Ils sont actuellement au nombre de 113 personnes qui croupissent en prison. Dans ce lot, ne figurent principalement que des militants et sympathisants de Pastef les patriotes, parti dirigé par le principal opposant de Macky Sall, Ousmane Sonko. Pendant ce temps l'enquête sur la gestion des fonds de la Covid-19 semble être au ralenti". Donnant ainsi, l'impression d'une « justice à deux vitesses » qui épargnerait les criminels à col blanc du côté du pouvoir tout en étant impitoyable à l'égard des opposants qui exercent un droit constitutionnel: manifester.
La traque des militants du parti de Ousmane Sonko sur les réseaux sociaux et sur le terrain politique se poursuit. Selon un décompte publié par l’activiste Guy Marius Sagna sur sa page Facebook « 113 personnes » sont dans les liens de détention. La liste des détenus est répartie comme suit: 69 à Diourbel, 41 à Rebeuss, 01 au camp pénal et 02 au commissariat central. Et ces mandats de dépôts décernés à tout bout de champ, à en croire le député, sont destinés à ceux qui sont déterminés à combattre la 3éme candidature de Macky Sall.
Pour les 69 personnes arrêtées vendredi dernier à Mbacké lors et après les affrontements nés de l’interdiction du méga meeting de Pastef dans cette localité, leur dossier se corse. Le procureur de Diourbel a en effet, annoncé, mardi 14 févier, dans un communiqué, l’ouverture d’une information judiciaire.
Le représentant du Ministère public vise une litanie d’infractions à l’encontre de ses manifestants : « Participation à un rassemblement et à des actions diverses; dégradations de biens; dommage à la propriété mobilière et immobilière d’autrui; instigation pour participer à un rassemblement et à des actions diverses ayant causé des dommages aux biens ou à des personnes; manœuvres et actes de nature à compromettre la sécurité publique ou à occasionner des troubles politiques graves, ou simplement à enfreindre les lois ».
A la date du 10 février, « 27 patriotes » (dont un mineur) étaient réparties dans les cellules des commissariats et brigades.
A Dakar, quinze autres membres de Pastef ont été arrêtés le 2 février, lorsqu’ils tentaient de rallier la maison de leur leader à la Cité Keur Gorgui, alors qu'il était convoqué en audience au tribunal suite à une plainte pour diffamation, dans l’affaire PRODAC, du ministre du Tourisme, Mame Mbaye Niang .
Quelques jours après, neuf (9) militants de Ousmane Sonko, ont été interpellés à Diourbel pendant qu’ils sensibilisaient les jeunes à l'inscription sur les listes électorales. D’ailleurs ils ont été condamnés à 6 mois avec sursis.
Les arrestations continuent. Mercredi 8 février, l’activiste patriote Hannibal Djim a été cueilli chez lui par les éléments de la Sûreté urbaine, en exécution de la délégation du juge du Deuxième cabinet dans le cadre de l’instruction de l’affaire «Forces spéciales». Il sera placé sous mandat de dépôt au même moment que son camarade Daouda KALOGA.
Sans oublier que le rappeur et activiste Mor Talla Guèye et le coordonnateur du Nemeku Tour au sein de Pastef, Fadilou Keita sont aussi en prison. Le premier nommé a été interpellé après un live. Il est poursuivi pour appel à « l’insurrection, outrage à magistrats, appel à la violence, appel à la désobéissance aux institutions, menaces de mort à l’encontre des autorités judiciaires, injures publiques ». Le deuxième nommé est poursuivi des délits de « diffusion de fausses nouvelles conformément aux articles 80 et 255 ».
Des "arrestations arbitraires" notées que dans les rangs de l'opposition
Des arrestations qualifiées « arbitraires » dénoncées par les organisations de défense des droits humains. Certaines personnes ont par ailleurs été arrêtées durant la manifestation du 17 juin 2022 à Dakar dont des figures et leaders de la coalition Yewwi Askan Wi, mais aussi des dizaines de manifestants. C’est le cas de Mame Diarra Fam et de Dethié Fall, députés, et d’Ahmed Aidara, maire de la commune de Guédiawaye. Ce dernier a été jugé et condamné pour « participation à un attroupement non armé », à une peine d’un mois de prison avec sursis et à une amende de 50.000 FCFA, le 27 juin. Dethié Fall avait été arrêté devant le siège de son parti sur la voie de dégagement nord (VDN) à Dakar, alors que Mame Diarra Fam a été arrêtée devant la maison du maire de Dakar Barthélémy Dias.
Déthié Fall a été condamné à une peine de six mois avec sursis pour participation à une manifestation non-autorisée alors que Mame Diarra Fam et 82 autres prévenus ont été acquittés pour les mêmes charges. Ces personnalités ont été arrêtées "arbitrairement" pour avoir participé ou pour avoir appelé à la participation à ces manifestations.
Le 18 juin, Guy-Marius Sagna, candidat à la députation pour le département de Ziguinchor a également été arrêté alors qu’il rendait visite à 33 manifestants détenus à la gendarmerie de Ziguinchor pour « participation à une manifestation non-autorisée ».
Samira Daoud, Directrice régionale d'Amnesty International pour l'Afrique de l'Ouest et du Centre a dénoncé une entrave de la liberté de réunion pacifique. « Les décisions administratives abusives, telles que des interdictions de manifester générales, non limitées dans le temps ou non justifiées par un but légitime, entravent la jouissance de la liberté de réunion pacifique ».
Et pourtant du coté du pouvoir, Ameth Suzanne Camara, ancien président du Réseau des enseignants de l'APR, a dans une vidéo publiée sur les Réseaux sociaux, appelé à tuer un opposant sans être inquiété. « Tant qu’Ousmane Sonko vivra, il n’y aura pas de paix au Sénégal, il doit être exécuté, parce que c’est un adepte de la violence. Il doit être tué », avait t-il soutenu.
Le bureau politique de Pastef les patriotes s'est plaint à qui de droit
Las de cette "persécution permanente" depuis le 16 septembre 2018, le bureau du parti politique de Pastef les patriotes s'est plaint auprès des défenseurs des droits humains, des "violences et violations graves des droits" dont seraient victimes leur leader Ousmane Sonko et ses militants.
Dans une lettre adressée à la société civile, le parti de Ousmane Sonko se dit également victime d'une "campagne de diffamation et de diabolisation, de menaces de mort, une tentative soutenue d'intimidation et de harcèlement moral... La liste est longue !
Pendant ce temps, l'enquête sur le rapport de la Cour des comptes sur la gestion des fonds force Covid-19 est au ralenti
Face à la clameur publique de donner une suite judiciaire au rapport définit de la Cour des comptes sur la gestion du fonds Force Covid 19, le Procureur a réagi, sur, instruction du ministre de la Justice. Dans une note rendue publique le 6 février dernier, le Procureur avait annoncé la saisine des agents de la Division des investigations criminelles pour des enquêtes préliminaires, portant le rapport de la Cour de compte sur la gestion des fonds de la Covid-19.
" (…) j'ai demandé aux unités de la police judiciaire de la Division des Investigations Criminelles (DIC), dans le respect des principes directeurs de la procédure pénale et les droits des mis en cause d'ouvrir, conformément aux dispositions des articles 67 et suivants du CPP, des enquêtes préliminaires aux fins de constater la matérialité des faits dénoncés, d'en rassembler les preuves, d'élucider les circonstances qui ont entouré les actes sus évoqués et d'identifier" a indiqué le Ministère public dans un communiqué.
Le Procureur est allé même jusqu’à promettre que ces enquêtes se feront avec « rigueur ». « Ces enquêtes au regard de la gravité des faits dénoncés et de la nature du fonds en question devront être débutées sans délai, conduites avec célérité ainsi qu'une grande rigueur aussi bien professionnelle que procédurale », a-t-il indiqué.
Voilà une semaine après la saisine de la DIC, rien n‘est encore fait. Alors qu’il y a une « empressement » notoire comme l’on peut nommer dans les dossiers apparentés aux membres, militants ou sympathisants de l’opposition.
L'enquête sur les morts des manifestations de mars 2021 jamais ouverte
Le 23 juin 2022 dans son format « Gouvernement face à la presse », le porte-parole du Gouvernement d'alors Oumar Gueye a été interpellé sur la commission d’enquête « indépendante et impartiale » qu’il avait lui même annoncée après les manifestations qui ont mis le pays sens dessus dessous, en mars 2021 avec un lot de 13 morts.
Bientôt deux ans après cette promesse, toujours aucune commission d’enquête n’a été montée. A moins qu’elle ne soit fictive.