Avec son credo « enracinement et ouverture », Léopold Sédar Senghor a profondément marqué l’histoire intellectuelle et culturelle du XXe siècle. Président du Sénégal de 1960 à 1980, il a ancré les arts et la culture au cœur de son action politique. Négritude, francophonie, diplomatie culturelle… son héritage continue à susciter de l’admiration et des débats. Entretien avec Mamadou Diouf, historien sénégalais et co-commissaire de l'exposition au musée du Quai Branly.
RFI : Vous êtes professeur de l’histoire et des études africaines à l’université de Columbia, à New York, et co-commissaire de Senghor et les arts. La réinvention de l’universel au musée du Quai Branly à Paris. Ce lien viscéral entre Senghor et les arts a été maintes fois abordé. Quelle est la découverte la plus importante à faire dans votre exposition ?
Mamadou Diouf : Nous apportons deux choses : d’une part, placer Senghor dans son temps. Identifier les grandes questions qui l’ont préoccupé, lui, ses amis et les Africains de la diaspora africaine, autour de la réhabilitation de l’Afrique, autour de la recomposition d’une histoire de l’Afrique dans le monde. D’autre part, voir comment ces grandes questions qui ont préoccupé Senghor et les animateurs de la négritude et du panafricanisme, comment ces questions-là sont devenues aujourd’hui des questions importantes. Cette exposition s’adresse aussi à l’actualité de Senghor.