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Les acteurs dans l’expectative !
Publié le samedi 4 fevrier 2023  |  Enquête Plus
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© Autre presse par DR
Un accident meurtrier a fait une quarantaine de morts à Kaffrine
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Face aux mesures annoncées en grande pompe avant-hier par le gouvernement pour lutter contre les accidents, les Sénégalais craignent plus des effets d’annonce que des annonces suivies d’effets.

Comme à son habitude, le gouvernement a réagi à la suite du drame de Sikilo, dans le département de Kaffrine. Une vingtaine de mesures ont été annoncées par l’équipe du Premier ministre Amadou Ba, à la suite du Conseil interministériel tenu le lundi 9 janvier. Mais le moins que l’on puisse dire, c’est que beaucoup de Sénégalais restent très pessimistes par rapport à leur mise en œuvre effective.

Parmi les mesures qui suscitent le plus d’inquiétudes, il y a : l’interdiction des importations de pneus usagés, la durée limite d’exploitation des véhicules de transport de passagers ou de marchandises ; l’interdiction et le démantèlement des porte-bagages dans les transports de personnes, l’âge minimum requis pour un permis de conduire de transport urbain et interurbain…

Pour rappel, certaines de ces mesures avaient déjà été annoncées en 2017, dans les mêmes circonstances, suite à un accident qui avait couté la vie à une quinzaine de personnes. Mais, elles n’ont jamais été suivies d’effets. Parmi ces mesures, il y a l’âge minimum requis pour l’obtention d’un permis de conduire de transport en commun. Aujourd’hui, la même mesure a été réitérée par le gouvernement du président Sall.

L’inquiétude des vendeurs de pneus

Vendeur de pneus, Bacar Ndiaye, lui, s’inquiète surtout de la volonté du gouvernement d’interdire les importations de véhicules d’occasion. Pour lui, c’est une fausse solution à un véritable problème. ‘’C’est vrai que les défaillances sur les pneus sont à l’origine de beaucoup d’accidents. Mais, à mon avis, ce qui est à l’origine de ces défaillances, c’est moins la durée des pneus que les poids qu’ils supportent. Tout le monde peut constater les surcharges énormes sur les bus qui assurent le transport interurbain, en particulier les ‘horaires’. Voilà ce qui provoque l’éclatement des pneus ; ce n’est pas toujours leur caractère usager’’, plaide-t-il, non sans mettre en garde contre les effets néfastes d’une mise en œuvre de cette mesure.

En fait, il faut savoir que là où le pneu d’occasion peut couter entre 25 000 et 35 000 F CFA, le prix du neuf tourne autour de 100 000 F CFA minimum. ‘’Si vous devez en changer quatre, c’est 400 000 F CFA. Quels sont les conducteurs qui vont dégager de telles sommes pour être en règle ? Cela risque de produire des effets pervers. Ceux-là qui changeaient régulièrement leurs pneus usés par précaution risquent de rouler pendant plus longtemps avec de vieux pneus, du fait de ce coût. Pour moi, ce n’est vraiment pas une solution’’, insiste M. Ndiaye.

‘’Le problème, répète-t-il, est à chercher surtout dans le poids que l’on fait supporter aux véhicules. Ce n’est pas le pneu. Il faut contrôler les surcharges des véhicules qui sont dans l’interurbain’’.

Au-delà des surcharges, le vendeur regrette également le fait que certains conducteurs n’ont pas pour habitude de changer de pneus. Selon lui, un pneu, au bout d’une certaine période, il faut le contrôler. Quand il commence à perdre ses dents, il faut le changer ; il ne faut pas attendre que le pneu soit complètement usé. Auquel cas, le véhicule peut avoir même des problèmes de freinage.

Dans le même sillage, il explique : ‘’Ce qu’il faut savoir, c’est aussi que vous pouvez trouver sur le marché des pneus d’occasion qui peuvent être de meilleure qualité que certains pneus neufs. Nous, nous veillons à la qualité des pneus que nous mettons sur le marché. En Europe, il y a des gens qui prennent une voiture et moins d’un an après, ils ont un accident. Les véhicules sont mis en pièces détachées et les pneus remis sur le marché. Juste pour dire qu’il y a des pneus que l’on appelle d’occasion, mais qui sont presque neufs.’’

Embouchant la même trompette, Abdou Ndao Aftu qui se dit favorable aux mesures qui ont été prises par le gouvernement, semble tout de même d’accord avec M. Ndiaye, en ce qui concerne les causes d’éclatement des pneus. ‘’Par exemple, souligne-t-il, dans nos bus, la charge autorisée est de 29 places assises, pour 15 debout. Et ça, c’est quand ils étaient neufs. Aujourd’hui, non seulement les bus ont vieilli, mais ils prennent parfois jusqu’à 30 places debout. Cela peut être à l’origine de l’éclatement des pneus’’.

Durée d’exploitation des bus

En ce qui concerne la durée d’exploitation des bus que le gouvernement veut ramener à 10 ans maximum pour les véhicules de transport de passagers, 15 ans pour le transport de marchandises, il faut noter que si cela fait l’objet d’une mise en œuvre, beaucoup de véhicules seront retirés de la circulation.

A l’Association de financement des professionnels du transport urbain (Aftu), il y a des bus qui roulent depuis 2005, alors que la durée de leur garantie est arrivée à terme depuis 2015. ‘’Ce sont les bus ‘y en a marre’ ; les plus courts. Ils devaient être retirés de la circulation, mais les transporteurs ont demandé leur maintien, parce qu’ils sont de meilleure qualité. En revanche, pour les King Long, les gens sont en train de les retourner progressivement, parce qu’ils sont moins résistants’’, indique celui qui travaille à l’Aftu depuis 2005.

Au-delà des bus Aftu plus ou moins formalisés, le problème principal c’est : que va faire le gouvernement qui est dans l’urgence avec certains véhicules comme les ‘’7 places’’ qui sont dans le transport interurbain, les ‘’Ndiaga Ndiaye’’ et autres ‘cars rapides’’ ? Le gouvernement aura-t-il suffisamment de courage pour faire face aux lobbys syndicalistes et religieux dans le milieu des transports ?

Le scepticisme l’emporte auprès de nombreux Sénégalais.

En attendant, les travailleurs, eux, appellent de tous leurs vœux la mise en œuvre des dispositions relatives notamment à l’application de la législation du travail. Abdou Ndao : ‘’À l’Aftu, il n’y a jamais eu de contrats entre les opérateurs et les travailleurs. Les gens travaillent de 5 h à 23 h. Les transporteurs n’ont rien respecté de leur cahier des charges. On les laisse faire ce qu’ils veulent. Si tu es malade, tu perds ; si tu meurs, tu perds et si tu fais une infraction, on te renvoie de plein droit…’’

En sus de ces mesures, beaucoup s’interrogent sur l’applicabilité des mesures relatives au démantèlement des porte-bagages. Il faudra, là aussi, attendre de voir pour croire, d’après plusieurs observateurs.

MOR AMAR

Section: social
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