La ville de Tétouan est à la porte de la mer méditerranée dans le nord-est marocain. A la sortie de cette agglomération, un complexe est niché sur les berges de l’Oued négro. Ici, l’air n’est pas rebutant. Pourtant, on est bien dans une station d’épuration relevée par des aménagements paysagers.
(TETOUAN) - Plusieurs dizaines de kilomètres séparent Tanger de Tétouan, la plus andalouse des villes du Maroc. Parti de l’hôtel situé à l’avenue Mohamed VI, le bus sort de la ville touristique en début de cette matinée du 20 mai. Il dépasse des hameaux et de petites villes. Nous avons le temps de se lasser. Si nous regardons à travers les vitres, on ne sent pas le temps passer. De part et d’autre, sur des versants ou dans les vallons des collines, les exploitations agricoles nous accrochent. On admire ces troupeaux de moutons courts à la robe de velours paître près des habitations. Entre ces deux villes, des peuplements de sapins colonisent les flancs de montagnes. Le paysage est saisissant.
Au fur et à mesure que la voiture remonte vers le nord du Maroc, la mer Méditerranée qu’on ne voyait pas étale sa générosité sur une bonne partie du trajet. Ses affluents apportent la vie sur la terre ferme. Le temps passe. Après la sortie de Tétouan sur plusieurs kilomètres, le bus s’immobilise à la station.
A l’entrée, un grand panneau porte le synopsis de l’ouvrage. Deux bâtiments y sont édifiés. Un poste de distribution électrique et un bâtiment d’exploitation avec un étage. Sur le flanc de celui-ci, le décanteur primaire cylindrique couvre une superficie importante. Il a son pont comme une aiguille sur l’écran d’une montre. Il est flanqué par d’autres bassins où il y a plus de frémissement. C’est la phase de traitement biologique. « Dans cette zone, les bactéries aérobies utilisent les matières organiques carbonées comme substrat et consomment en même temps de l’oxygène dissous pour la respiration. La dégradation des matières organiques entraîne la production supplémentaire de boue biologique », détaille un technicien.
Une route goudronnée éventre le centre. Ses trottoirs sont revêtus. Un tapis gazonné longe les deux accotements. Des plantes ornementales dont les sapins embellissent la station. Au bout de la route, un digesteur surplombe une panoplie d’équipements. La répartition spatiale des installations, des haies de fleurs est indicatrice des vocations que l’ouvrage va assumer dans le développement socio-économique de cette région touristique. Elle est déjà sur cette voie. « Nous traitons les boues avec le méthane et le Mercarpan. Nous avons des extracteurs de l’air vicié. Nous avons travaillé à réduire les nuisances », explique Younes Argaz, responsable de la station de Tamuda Bay.
Le complexe, avec ces équipements modernes, réalise le prétraitement, les traitements primaire, biologique et tertiaire. L’ouvrage s’est arrimé aux normes internationales en matière d’épuration. La station est certifiée.
Des eaux usées pour le développement de l’agriculture
Les rejets coulent dans l’Oued (ruisseau) qui roule vers la mer. Jusqu’ici, les services n’ont pas encore noté de pollution. Dans l’avenir, il y aura moins de rejets à la mer. Les eaux usées traitées seront destinées à l’arrosage des exploitations agricoles et des espaces verts dans la région du littoral marocain qui attire de nombreux touristes. « Nous allons signer une convention avec le ministère de l’Agriculture afin d’utiliser cette eau pour l’arrosage des plantes d’olive. Les boues activées seront utilisées pour fertiliser les sols », révèle le responsable de la station.
Les techniques de réduction des odeurs focalisent l’attention des riverains de la Baie de Hann. Ils s’approchent et demandent des précisions. Le technicien détaille les procédures. Les visiteurs notent. Certains échangent entre eux. La délégation descend dans le bâtiment d’exploitation. « Nous venons de visiter une station moderne. Nous sommes frappés par le fait que cette station d’épuration est sans odeur. Elle respecte les normes en matière de traitement, ce sera intéressant que ces genres de stations soient construites à Dakar et dans les autres villes du Sénégal », apprécie Mbacké Seck. Une dame de la délégation n’objecte pas. La feuille à la main, sans être sceptique, elle invoque un autre paramètre. « Oui, c’est vrai. C’est une station où l’on ne sent pas d’odeur. Elle est moderne. Mais regarde là où elle est implantée, elle est à l’extérieur de la ville », constate la dame.
La délégation quitte Tamudabay vers 13 heures. Cet ouvrage d’assainissement a déjà des effets bénéfiques pour la région touristique du littoral marocain.