Jeune Afrique s’interroge sur la présence de Blancs portant l’uniforme sénégalais lors d’opérations de maintien de l’ordre.
Sur un continent d’où jaillissent, depuis quelques mois, nombre d’exhortations panafricanistes, la nationalité est plus que jamais un sujet sensible – des récurrents emportements xénophobes en Afrique du Sud aux récents appels de Kaïs Saïed, le président tunisien, à prendre des « mesures urgentes » pour lutter contre l’immigration clandestine subsaharienne. Les questions d’identité, surtout lorsqu’il s’agit de partenaires sécuritaires de type caucasien (soupçonnés, au Mali, d’être « camouflés », ou considérés comme « indésirables » au Burkina Faso), suscitent des réactions épidermiques.
C’est désormais au Sénégal que la question de la présence d’ « étrangers » présumés dans les rangs des Forces de défense et de sécurité (FDS) se pose, notamment lors de l’encadrement de rassemblements protestataires. À mesure que se profile l’hypothèse d’un troisième mandat de Macky Sall et que l’opposant Ousmane Sonko occupe l’espace politico-médiatique les manifestations sont de plus en plus tendues.
Rumeurs et spéculations
Et la presse locale, en particulier EnQuête +, de s’interroger sur l’organisation des opérations de maintien de l’ordre. Dans l’une de ses récentes éditions, le quotidien évoque des « images qui circulent sur le Net » et qui « montrent des personnes de type caucasien arborant l’uniforme de la gendarmerie et de la police nationales. » De là à conclure à « la présence de personnel militaire étranger » il n’y a qu’un pas, le vocabulaire méritant tout de même d’être affiné
Spéculations et rumeurs vont bon train. Mais certains observateurs soulignent que « blanc » ne signifie pas systématiquement « caucasien », ni mécaniquement « étranger », la communauté nationale comptant de nombreux Sénégalo-Libanais.
Si la coopération bilatérale permet à nombreux pays africains d’accueillir quelques conseillers ou formateurs étrangers sous les drapeaux, il n’est guère habituel que ces hommes interviennent dans des opérations de maintien de l’ordre, a fortiori à l’occasion de manifestations réprimées de manière plutôt violente. Si les « Blancs » identifiés sur les images des manifestations n’avaient ni attaches culturelles ou familiales au Sénégal ni le profil de coopérant, il appartiendrait aux autorités de (re)clarifier leur statut.