A un an des élections présidentielles est-il sérieux, dans un pays normal, que ses concitoyens ne puisent savoir que Macky Sall, Ousmane SONKO, Khalifa Sall ou Karim Wade seront candidats ou Non ? Entre autorités Gouvernementales, opposition, autorités religieuses et société civile, c’est une communication calamiteuse sur fond d’accusations et de dérapage dangereux. Un pays qui va tout droit vers des lendemains incertains alors que les urgences sont ailleurs…Par ABOU KANE
Aurait-on naïvement cru que les bons offices initiés par les guides religieux au premier rang desquels le khalife général des Mourides, des chefs coutumiers des Layénes , de la société civile allaient ramener durablement la lucidité nécessaire aux différents acteurs politiques après les scènes de chaos que notre cher pays avait tout dernièrement vécus ? Cette question mérite d’être posée au regard de la levée de boucliers qui illustre le décor du landerneau politique depuis presque un an, avec comme point d’orgue les événements sanglants vécus. C’est dire que le vent de la décrispation n’a pas soufflé bien longtemps. Que le camp du pouvoir « écorché » par une situation quasi insurrectionnelle à Dakar et dans d’autres villes de l’intérieur, et dont le lit repose sur un cocktail détonnant de crise multiforme sanitaire, économique, sociale voire politique, veuille reprendre les choses en main par une remobilisation des troupes, avec des meetings organisés un peu partout, rien de plus logique et normal. C’est même salutaire. Que le Pouvoir ne veuille point également laisser le terrain à ses concurrents la nature ayant horreur du vide, c’est encore bien compréhensible.
Mais quand, fort du contexte actuel très chargé, cet exercice s’apparente à un puissant souffle sur des cendres encore incandescentes, il y a lieu de s’inquiéter. Ă vrai dire, la météo socio politique est bien agitée.
Mais quand, fort du contexte actuel très chargé, cet exercice s’apparente à un puissant souffle sur des cendres encore incandescentes, il y a lieu de s’inquiéter. Ă vrai dire, la météo socio politique est bien agitée. Des meetings de Ousmane Sonko sont interdits et militants gazés et emprisonnés .Au même moment , ceux du pouvoir se tiennent à Ziguinchor , Médina et aux parcelles assainies .En effet, on a vu certains hauts responsables de la mouvance présidentielle monter sur leurs grands chevaux et bander les muscles. Des sorties dont celles de ministres de la République Pape Malick N’Dour avce des propos indécents contre le leader de pastef , Mame M’Baye Niang, Doudou Kâ, Abdoulaye SOW qui surfent dans la provocation au point d’avoir réveillé les démons de la confrontation. Des écarts de langage, des attaques gratuites, une communication calamiteuse par endroits, tout y est passé. Sur fond d’accusations et de dérapages dangereux à l’endroit d’adversaires politiques, ces déclarations musclées interrogent sur les véritables intérêts de la patrie à faire prévaloir par leurs auteurs. Ă l’heure où l’espoir de voir enfin le Sénégal s’inscrire dans une voie de développement durable et inclusif doit être entretenu à l’aune des défis majeurs dont la lancinante problématique de l’emploi des jeunes, c’est regrettable que tels propos soient tenus et même amplifiés afin que nul n’en ignore. Dans les départements de Podor et de Matam par exemple, les centaines de millions de francs dépensés aux fins de méga rassemblements paradoxalement en pleine crise économique pour démontrer la force de frappe de l’Alliance pour la République APR et de ses alliés de Benno Bokk yakaar BBY, ne pourraient-ils pas servir à financer l’organisation de fora pour la promotion de l’emploi des jeunes de la région éponyme ou à payer les dettes des paysans qui peinent à aller en campagne agricole à cause de mauvais aménagements, de dettes dues aux banques de la place , factures impayées à la senelec, des moissonneuses batteuses octroyées aux paysans , mais sans jamais arrivées à leurs destinataires .Et, C’est d’ailleurs le sentiment de ces milliers de jeunes ,qui réclament au-delà de l’emploi, une université technique, scientifique et agricole pour le développement de leur terroir et la réalisation d’infrastructures de désenclavement dans le diéri ,afin de conserver surtout les milliers de litres de lait déversés chaque année dans les villages de Namarel, Gaykaada ,Karawoyndou , Biddi, Yawaldé Yirlaabé, faute d’unités de transformation et de conservation .
Dans son adresse à la Nation , on se le rappelle en date du 08 mars dernier, le président de la République avait invité ses compatriotes à éviter la logique de la confrontation. C’est une bonne chose . Il avait également annoncé ,qu’il engagerait dans les meilleurs délais, une réorientation des allocations budgétaires pour améliorer de façon substantielle et urgente les réponses aux besoins des jeunes en termes de formation, d’emploi, de financement de projets et de soutien à l’entreprenariat et au secteur informel . C’est aussi une excellente autre chose. Je vous ai entendu et compris , avait lancé Macky Sall aux jeunes, partageant par la même occasion , l’analyse qui veuille que les événements de mars 2021, sont aussi une traduction du désespoir de la frange la plus importante de la population. Le discours du président de la République avait eu l’heur, entre autres actions de décrispation, de baisser la tension. Le Président avait trouvé là , des ressorts nécessaires pour amortir et amoindrir les risques d’une incompréhension tant redoutée. Monsieur le Président ,vous auriez dû continuer dans cette dynamique car, notre pays ne peut se développer dans une éternelle ambiance de confrontation aujourd’hui ponctuée par des discours de haine. Il est temps d’agir en tant que première institution de ce pays .Combien de fois le patriarche, l’ancien Président de la république Abdoulaye WADE a eu à participer avec Abdou Diouf dans un gouvernement d’union nationale. Pourquoi ne ferais tu pas la même chose avec Sonko ? Mamadou Lamine Diallo, ce grand économiste africain qui peut vous apporter beaucoup ? Avec tant d’autres intellectuels que regorge ce beau pays ? Monsieur le Président , En opérant des mesures d’urgence pour booster l’emploi des jeunes, vous réaffirmez votre engagement à la cause de cette frange de la société. Mais, il faut aller plus loin en vous concentrant mieux sur les Priorités de l’heure, dont la question de l’emploi des jeunes, n’en constitue qu’une composante fut-elle essentielle. Dans ces temps troubles dans la vie de notre jeune nation, d’autres mesures hardies à mi – chemin du deuxième et dernier mandat sont attendues du Président Sall.
Sonner le temps de l’action et laisser une belle empreinte pour la postérité. Car aujourd’hui se sont les institutions internationales qui ont besoin de vous. Après la présidence, y’a bien une autre vie
Il n’est encore jamais trop tard de tendre la main à tout le monde .Et laisser tous les citoyens, libres à eux, de se présenter à cette élection présidentielle .Tout d’abord, il faut calmer les esprits car, le Sénégal a grandement besoin de sérénité pour relever les nombreux défis qui l’assaillent. Le Président Sall devrait faire arrêter tous ces dérapes dangereux et suicidaires pour la cohésion sociale. Notre pays ne doit plus jamais donner l’image d’une vitrine craquelée de la stabilité. Puis, redonner à la justice ses lettres de noblesse parce que depuis quelques années, la distribution de celle -ci donne l’impression d’être un bras armé contre les adversaires du pouvoir politique et d’organiser l’impunité de ses protégés. Ensuite, l’État devra s’engager définitivement pour le respect strict du calendrier électoral, de l’intégrité électorale et de la neutralité dans la compétition entre acteurs politiques.
Enfin, au-delà du gigantesque chantier de la création d’emplois durables pour la jeunesse, il y a nécessité impérieuse d’engager d’autres révolutions bâties autour d’une paix durable intérieure. Il s’agit, entre autres de la révolution verte pour une agriculture moderne, la valorisation de l’artisanat, la relance du tourisme, la renaissance de la pêche, l’optimisation de l’élevage, et de la révolution numérique au service de la santé et de l’éducation .Il est aujourd’hui anormal , absurde voire même élémentaire que dans pays qui a connu autant d’alternances , qu’à un an des élections , que l’on ne puisse savoir ses principaux candidats ?Autant de défis qui laissent peu place aux conjectures.