Le «drame familial» a été évité ! Tahibou Ndiaye ne séjournera pas en prison avec toute sa famille (sa femme et ses trois filles adoptives) interpellée pour complicité d’enrichissement illicite. Placé sous mandat de dépôt hier, l’ancien directeur du Cadastre peut se réconforter de voir sa femme et ses filles adoptives placées sous contrôle judiciaire.
A défaut d’obtenir la mutation de certains de ses biens attribués à sa femme et ses filles adoptives, le juge d’instruction de la Cour de répression de l’enrichissement illicite (Crei) a simplement inscrit Tahibou Ndiaye au registre de Rebeuss. En effet, comme l’a requis le procureur spécial, Alioune Ndao, l’ancien directeur du Cadastre a été placé sous mandat de dépôt hier, après cinq longues heures d’audition aux allures d’une family affair où il y a, d’une part, Tahibou Ndiaye, le papa qui aurait offert une bonne partie de ses biens à sa famille. Et de l’autre, sa femme et ses filles attraites dans cette affaire pour complicité présumée d’enrichissement illicite. D’ailleurs, ces dernières ont été cueillies et placées en garde à vue au même titre que Tahibou, mardi dernier, pour répondre au même chef d’accusation.
Dans la longue liste de biens qui leur sont attribués il y a, entre autres, trois villas immatriculées au nom de sa femme Ndèye Abby Diongue à Almadies (1600 m2 estimé à plus d’un milliard), Hann Mariste (297 m2 estimé à 55 millions), et à Sotrac Mermoz (130 m2 estimé à 69 millions). Quatre terrains nus, deux immeubles et des avoirs financiers dans des comptes bien remplis, tous attribués à ses filles adoptives, Ndèye Rokhaya Thiam, Mame Fatou Thiam et Aminata Thiam. Autant de biens que la Cour n’a pu récupérer face au niet catégorique de Tahibou Ndiaye qui, auparavant, avait accepté de transiger après une médiation pénale.
Au terme de l’audition d’hier avec le juge d’instruction, le «drame familial» - celui de voir toute une famille placée sous mandat de dépôt - a été évité de justesse. Car, comme le rapporte l’avocate de Ndèye Abby Diongue et de ses filles adoptives, Me Borsso Pouye, «Tahibou a été placé sous mandat de dépôt mais sa femme et ses trois filles adoptives sont placées sous contrôle judiciaire, après inculpation, pour complicité d’enrichissement illicite. C’est-à-dire que toutes leurs activités sont contrôlées. Mais il faut préciser qu’elles ne reconnaissent pas les faits qui leurs sont reprochés».
Quant au fond du dossier Tahibou Ndiaye, Me Pouye, se demande : «Comment on peut muter des biens qui sont déjà au nom de l’Etat ?» Une question qui taraude bien des esprits chez les proches de la famille venus nombreux les soutenir. Dubitatif sur la véracité même des faits qui seraient reprochés à Tahibou, M. Sy, un des proches de l’ancien haut fonctionnaire, souligne qu’en «tant que directeur du Cadastre, Tahibou n’a pas le pouvoir de s’auto-attribuer des terres parce que c’est une commission qui s’en charge».
La tête de Amadou Bâ réclamée
D’après ce dernier, c’est à l’ancien président de cette commission, ex-Directeur des Impôts et domaines et actuel ministre de l’Economie et des Finances de s’expliquer. Car, croit-il, «si Tahibou s’est attribué des terres alors qu’il n’est pas le président de la commission, il faut voir ce que les autres membres de la commission se sont attribués eux aussi». Ce qui prouve, selon lui, que «Tahibou Ndiaye est un otage. Pourquoi lui et pas les autres ?» Une piste à creuser, peut-être, dans tous les secteurs où les cadres s’auto-attribuent des privilèges. En attendant les résultats de cette réflexion que propose M. Sy, Tahibou Ndiaye séjournera à Rebeuss les six prochains mois avant d’être édifié sur son sort.