Le partage de l’eau est source de conflit dans plusieurs parties du globe et surtout dans le continent africain. La preuve, le Nil suscite toutes les inquiétudes sur la côte orientale de l’Afrique. Pourtant l’accès à cette ressource doit être le socle de raffermissement des relations entre les Etats.
Le management de la ressource en eau reste un défi pour le continent africain ou trois cents millions de personnes n’ont pas encore accès à l’eau potable. Par conséquent, le moment est venu pour l’Afrique de redéfinir des stratégies pour accélérer la cadence après 2015. « C’est l’occasion de statuer sur nos performances, de les évaluer, de ressortir les difficultés rencontrées à la mise en œuvre de nos politiques publiques pour l’atteinte des Omd et d’en tirer toutes les leçons pour de meilleurs résultats dans la mise en œuvre de l’Agenda post- 2015 », a souligné le Premier ministre Aminata Touré, lors de l’ouverture de la cinquième Semaine africaine de l’eau organisée par le Comité exécutif et le Conseil des ministres africains de l’eau (Amcow).
Pour Mme Touré, le partage de cette ressource doit contribuer à la préservation de la stabilité entre les pays. Dans cette perspective, il est impérieux d’asseoir une gestion équitable pour son usage à long terme. « Ce bien commun doit être un facteur de paix, d’union, d’intégration et de coopération économique entre nos Etats », a laissé entendre le Premier ministre du Sénégal. Pour le chef du gouvernent, le moment est venu pour les pays d’élaborer une politique plus efficace tournée vers une exploitation judicieuse de ce bien de la nature qui se raréfie. « Cette cinquième Semaine africaine de l’eau offre une opportunité pour discuter de l’amélioration et de la performance de nos différents organismes de gestion des bassins transfrontaliers afin de tirer un meilleur profit économique de cette ressource », ajoute le chef du gouvernement.
La présidente de l’Amcow, Hon Sarah Reng Ochekpe, a évoqué la centralité de cette ressource avant de soulever quelques paradoxes par rapport à son mésusage. L’eau, dit-elle, est vitale pour garantir la sécurité alimentaire et l’énergie. Son développement et sa gestion efficace et efficiente est un instrument pour atténuer les impacts prévus du changement climatique, a-t-elle ajouté.
Des actions concertées
Le Haut-commissaire de l’Organisation pour la mise en valeur du fleuve Sénégal (Omvs), Kabiné Komara, a rappelé la place centrale de ce bien de la nature dans la structuration des activités socio-économiques des pays. Pour ce dernier, la préservation de cette ressource appelle des actions concertées. « L’eau est à la fois la base pour l’agriculture, la santé et l’énergie. C’est pourquoi il faut se donner la main pour faire une gestion partagée. D’où l’intérêt de la Semaine de l’eau qui doit mettre l’accent sur la préservation de la ressource ; mais surtout sur la définition de nouveaux modes d’action de façon à faire en sorte que cette gestion soit durable », estime Kabiné Komara.
L’appel à une gestion concertée intervient dans un contexte de toutes les inquiétudes exacerbées par des perturbations climatiques. En réalité, plusieurs scénarii prédisent une raréfaction de ce bien commun suite à une augmentation de l’évaporation, elle-même liée à une hausse des températures. « Il ne faut pas baisser les bras jusqu’à ce que ce produit devienne de plus en plus rare avec les changements climatiques. Les besoins deviennent conflictuels avec l’augmentation de la population, avec le développement industriel, l’augmentation des superficies cultivables et sa mobilisation pour la production de l’énergie. Longtemps considérée comme une denrée gratuite dans beaucoup de pays ; l’eau ne peut plus être gratuite », défend le Haut-commissaire de l’Omvs.
En tout état de cause, l’Afrique est condamnée à se projeter dans l’avenir pour apporter des réponses plus ambitieuses à la problématique de l’accès à l’eau potable. Surtout que plus de la moitié des pays d’Afrique ne seront pas au rendez-vous de 2015. « C’est aujourd’hui l’occasion pour le continent de jeter un regard critique dans le rétroviseur afin de faire le point des engagements pris depuis 2000 aux niveaux international et national. Nous devons poursuivre cette dynamique enclenchée et travailler de manière commune à adopter un programme beaucoup plus ciblé pour le secteur », recommande le secrétaire exécutif de l’Agence intergouvernementale panafricaine pour l’eau et l’assainissement en Afrique (Eaa), Idrissa Doucouré.
Idrissa Doucouré, secrétaire exécutif d’Eaa : « L’Afrique est prête à acquérir des technologies innovantes »
Le secrétaire exécutif de l’Agence intergouvernementale panafricaine pour l’eau et l’assainissement pour l’Afrique (Eaa), Idrissa Doucouré, a soutenu que plus de 300 millions d’Africains n’ont pas accès à l’eau potable, alors que 500 millions n’ont pas d’infrastructures de base pour l’assainissement. Pour ce dernier, ces contraintes peuvent être surmontées si d’une part cette ressource est placée au cœur de l’agenda post-2015 et d’autre part de l’introduction des technologies prenant en compte nos réalités socioculturelles. « Les enseignements tirés au cours des années précédentes confirment qu’il est impératif que ces défis soient posés dès maintenant si nous voulons réaliser les objectifs qui seront fixés pour l’Agenda post-2015. L’Afrique est prête et dispose des ressources humaines compétentes pour acquérir les technologies innovantes et accélérer la cadence », a soutenu le secrétaire exécutif de l’Eaa.