la nouvelle usine de Saint-Louis, la station de Dagana, les projets de transfert d’eau douce à Mbacké, Foundiougne, Thiadiaye, et d’autres comme le transfert d’eau à Kaolack, la nouvelle usine de Ziguinchor, entre autres, sont présentement en phase d’étude.
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